Neuf nouvelles, autant de cris d’alerte destinés à encourager l’éveil d’une conscience écologique au sein de la jeune génération.
Pierre Bordage et Benoît Broyart ouvrent le feu en imaginant deux futurs possibles pour notre planète, pas plus reluisants l’un que l’autre. Dans « Césium 137 », un groupe d’hommes vit tapi sous terre, dans la terreur constante de démons invisibles qui règnent sous le nom de Césium 137 et Strontium 90. Benoît Broyart, lui, s’interroge dans « Bas les masques » : que deviendront les rapports humains, lorsque la pollution atmosphérique contraindra l’humanité à vivre constamment masquée ?
Les nouvelles suivantes s’attachent plutôt à éclairer certaines de nos pratiques actuelles, pour dénoncer ou suggérer quelques solutions. « Chasse aux gorilles », d’Elisabeth Combres, se penche sur les conflits que peut entraîner la création de réserves naturelles en Afrique, lorsqu’elle se fait au détriment d’une population locale déjà bien pauvre. Dans « Je suis la vigie et je crie », de Christian Grenier, un explorateur s’aventure dans le futur et en ramène un message adressé par un météorologue à ses ancêtres, càd nous : sera-t-il entendu ? Yann Mens, avec « Grumes », s’interroge sur la gestion du patrimoine forestier : dans une société dont tous les membres se perçoivent avant tout comme des consommateurs, qui reste-t-il pour lutter contre la surexploitation des forêts ?
Dans « Après moi, le déluge », Viviane Moore présente au lecteur le portrait d’un garçon étrange, écologiste exalté et engagé à tel point que son entourage s’inquiète. Cette nouvelle où la réalité flirte discrètement avec l’imaginaire, où l’idéal n’est pas offert sous un jour unique, pose l’intéressante question de la perception de l’activisme écologique par ceux qui ne se sentent pas concernés.
Retour à la science-fiction avec « Délivrance », de Jean-Paul Nozière, qui décrit, sur une Terre complétement asséchée, la marche d’un couple vers un paradis où l’eau coulerait à flots.
Mikaël Ollivier, dans « Longue vie à Monsieur Moustache », évoque le travail d’une scientifique qui espère avoir trouvé un remède à la leucémie, gràce à une plante trouvée en Amazonie. Seul problème à ses recherches : le peu de spécimens dont elle dispose… Enfin, « Noir destin pour plastique blanc », de Florence Thinard, évoque en quelques courtes scènes le parcours d’un sac de plastique, depuis sa formation sous forme de pétrole jusqu’à son destin fatal de déchet pollueur, en passant par quelques méfaits intermédiaires.
Ces nouvelles, même si toutes ne possèdent pas la même force littéraire et qu’une légère inégalité se fait sentir au niveau de la qualité du recueil, abordent des sujets essentiels, qu’il est urgent de prendre en considération. Précédé d’un poème d’Hubert Reeves qui dit la grandeur et la décadence de notre planète, clos par une présentation de la Ligue ROC et donc par la suggestion qu’il est possible à chacun de réagir pour contrer les dangers évoqués dans les nouvelles, ce recueil dresse un intéressant tableau de notre planète en souffrance, et de ce qu’elle pourrait bien devenir…
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