Dans un compartiment-lit, on trouve une des six occupant·e·s du train, Georgette Thomas, morte étranglée. Le premier chapitre, "Comment ça commence", nous décrit les premiers éléments trouvés par les enquêteurs. Puis les chapitres suivants présentent les autres occupants du compartiment, en narration interne, un procédé dont Japrisot est coutumier et virtuose pour... brouiller les pistes plus que les éclaircir !
Dès le premier chapitre, dans les pas d'un certain Cabourg, occupant de la couchette 226, on croit qu'on tient le coupable... puis on regarde le titre : Compartiment tueurS. Et ce que j'affirmais plus haut est aussitôt confirmé et, évidemment, j'en suis ravie et d'autant plus accrochée !
Je voulais lire ce roman à raison d'un chapitre par jour, puis la stratégie m'a échappé : j'ai fini très vite le roman.
Je suis restée un peu sur ma fin car Japrisot qui coud habituellement des travestissements et peint des trompe-l’œil indiscutable a cédé, m'a-t-il semblé, à quelques facilités, comme sortir de son chapeau quelques scènes qu'on ignorait ou qu'il avait "savonnées" et faire ainsi avancer aux forceps l'enquête. D'autres indices, plus subtilement disséminés, en portent en revanche l'effet de compréhension rétrospectif bien agréable que j'ai toujours apprécié.
Citations :
* La susceptibilité des flics, ça devrait jouer avant de choisir leur métier, mais à l'âge de l'inspecteur, ça ne faisait pas sérieux.
* Grazzi murmura vaguement quelque chose à propos de simple et de simpliste, mais le patron dit teu, teu, teu, si tu connais une solution sans mobile, fais-le moi savoir, j'ai pas tellement d'instruction.
* Elle avait de longs cheveux décolorés qu'elle roulait en un lourd chignon sur la nuque, et quand elle se retourna pour leur montrer des fauteuils, son visage étroit, aux grands yeux sombres, était celui d'une femme de quarante-cinq ans qui se vieillit à vouloir paraître plus jeune et dont les fards abîment la peau.
|