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Le livre se compose de deux écrits parallèles.
Le premier, « Portrait d'un homme invisible », est une méditation sur la disparition du père, écrite quelques semaines après sa mort.

Citation:

« Un jour il y a la vie. Voici un homme en parfaite santé, pas vieux, jamais malade. Tout va pour lui comme il en fut toujours, comme il en ira toujours. Il vit au quotidien, s’occupe de ses affaires et ne rêve qu’aux réalités qui se présentent à lui. Et puis, d’un seul coup, la mort. Notre homme laisse échapper un petit soupir, s’affaisse dans son fauteuil, et c’est la mort … »

Qu’est-ce qui s'insinue dans les pensées de celui qui vient de perdre un parent ? Que représente ce mélange de sensations, riches de souvenirs doux et amers, qui maintiennent en vie un père à peine perdu ?

Citation:

« J’ai appris qu’il n’est rien de plus terrible que la confrontation avec les objets personnels d'un mort. Les choses sont inertes. Elles n’ont de signification qu’en fonction de celui qui les utilise. "

écrit Auster, lors du passage en revue des papiers et des objets du père.
Et encore, c’est le poids de la douleur variable et modulable de la pensée objective qui, dans les jours du deuil, semble fuir loin de celui qui reste à pleurer ses morts ?
Le second, « Le livre de la mémoire », est construit en faisant recours à une mosaïque d'images, de coïncidences et d'associations.
L'auteur déplace son attention de son identité de fils à celle de père : il réfléchit sur la condition solitaire de l'écrivain et essaie d’imaginer ce que sera fatalement la séparation du fils qui grandit.
Délicate, d’ailleurs, l'image que l'auteur offre de son fils :

Citation:

« Il n'est pas de loi naturelle qui ne puisse être enfreinte : les camions volent, un bloc devient un personnage, les morts ressuscitent à volonté. L’esprit enfantin navigue sans hésitation d'une chose à une autre. Regarde, dit-il, mon brocoli est un arbre. Regarde, mes pommes de terre sont des nuages. Regarde le nuage, c’est un bonhomme. Ou bien, au contact des aliments sur sa langue, levant les yeux, avec un éclair malicieux : « Tu sais comment Pinocchio et son père ont échappé au requin ? ».
Une pause, pour laisser descendre la question. Puis, chuchoté : « Ils ont marché doucement tout le long de sa langue sur la pointe des pieds ».

Cette seconde partie est un peu compliquée et plus difficile à lire.
Bref, une lecture en dents de scie qui en vaut la peine même si on ne se contente que de la première partie.