"Une maison de poupée", pièce de théâtre de l'auteur norvégien Henrik Ibsen, bénéficie d'un curriculum vitae impressionnant !
Elle est inscrite au registre international "Mémoire du monde de l'UNESCO", qui compte entre autres parmi sa collection le journal d'Anne Franck, la tapisserie de Bayeux, la déclaration des droits de l'homme, Le journal de bord du Endeavour (navire de l'explorateur James Cook), ou encore le registre des esclaves des Caraïbes britanniques...
Lors de sa sortie en 1879, cette pièce fit scandale en raison de la façon dont l'auteur y présente les relations entre époux et fustige les valeurs d'une société "d'hommes avec des lois écrites par les hommes", au sein de laquelle la femme ne peut pas être elle-même.
Alléchant, non ?
Et pourtant... je dois dire que je n'ai pas vraiment été emballée par cette lecture.
Certes, remise dans son contexte -une Europe de fin du XIXème où les liens du mariage et l'autorité maritale sont considérés comme sacrés-, cette œuvre force l'admiration par ses prises de position étonnamment modernes, et par le ton acerbe qu'utilise l'auteur pour donner encore plus de force à son propos.
J'ai eu en effet le sentiment que la nature parfois caricaturale de ses personnages et de ses dialogues suggéraient une ironie sous-jacente, destinée à mettre l'accent sur ce qu'il avait à cœur de démontrer : l'absurdité de codes et de valeurs qui relèguent la femme à une condition d'infériorité, la faisant passer pour une ravissante écervelée.
Seulement, j'ai aussi trouvé que cette manière de procéder était à double tranchant, dans la mesure où le texte a tendance à tourner à la démonstration, se parant même, à certains moments, d'un caractère schématique.
Le traitement de la psychologie des protagonistes, notamment en ce qui concerne Nora, l'héroïne, m'a paru trop rapide.
Le cheminement qui l'amène à prendre conscience de l'aliénation liée à son statut d'épouse docile et stupide, le désir d'indépendance qui en découle, auraient selon moi mérité d'être plus approfondis et décrits avec davantage de subtilité.
C'est sans doute pour cette raison que j'ai, en revanche, beaucoup aimé les dernières répliques, qui sonnent à mon humble avis plus juste, dans lesquelles Nora s'exprime enfin avec sincérité et conviction.
On pourrait dire finalement que je reproche à "Une maison de poupée" d'être trop court, et à ses personnages d'être trop... théâtraux !
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