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Mots-clés associés à cette oeuvre : 2000, amour, analphabetisation, communication, demeure, depression, difference, ecole, education, eleve, enseignement, fille, folio, france, handicap, idiot du village, ignorance, institutrice, lecture, litterature francaise, mere, parole, relations mere-fille, roman, savoir, simple, solitude, transmission
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[Les Demeurées | Jeanne Benameur] |
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[Les Demeurées | Jeanne Benameur] |
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Auteur |
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Message |
parsifal
Sexe:  Inscrit le: 16 Sep 2007 Messages: 457 Localisation: Belgique
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Posté: Jeu 01 Mai 2008 17:21
Sujet du message: [Les Demeurées | Jeanne Benameur]
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Les demeurées, c’est l’histoire de l’idiote du village, La Varienne et de sa fille, fruit d’un contact éphémère avec un ivrogne de passage. Aucune parole n’est échangée entre ces deux êtres d’infortune. Leur amour est tout simplement silencieux, bâti sur leur seule présence l’une à l’autre.
Leur vie recluse, solitaire, doit cependant prendre fin lorsque la petite Luce prend le chemin de l’école.
Citation: "Il a bien fallu. Tout le monde l'a dit: l'école, c'est obligatoire. La Varienne a baissé la tête.
Le jour de la première fois, elle a lissé un froissement qu'elle seule voyait sur son tablier bleu foncé, longuement. Elle n'a pas regardé Luce partir.
C'est brusquement, une fois la porte refermée, qu'elle s'est levée.
Elle a suivi sa petite, comme font les chiens dont on ne veut pas, de loin.
On a vu la Varienne s'arrêter sur la place du village, elle qui n'y vient jamais sans son panier. Les deux bras ballants, devant l'édifice qui lui avait dévoré sa petite, plantée devant la grande grille refermée, elle est restée.
Demeurée, c'est l'autre nom pour l'abrutie qu'elle est.
Demeurée, oui, demeurée, devant la grille close, longtemps, sous la bruine rousse de septembre...
...La petite n'est plus. La Varienne est une île.
Il arrive ce qu'elle ne connaît pas: l'absence.
Elle, elle ne sait pas se distraire, faire les tâches de chaque jour en rêvant, regarder parfois par la fenêtre, elle ne sait pas. Empaquetée dans l'étouffement de ce qu'elle ne peut pas nommer, elle est demeurée...".
Pour la petite Luce, la chance de s’ouvrir au monde l’attend et mademoiselle Solange, l’institutrice, est décidée à rompre l’ignorance, à faire jaillir les mots.
La mère et sa fille vivent cette intrusion de l’extérieur comme une menace. Ensemble, elles renforceront ce lien primal, instinctif qui les unit : un amour sécurisant, indéfectible, originel.
Les mots détonants et émouvants de Jeanne Benameur m’ont totalement transporté, ce fut une belle rencontre !!
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Auteur |
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Message |
BMR
Sexe:  Inscrit le: 30 Avr 2007 Messages: 155 Localisation: Paris
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Posté: Ven 08 Fév 2008 22:10
Sujet du message: [Les Demeurées | Jeanne Benameur]
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Mais pourquoi donc les auteurs modernes français s'obstinent-ils à Goncourir pour la prose la plus tarabiscotée ?
Voilà donc Jeanne Bénameur sur le podium aux côtés de Philippe Claudel, Tanguy Viel, Muriel Barbery et tant d'autres.
[...] Elle dresse les yeux comme un chien sans flair tente vainement de suivre une trace. Quelque chose disparaît. La lumière a manqué. Une fois encore, la mère et la fille ont failli à la lueur dernière. Une fois encore, la petite se sent de trop dans la poussière, devant la porte. Rien n'ira plus bas que la terre.
Soyons indulgents, cette fois, Jeanne Bénameur aurait un alibi : son phrasé désarçonne mais c'est (peut-être) pour mieux nous faire pénétrer dans l'esprit tordu de deux «abruties», deux idiots du village comme on dit.
Deux idiotes en l'occurrence : la mère et la fille, Les demeurées.
Et puis fort heureusement, au bout de quelques pages (l'opuscule n'en compte que 80), ça se calme un peu, à moins que l'on s'habitue.
Et la prose savante s'efface un peu pour laisser place à l'histoire. À l'humanité.
Car c'est une histoire poignante, comme on dit.
L'histoire d'une gamine accrochée à sa mère et d'une mère cramponnée à sa fille, car ces deux-là n'ont qu'elles deux pour survivre.
L'histoire d'une gamine que l'institutrice du village, Mademoiselle Solange, se met en tête d'amener à la lecture (Jeanne Benameur a été prof).
Et c'est là que ça se complique.
[...] Dès que les paroles claires de Mademoiselle Solange menacent de pénétrer à l'intérieur d'elle, là où toute chose pourrait se comprendre, elle fuit. D'une enjambée muette, elle se niche où le plâtre du mur se délite, au coin de la grande carte de géographie, près du bureau. Entre les grains usés, presque une poussière, elle a sa place. Elle fait mur. Aucun savoir n'entrera. L'école ne l'aura pas. Elle demeure. Abrutie comme sa mère.
Et sur le chemin de la maison, l'enfant récalcitrante recrache littéralement ses leçons, tous les mots appris de l'instit, pour être sûre qu'ils quittent sa tête.
Car la petite sait bien que ces mots risqueraient de l'arracher à sa mère. Et les deux demeurées veulent demeurer ensemble.
Qui de l'enfant têtue ou de l'institutrice obstinée aura gain de cause ?
On ne vous le dira pas bien sûr, d'autant que la réponse n'est pas si simple et que ce petit bouquin recèle quelques surprises.
On tient là une très belle histoire, un joli conte de Noël, s'il n'était pas si triste, si dur parfois.
Et surtout une très belle histoire de « mots », avec de quoi ravir tous les amoureux des livres et de la lecture.
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Message |
Max
Inscrit le: 10 Aoû 2006 Messages: 403
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Posté: Dim 07 Oct 2007 23:23
Sujet du message: [Les Demeurées | Jeanne Benameur]
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«Les sons se hissent, trébuchent, tombent derrière la lèvre. Abrutie.» L'abrutie c'est La Varienne, l'idiote du village. Et La Varienne a une fille, la petite Luce. Sans doute abrutie elle aussi. Car pour les gens d'ici, c'est simple : l'enfant d'un demeuré est un demeuré. Pourtant la petite pourrait apprendre, peut-être. Mademoiselle Solange, l'institutrice, en est convaincue. Mais pour la petite, apprendre serait trahir sa mère. Alors «elle n'apprendra rien. Rien et rien. Elle restera toujours avec sa Varienne. Toujours.»
«Mademoiselle Solange soupçonne qu'au fond de la tête de cette enfant se niche une dureté têtue, une obstination qu'il s'agirait de vaincre. Luce n'apprend rien. Luce ne retient rien. Elle fait montre d'une faculté d'oubli très rare : un don d'ignorance. Des enfants que l'étude n'intéresse pas, Mademoiselle Solange en a rencontré, en face d'elle, dans les rangées bien alignées. C'était bêtise, c'était paresse.
Avec Luce, il s'agit d'autre chose.»
L'écriture de Jeanne Benameur est d'une grande précision, toute en suggestion, sans démonstration. En 80 pages elle dresse le portrait plein de délicatesse d'un amour filial, un amour originel, instinctif, indéfectible, mystique presque, un amour qui se suffit à lui-même, un amour qui veut et peut se passer du monde. Il ne faut pas en dire plus. Sachez seulement que le final est superbe et m'a laissée pantoise et émue.
le cri du lézard
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[Les Demeurées | Jeanne Benameur] |
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