Une légende locale du village de pêcheurs de Coldhaven laisse entendre qu'une nuit d'hiver, il y a très longtemps, alors que la neige venait de tomber, le diable avait traversé le village en laissant la trace de ses pas dans les rues et sur les toits.
Cette légende est peut-être à l'origine d'un terrible fait divers : une femme battue, Moira, pense que son mari violent est le diable en personne, et que leurs enfants portent en eux le germe du démon. Pourquoi Moira tuera-t-elle ses deux fils avant de se donner la mort, en épargnant sa fille Hazel ?
Michael, ancien petit ami de Moira, se demande si Hazel, jeune fille de 14 ans, n'aurait pas été épargnée dans la mesure où elle n'était peut-être pas la fille biologique du mari mais – qui sait – sa propre fille.
Michael a toujours vécu à Coldhaven, mais il s'y est toujours senti étranger et à part. Il habite la maison de ses parents aujourd'hui décédés, maison qui se situe à l'écart du village, à l'image de Michael qui se sent toujours en marge du monde, du village, des gens, de son épouse.
Il devient petit à petit obsédé et fasciné par la jeune Hazel et décide dans un premier temps de la suivre dans les rues, à la sortie de l'école, sans se faire remarquer. Michael ignore encore qu'il a mis les pieds dans un terrible engrenage qui le conduira à affronter ses propres démons et ceux de ses parents, qui n'avaient qu'un seul défaut, celui d'être venus d'ailleurs et qui étaient demeurés à tout jamais étrangers du village.
Vous l'aurez compris, ce récit a des allures de conte initiatique et un style à nul autre pareil que lui confère la plume singulière de John Burnside.
Citation:
Pendant un instant, je fus perdu ; pendant un instant, je fis ce que j'avais toujours voulu faire : je ne pensai à rien. J'appelle cela de la panique, aujourd'hui chez moi, dans la sécurité de mon fauteuil, mais la panique n'est qu'un mot, or il s'agissait de tout autre chose. C'était l'abandon total. C'était le doigt d'un dieu raclant l'intérieur de mon crâne.