La volonté de s'ouvrir, de dire tout ce qui n’a jamais été dit, de s'épancher. La volonté de calmer ce sentiment de culpabilité, un sentiment étrange, fort mais injustifié.
Pourquoi se sentir coupable ? Pour ne pas avoir satisfait les attentes d'un père?
Un père si différent, à l'esprit tellement pragmatique et insensible. Un père qui, peut-être, ne sera jamais satisfait de son fils.
Un fils, Kafka, un écrivain. Tellement différent du père. Si faible. Si petit devant le tyran.
Une lettre. Tant de mots pour exprimer finalement ses sentiments, pour raconter, analyser, accuser et justifier.
Une vie passée à craindre son géniteur, à craindre son jugement. Presque sans le courage de lui parler.
Une analyse psychologique de la vie d'un fils qui a accompli tant d'erreurs. « C’est ta faute, père. Si je n'ai pas su faire évoluer une histoire d’amour, si je suis un raté, c’est seulement ta faute….. »
Un père qui s'est trompé en tout, qui n'a pas su seconder la nature du fils, mais a seulement cherché de la plier à sa volonté.

Un livre émouvant, bouleversant, dramatiquement réel. Un thème si actuel, si répandu, si rarement affronté.
Le conflit générationnel, les complexes oedipiens, les incompréhensions. L’entrecroisement d'une vie et d’une analyse psychologique. L’introspection, l’étude de soi et les conclusions finales.
Tout ça nous est offert par Kafka dans sa « Lettre au Père », une lettre pleine de vérité et de haine, mais toujours pénétrée d'une aura de respect. Une lettre que ne lira jamais le destinataire, mais que probablement l’auteur se servait uniquement pour se parler à lui même.
Un écrit touchant dans sa réalité historique et littéraire.

J'ai été assez gênée en lisant ce livre. Le fait de lire cette lettre que Franz Kafka écrit à son père m'a mis mal à l'aise. On sent que Franz Kafka est perdu dans ses sentiments, leur relation est pleine d'incompréhension. J'ai appris pas mal de mots en lisant ce livre. Le style m'a plu bien que j'avais parfois du mal à comprendre le sens de certaines phrases.


Morceaux choisis :

"Tu as touché plus juste en concevant de l'aversion pour mon activité littéraire, ainsi qu pour tout ce qui s'y rattachait et dont tu ne savais rien. Là, je m'étais effectivement éloigné de toi tout seul sur un bout de chemin, encore que ce fût un peu à la manière du ver qui, le derrière écrasé par un pied, s'aide du devant de son corps pour se dégager et se traîner à l'écart. J'étais en quelque façon jors d'atteinte, je recommençais à respirer. exceptionnellement, la répugnance que tu ne manquas pas de montrer d'emblée pour mon activité littéraire comme pour le reste me fut agréable."

La lecture de cette lettre qui ne sera jamais envoyée est assez fascinante.
Avec une sensibilité proustienne, sans les réminiscences sensitives, Kafka analyse ce qui a fait que son père a pu un jour lui poser la question : "Pourquoi as-tu peur de moi ?"
La réponse oscille sans cesse entre le réquisitoire et l'auto-critique, sans tomber dans le bourgeois "torts partagés". Kafka se borne à expliquer à son père son fonctionnement et l'impression qu'il donnait à ses enfants, essaie de s'expliquer à lui-même, à la lumière de la vie d'adulte, ce qu'avait pu vouloir vraiment dire, faire son père et pourquoi avoir eu un tel père avait pu compromettre sa capacité à "vouloir" et même sa santé...
La lettre s'achève sur la réponse qu'il imagine que son père pourrait lui faire, qui est en réalité un jugement sur ce qu'il vient d'écrire et sur les défauts qu'il révèle, et dont le constat est tellement accablant qu'on comprend pourquoi cette lettre n'est pas parvenue au destinataire réel.

Ce livre a le mérite de nous plonger complétement dans la vie de ce pauvre garçon qui a subit pendant toute sa jeunesse l'emprise de son père. (et l'emprise ne s'arrête d'ailleurs pas encore aujourd'hui ou il est un adulte) On découvre la façon dont le père règne en seul maitre sur sa famille. On apprend aussi à connaitre la souffrance, le désarroi, l'impuissance de la mère, des enfants face à leur bourreau. D'un point de vue psychologique, on voit bien que l'attitude du père de famille a complètement boulversé la bonne construction morale, psychologique et sociale des enfants. Le père donnait son avis tout le temps et sur tout.
Le seul reproche que j'aurai à faire est que le livre n'offre pas assez de suspense. Même si c'est une biographie, je trouve cela très plat. Il y a toujours des solutions pour captiver le lecteur et c'est ce qu'on ne retrouve pas assez ici.

Hélène EI1

Aîné d'une fratrie de 4 enfants et élevé par un père très autoritaire, Kafka tente d'expliquer par cette lettre à son père son enfance douloureuse.
Kafka essaye de lui dire toute la détresse et les désespoirs ressentis pendant cette période de son enfance. Cette emprise sous laquelle, il ne pouvait se révolter, enfant fragile et rêveur, extérieurement
Trop rustre et dénué d'élan affectif, ce père ne faisait qu'agrandir le gouffre qui les séparait.
Devant ce témoignage, on comprend mieux la personnalité de kafka. Cette personne introvertie a du mal à témoigner de ses sentiments, de l'échec de sa vie sentimentale.
Cette lettre ne parviendra jamais à son père. Elle lui a peut être permis de se libérer, d'extériorisé cette souffrance, cette relation paternel si compliquée qui se mélange entre peur et amour, respect et mépris.
Livre émouvant. On en ressent une grande tristesse et une souffrance psychologique importante.
Gaëlle M.

le noeud de la lettre : Kafka savait qu'il avait des forces positives et des forces négatives, fruit de son éducation paternelle . Les premières ne sont pas à la hauteur des dernières ou bien ces forces positives ont été cachées par les forces négatives?
Cette éducation a plongé Kafka dans un sentiment de culpabilité, de profonde
nullité qui l'a empêché de vivre heureux. L'écriture comme thérapie lui a sans doute permis de vivre tout court.
L'existence de cette lettre se justifie après que son père lui ait demandé "pourquoi as-tu peur de moi?" kafka a tenté de répondre par écrit. Il lui était impossible de lui parler. Confessions epistolaires qui ne sont jamais parvenues à son destinataire.
Kafka décrivit leur rapport fusionnel , victime et bourreau, en déculpabilisant le père qui était un tyran.
Kafka nous plonge dans son univers d'enfant , d'adolescent et d'adulte en grande souffrance psychologique. A ne pas rater.
Chantal Muszynski
Christine Paillard
de l'IFSI de Nanterre, suite à notre groupe réflexion lecture autour du livre et de la santé mentale avec les étudiants, le 4 avril 2007.
Nous sommes allés ensuite voir, écouter Thierry de Peretti au théâtre de la Bastille le même jour et nous avons aimé cette adaptation remarquablement interprétée.

Ce livre est utile pour comprendre l'oeuvre de Kafka mais je ne saurais la conseiller à quelqu'un qui n'a jamais lu cet auteur.