Louise est quittée par Adrien (vague parentée avec le Deume de Cohen, si assoiffé de relations avec le peuple des Importants) et peine à refaire surface. Par flash-backs, elle parcourt ce qui l'a menée à la dépression, aux dépendances, à la névrose jusqu'au détachement, antichambre de la reconstruction du bonheur.
Dans le genre fausse vraie autobiographie, voici un roman très people, car une simple recherche ("voyons quel mannequin dans l'entourage de Justine Lévy peut avoir été Paula?") a fait sauter tous les pseudonymes transparents du récit.
Je n'ai rien contre les introspections, sans doute plus à leur place dans un cabinet de psy que sous des yeux pas toujours innocents ni bienveillants des lecteurs ; c'est à la mode, au demeurant, et j'en ai lu beaucoup.
Là, où j'ai éprouvé un grand malaise, c'est en découvrant que l'auteur ne se contente pas de s'analyser elle-même pour nous : elle analyse également son entourage, très probablement pas consentant, pas seulement pour nous, mais aussi pour régler ses comptes avec eux (les pronoms explicitent le face-à-face)... même si c'est certainement bien vu, et pas volé.
A part ça, c'est bien écrit, si brouillon qu'une virgule involontairement oubliée n'a pas été ajoutée, avec des ruptures narratives fréquentes, violentes, parfaites, des formules originales et parfois hilarantes, avec une vraie progression dans l'état d'esprit du fond, puisque le Pablo décoratif du début finit par mettre de vraies couleurs dans la vie de Louise à la fin. Celle-ci, par ailleurs, ne se fait aucun cadeau, ne se pare d'aucun éclairage atténuant et sa confession, sans excessive contrition, offre un camaieu de sentiments et de relations qui sonne juste.
Je préfère oublier le fond (et le devant) de vérité et n'y penser plus que comme à un roman pour pouvoir en saluer la maîtrise sans mauvaise conscience.
|