Le passage de la nuit de Haruki Murakami (20/4/06)
Broché: 229 pages Editeur : Belfond (4 janvier 2007)
ISBN-10: 2714442145 ISBN-13: 978-2714442147
Présentation de l'éditeur
Pour une nuit, Haruki Murakami nous entraîne dans un Tokyo sombre, onirique, hypnotique. Un éblouissant roman d'atmosphère à la poésie singulière, aux frontières de la réalité et du fantasme, où chaque détail, rétrospectivement, fait sens.
Dans un bar, Mari est plongée dans un livre. Elle boit du thé, fume cigarette sur cigarette. Un musicien surgit, qui la reconnaît. Au même moment, dans une chambre, Eri, la sSur de Mari, dort à poings fermés. Elle ne sait pas que quelqu'un l'observe.
Autour des deux sSurs vont défiler des personnages insolites : une prostituée blessée, une gérante d'hôtel vengeresse, un informaticien désabusé, une femme de chambre en fuite. Des événements bizarres vont survenir : une télévision qui se met brusquement en marche, un miroir qui garde les reflets.
À Tokyo, le temps d'une nuit, va se nouer un drame étrange…
Biographie de l’auteur
Né à Kyoto en 1949 et élevé à Kobe, Haruki Murakami a étudié le théâtre et le cinéma à l'université Waseda, puis a dirigé un club de jazz, avant d'enseigner dans diverses universités aux États-Unis. En 1995, suite au tremblement de terre de Kobe, il décide de rentrer au Japon. Son premier livre, Écoute le chant du vent (1979, non traduit), lui a valu le prix Gunzo. Suivront, notamment, Chroniques de l'oiseau à ressort (Le Seuil, 2001), Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil (Belfond, 2002 ; 10/18, 2003), Après le tremblement de terre (10/18, 2002), Les Amants du Spoutnik (Belfond, 2003 ; 10/18, 2004), Kafka sur le rivage (Belfond, 2006) et La Ballade de l'impossible (Belfond, 2007).
Mon commentaire :
A Tokyo, une nuit entière à rester éveillée, à vivre, devient gageure pour une étudiante de dix neuf ans, besogneuse comme Mari, studieuse dans son quotidien ordinaire, une nuit longue et distendue.
C’est pourtant, trop peu de temps pour effacer de sa conscience ce qu’elle pense être, à savoir, quelconque, grise ; trop peu de temps pour apprécier les diverses rencontres nocturnes.
Takahashi, l’homme vapeur, furtif, habitué des ambiances tardives sera le catalyseur de cet événement entre parenthèses.
Mari vit dans l’ombre de sa sœur, la belle, la lumineuse Eri.
La philosophie de la nuit est portée par la gérante du love-hotel avec les filles qui attendent.
Tout ce petit monde, parle, parle et reparle encore et raconte des histoires à ne plus finir, des histoires à dormir debout, des histoires tristes à mourir, des histoires que seule, Mari, peut absorber, telle l’éponge proche de petite mère profonde.
Confier son mal être devient ridicule face à la misère des vies rencontrées. Est elle à plaindre finalement devant tant d’injustice, d’insécurité ? Les relations tendues avec sa sœur Eri sont elles importantes ?
Les questions ainsi posées, Haruki donne à chaque personnage son temps de parole, de doute-réflexion et de projet pour mieux s’en sortir. Eri dort, alors Mari veut vivre intensément, rester éveillée jusqu’au petit jour, en s’ouvrant pour la première fois au monde extérieur. Une fleur qui nait à l'aube, c'est l'appel de l'amour qui sourit dans les yeux de ceux qui se rencontrent.
Haruki Murakami est un cinéaste de talent, aussi bien dans l’écriture du scénario, la prise de vue, la bande son, ou dans le montage en post-production, jusqu’à l’étalonnage méticuleux donnant à l’ambiance des lieux, les couleurs criardes stimulées par les néons, les vides soulignées d'ombres noires.
Le tout agrémenté de musique jazzique langoureuse pour mieux approfondir le clair-obscur de l’atmosphère hivernale.
Haruki Murakami taille sur mesure les dialogues bercés d’insignifiances, comme ceux ennuyeux échangés dans le bureau des banalyses (voir Yves Elias
http://www.youtube.com/watch?v=OucM7xUgqNA),
Haruki Murakami raccommode les propos des uns avec la confidentialité de l’entre-deux-monde.
Haruki Murakami rapièce les cœurs par une couture sur fil de trame bordé de somnolence murmurée.
Haruki Murakami écrit ? Sa superficialité traduit le passage des ombres dans leur plus simple appareil.(bertrand-môgendre)