29 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 15 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : assassin, assassinat, biographie, double, double vie, duplicite, errance, fait-divers, fait divers, famille, folie, honte, imposteur, imposture, justice, lachete, litterature contemporaine, litterature francaise, medecin, megalomanie, mensonge, menteur, meurtre, mythomanie, proces, roman, russie, schizophenie, schizophrenie, serial killer, solitude
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[L'Adversaire | Emmanuel Carrere] |
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BlueSyrinx
Sexe: Inscrit le: 05 Nov 2013 Messages: 266 Localisation: Paris
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Posté: Mar 30 Déc 2014 11:32
Sujet du message: [L'Adversaire | Emmanuel Carrere]
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Avec l'Adversaire, Emmanuel Carrère adopte une démarche en un certain sens anthropologique, pour analyser l'enchaînement des événements qui ont conduit Jean-Claude Romand à assassiner sa famille entière, avant que le mensonge dont il a drapé sa vie pendant près de vingt ans soit révélé au grand jour.
Un récit intéressant, difficile pourtant car l'auteur analyse avec précision sa position pour le moins délicate vis-à-vis du protagoniste; c'est une lecture assez marquante.
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[L'Adversaire | Emmanuel Carrère] |
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Message |
Swann
Sexe: Inscrit le: 19 Juin 2006 Messages: 2640
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Posté: Jeu 29 Mai 2014 8:40
Sujet du message: [L'Adversaire | Emmanuel Carrère]
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Voilà Emmanuel Carrère bien embêté : il a dû se remettre, par un étrange sentiment de devoir de constance, à l'écriture d'un texte sur Jean-Claude Roman qu'il avait évacué sous forme fictionnelle quelques années auparavant et a du mal à trouver un angle, un biais... Et plus il examine les documents, fait parler les témoins, les visiteurs de ce meurtrier en série et mythomane ébouriffant qui défraya la chronique pour avoir supprimé ses proches qui risquaient de percer à jour ses mensonges, plus il est embarrassé.
En réalité, le sujet est tellement glissant, il est tellement difficile d'avoir accès au psychisme en kaléidoscope-miroir de l'homme, intelligent et complaisant, qu'en cherchant la vérité, on peut aussi bien en faire une victime qu'un monstre froid coulé dans une folie-alibi. L'auteur n'élude aucune piste.
De cet embarras littéraire et éthique, Emmanuel Carrère fait un livre prenant et qui nous questionne longtemps après la lecture.
Une pensée qui me vient après coup, c'est qu'un homme aussi manipulateur, doué d'une telle force de conviction et capable de donner le change pendant tant d'années, récolter des sommes aussi colossales sur du vent, aurait pu faire une carrière remarquable dans d'autres domaines que sa prétendue médecine. Les errements dus à une mauvaise orientation professionnelle sont décidément bien plus tragiques qu'on croit !
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[L'adversaire | Emmanuel Carrère] |
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Message |
ingannmic
Sexe: Inscrit le: 22 Aoû 2008 Messages: 737 Localisation: Mérignac
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Posté: Mer 12 Juin 2013 11:32
Sujet du message: [L'adversaire | Emmanuel Carrère]
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Commentaires : 3 >> |
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Écrire un roman à partir d'un fait divers très médiatisé est une démarche qui peut sembler douteuse.
Que recherche l'auteur d'un tel ouvrage ?
La facilité, parce que l'histoire est déjà prête, les personnages déjà bâtis, la fin déjà trouvée ?
Le sensationnel, et ainsi l'assurance d'un succès commercial ?
Le besoin de comprendre ce qui pousse des individus a priori ordinaires à commettre l'inconcevable ?
C'est cette dernière motivation qui a poussé Emmanuel Carrère, obsédé par "l'affaire Jean-Claude Romand", à écrire "L'Adversaire", ainsi qu'il nous l'explique en introduction du roman qui revient sur cette sordide et incroyable histoire qui défraya la chronique en 1993.
Elle commence avec la découverte des cadavres de l'épouse, des deux enfants et des parents de Jean-Claude Romand. Elle continue avec la révélation de la double vie que mena durant plus de vingt ans ce dernier, rapidement reconnu comme le coupable de l'assassinat des membres de sa famille.
Emmanuel Carrère se place aux côtés de l'accusé, car ce qui l'intéresse, ce sont les mécanismes et les circonstances qui l'ont mené à cette issue fatale. Il le contacte, lui manifeste compassion et respect, le considérant comme quelqu'un à qui "quelque chose d'épouvantable est arrivé". Il ne peut en effet y avoir d'autre explication : Jean-Claude est la victime de forces en lui qu'il n'a pas pu, pas su maitriser.
L'écrivain part sur les traces de l'assassin, parcourt le hameau jurassien de son enfance, où il grandit comme fils unique d'un couple dont le mari, comme ses ascendants, est forestier. Il admire beaucoup ce père solide, courageux, qui ne laisse jamais paraître ses émotions, qui jamais ne se laisse abattre. Il a appris, de lui, à donner le change : la mère est dépressive, il ne faut surtout pas la tracasser, l'angoisser.
Très jeune, Jean-Claude a ainsi pris l'habitude de taire tous ses malheurs et ses petits ennuis, de feindre d'aller toujours bien. Il a appris à mentir, ou tout au moins à taire certaines vérités, y compris, sans doute, à lui-même.
Plus tard, un échec à son examen de première année de médecine fait l'objet du premier mensonge par lequel il pénètre dans un engrenage dont il restera prisonnier durant plus de vingt ans. Cela semble invraisemblable, mais Jean-Claude continue d'aller à la fac comme s'il avait réussi, et parvient à faire croire qu'il obtient son diplôme en fin de cursus. Ses amis étudiants de l'époque, dont Florence, qui deviendra sa femme, n'y voient que du feu.
Ils goberont tout à l'avenant : la prestigieuse prise de poste au sein de l'O.M.S, à Genève, les déplacements professionnels réguliers... alors que, pendant de longues journées, Jean-Claude se promène dans la forêt, fréquente des restaurants suffisamment éloignés de son lieu d'habitation pour ne pas croiser de connaissance, s'offre une liaison...
Pour subvenir aux besoins de sa famille et au train de vie qu'implique son éminent poste de chercheur, il escroque ses proches, gardant les sommes parfois faramineuses que ces derniers lui confient contre la promesse d'un placement fructueux... Entré dans le mensonge par circonstance (à moins que ses habitudes, acquises durant l'enfance évoquée ci-dessus, ne l'y condamnaient de toutes façons), il s'y maintient par nécessité. L'entretenir est devenu littéralement vital, quitte à devenir retors et cruel...
On a du mal à croire qu'aucun soupçon ne vienne effleurer, à un moment ou un autre, les membres de sa famille ou ses amis, on se demande comment il supporte ces longs tête-à-tête avec lui-même, au fil de ces journées de solitude...
On comprend, effectivement, l'obsession d'Emmanuel Carrère, car elle nous envahit aussi : qui est, en réalité, Jean-Claude Romand ? Qui se cache derrière la façade de l'homme respectable, posé, sérieux ?
Et y a-t-il, finalement, quelque chose à découvrir ? Ne serait-il pas, en somme, qu'une sorte de coquille vide ? Et avec quel autre lui-même, plus "réel", pourrait-il renouer, puisque hormis le Docteur Romand, il n'est rien ?
Le roman d'Emmanuel Carrère ne répond pas à ces questions. On devine qu'à aucun moment l'auteur n'est parvenu à percer la carapace que s'est forgée son sujet, à approcher, ne serait-ce qu'un peu, la nature de la folie qui l'habite. Et plutôt que de mentir à son tour, il préfère être honnête avec le lecteur, en avouant le constat de l'inaboutissement de sa recherche.
J'espère que ce récit lui aura au moins permis d'apaiser son obsession, en démythifiant le personnage de Jean-Claude Romand, pour le ramener à la simple stature d'un individu lâche et obnubilé par l'image qu'il renvoie aux autres..
BOOK'ING
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[L'adversaire | Emmanuel Carrère] |
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Message |
Max
Inscrit le: 10 Aoû 2006 Messages: 403
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Posté: Mer 05 Oct 2011 15:50
Sujet du message: [L'adversaire | Emmanuel Carrère]
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Le samedi 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand tuait sa femme, ses enfants, ses parents, puis tentait, en vain, de se tuer lui-même. L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin à l'OMS comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu'il n'était rien d'autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien. Près d'être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard.
Emmanuel Carrère raconte donc la vie insensée de cet homme qui, pendant des années, va inventer sa vie, la bâtir sur des mensonges, falsifications et escroqueries, fragile château de cartes qui finit par s'écrouler dans un drame, par l'assassinat de sa femme, de ses enfants et de ses parents. A tous, amis et famille, il a toujours menti, édifiant autour de lui et des siens un monde irréel dont l'impensable est que, dix-huit ans durant, personne ne dépassa les fragiles apparences.
« En quinze ans de double vie, il n'a fait aucune rencontre, parlé à personne, il ne s'est mêlé à aucune de ces sociétés parallèles, comme le monde du jeu, de la drogue ou de la nuit, où il aurait pu se sentir moins seul. Jamais non plus il n'a cherché à donner le change à l'extérieur.
Quand il faisait son entrée sur la scène domestique de sa vie, chacun pensait qu'il venait d'une autre scène où il tenait un autre rôle, celui de l'important qui court le monde, fréquente les ministres, dîne sous des lambris officiels, et qu'il le reprendrait en sortant.
Mais il n'y avait pas d'autre scène, pas d'autre public devant qui jouer l'autre rôle.
Dehors, il se retrouvait nu. Il retournait à l'absence, au vide, au blanc, qui n'étaient pas un accident de parcours mais l'unique expérience de sa vie. » (p.101)
Par ce texte, ce qu'Emmanuel Carrère souhaitait établir, ce qu'il « voulait vraiment savoir », c'est « ce qui se passait dans sa tête durant ces journées qu'il était supposé passer au bureau ; qu'il ne passait pas, comme on l'a d'abord cru, à trafiquer des armes ou des secrets industriels ; qu'il passait, croyait-on maintenant, à marcher dans les bois. » (p. 33)
Le texte d'Emmanuel Carrère, troublant, n'est jamais aussi fort que quand il laisse la fiction s'emparer du réel. Le personnage de meilleur ami de Jean-Claude Romand notamment est poignant dans sa stupéfaction. Les conjonctures quant à l'état d'esprit de Jean-Claude Romand paraissent aussi très "justes", ainsi que la façon dont s'est construite sa vie chimérique, comme à son insu, hors de sa volonté, hors de son contrôle, un mensonge en entraînant un autre, inéluctablement ( « Comment se serait-il douté qu’il y avait pire que d’être rapidement démasqué, c’était de ne pas l’être ? »).
Emmanuel Carrère explore ainsi le psychisme de cet homme capable de se duper lui-même, capable de se laisser convaincre par ses propres mensonges, à tel point qu'il en arrive par moment à ne plus discerner lui-même où se situe la vérité.
Emmanuel Carrère évite l'écueil moraliste. Il n'émet jamais de jugement de valeur ni sur Jean-Claude Romand ni sur ses actes. Il livre les faits, bruts, en restant neutre et sobre.
Mais là où son texte m'a moins convaincue, c'est dans la façon dont, à plusieurs reprises, Emmanuel Carrère ramène ce drame à lui. Ce "je" qui s'immisce dans l'incompréhensible et qui ose le "moi aussi", m'a étonnée et gênée. Les faits sont tellement effrayants et abominables qu'il paraît aberrant de chercher ainsi à les ramener à soi. Car malgré les petits mensonges et autres lâchetés, intrinsèquement humains, que nous commettons tous et qui parsèment une vie, peut-on sincèrement se souvenir d'un seul évènement de nos vies qui puisse, même vaguement, se rapprocher de celui-ci par l'intensité de l'horreur qui le caractérise ?
le cri du lézard
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[L'Adversaire | Emmanuel Carrere] |
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Sirius
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2009 Messages: 464 Localisation: Suisse
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Posté: Dim 24 Oct 2010 19:44
Sujet du message: [L'Adversaire | Emmanuel Carrere]
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C'est l'histoire vrai d'un homme qui à tué sa femme, ses enfants, qui a ensuite tué ses parents et qui a essayé de se donner la mort.... Le thème me plaisait bien à la base, mais finalement la lecture a été très moyenne...
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[L'Adversaire | Emmanuel Carrere] |
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Message |
parsifal
Sexe: Inscrit le: 16 Sep 2007 Messages: 457 Localisation: Belgique
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Posté: Ven 03 Sep 2010 10:41
Sujet du message: [L'Adversaire | Emmanuel Carrere]
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Un roman sous forme d’enquête vraiment intéressant, surtout en ce qui concerne l’aspect psychologique du personnage principal. Malgré l'histoire de sang qu'il l’affecte, cette affaire laisse bien peu de place à la pitié ou à la compréhension du mobile. Tout en poursuivant la lecture, on s’aventure dans la dangereuse recherche d’une issue.
Est-il possible de tenter de comprendre le geste extrême dont l'Adversaire s'est rendu protagoniste ? Carrere tente d’analyser si, à l’origine du mal, résidait nécessairement une demande d'aide. Il n'est pas possible de se ranger ouvertement avec lui mais je vous assure que le lecteur fermera le roman avec une sensation d'inachevé qui représente intégralement la force de l'histoire.
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[L'Adversaire | Emmanuel Carrere] |
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Message |
Jegni2007
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2007 Messages: 47 Localisation: Lyon
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Posté: Sam 17 Mai 2008 9:26
Sujet du message: [L'Adversaire | Emmanuel Carrere]
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Je m'étais toujours posé énormément de questions devant cette histoire incroyable de Jean-Claude Romand qui était arrivé à vivre cette vie d'imposture sans que personne ne s'en rende jamais compte. Ce livre ne cherche pas à accabler ou défendre l'auteur des crimes mais il établit comment en effet à partir d'un premier événement, un tissus de mensonges peut se créer dans lequel le protagoniste est pris comme dans une spirale infernale, et quand après quelques années toute possibilité d'aveu est devenue impossible, il est tout simplement obligé de continuer. Et une fois de plus l'adage "plus c'est gros, plus c'est crédible" se démontre dans cette histoire.
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[L'adversaire | Emmanuel Carrère] |
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Message |
brunlours
Sexe: Inscrit le: 05 Juin 2006 Messages: 125 Localisation: Thorigné-Fouillard
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Posté: Lun 10 Mar 2008 23:15
Sujet du message: [L'adversaire | Emmanuel Carrère]
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On m'avait tellement parlé de ce livre que j'ai été un tout petit peu déçu. Rien de bien grave, il n'en demeure pas moins une chronique à la fois haletante et réfléchie d'une tragédie incompréhensible. L'écriture m'a tout de suite emporté dans cette troublante affaire. Tellement troublant que je ne me suis pas toujours senti à l'aise.
Mais une fois de plus il s'agit d'un très bon livre qui vaut le coup d'être lu.
Je me demande ce que donne le film qu'y en est tiré.
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[L'Adversaire | Emmanuel Carrère] |
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Message |
sylviou
Sexe: Inscrit le: 20 Avr 2006 Messages: 459 Localisation: Suisse - Neuchâtel
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Posté: Dim 22 Juil 2007 12:24
Sujet du message: [L'Adversaire | Emmanuel Carrère]
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4e de couverture : "le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même. L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu'il n'était rien d'autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien. Près d'être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Je suis entré en relation avec lui, j'ai assisté à son procès. J'ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d'imposture et d'absence. D'imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu'il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d'autoroute ou dans les forêts du Jura. De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m'a touché de si près et touche, je crois, chacun d'entre nous."
Pfiou, quelle lecture !! Malaise...
J'ai lu ce récit d'une traite, plongée de l'autre côté du miroir. Emmanuel Carrère ne prend pas parti. S'autorise à ne pas comprendre : comme moi et je suppose la grande majorité des lecteurs ou des témoins de cette vie en façade. Cette position un peu en retrait de l'émotionnel est glaçante : elle ne permet pas de se dire "ce type est un monstre" parce que ce type en fait est comme moi un être humain. Et c'est ça qui est glaçant dans ce genre de faits divers : ce ne sont pas des monstres : ils ont fait quelque chose de monstrueux.... alors : et si moi j'étais aussi susceptible de péter les plombs un jour et de faire quelque chose de monstrueux ? Glaçant... de se rendre compte que les vies les plus banales peuvent tout à coup basculer dans l'innomable ou le désespoir. Qu'il soit meurtrier, dépressif, suicidaire.
Ce qui rend les choses très extrêmes ici est au-delà des meurtres, le fait que Romand ait menti toutes ces années. Qu'il ait été capable de berner absolument tout le monde pendant tout ce temps. Dans le fond, je crois que cela me paraît encore plus incroyable que l'issue. Qu'il ait été capable de vivre toutes ces années sans péter les plombs avant. Et que la seule chose qui ait provoqué cette tuerie ne soit pas la solitude mais la peur d'être démasqué. Comme si ne comptait plus que l'image qu'il donnait de lui. Un être humain dénué d'émotions, d'attachement, de sentiments... comme s'il n'était devenu que la façade, une enveloppe vide. Glaçant aussi le fait qu'il ait survécu. La plupart du temps, comme le relève Emmanuel Carrère lorsqu'il parle du procès, les gens qui tuent leur proches se suicident immédiatement ou presque immédiatement après. Et les survivants n'ont pas à affronter le face-à-face avec le meurtrier et l'évidente incompréhension, souffrance, haine que cela peut engendrer. Mais à Romand, l'entourage familial et social doivent faire face : au procès et puis ensuite vivre avec lui vivant ailleurs. Et cela doit être terriblement difficile.
Bref, une lecture qui m'a remuée et que j'ai beaucoup aimée malgré le malaise qu'elle provoque.
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[L'adversaire | Emmanuel Carrère] |
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Auteur |
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Message |
nadouch
Sexe: Inscrit le: 19 Nov 2006 Messages: 450 Localisation: Allier
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Posté: Mar 02 Jan 2007 15:07
Sujet du message: [L'adversaire | Emmanuel Carrère]
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Je reste très partagée après cette lecture, faite d'une traite, ce qui risque en outre de fausser mon jugement. Ce livre laisse une impression de malaise. je n'ai jamais franchement ressenti de compassion pour Jean-Claude Romand, je me demande si c'était le but. Ou bien fallait-il s'écoeurer ? Je n'ai ressenti ni l'un ni l'autre, j'étais impuissante face à cette histoire incompréhensible. L'auteur semblait dans la même situation que moi, cela se sent dans son écriture, tout dans la nuance, l'hésitation, l'indécidable. J'ai quand même été tentée de céder au bon sens de cette remarque faite par une journaliste à l'auteur :
" Il doit être ravi, non, que tu fasses un livre sur lui ? C'est de ça qu'il a rêvé toute sa vie. Au fond, il a bien fait de tuer sa famille, ses voeux sont exaucés. On parle de lui, il passe à la télé, on va écrire sa biographie et pour son dossier de canonisation, c'est en bonne voie. C'est ce qu'on appelle sortir par le haut. Parcours sans faute. Je dis : bravo. "
D'un autre côté, on essaie de vivre la vie vide de Romand de l'intérieur, et l'on se rend bien compte du cul-de-sac auquel elle aboutit. De là à éprouver de l'empathie, je ne sais pas...
Voilà pour l'histoire, pour ce qui est de l'écriture, c'est très bon, d'où les 3 étoiles, en dépit du fait que je me voyais mal attribuer une note sans que cela soit lié à mon opinion quant aux faits. Les 3 étoiles, c'est parce que c'est bien écrit, et d'un autre côté parce que cette histoire est traitée dans une dimension de flou confortable qui engourdit, sans poser, à mon avis, toutes les questions.
J'ai par contre bien envie de voir le film, c'est avec Daniel Auteuil et François Cluzet, c'est assez prometteur...
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[L'Adversaire | Emmanuel Carrere] |
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Auteur |
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ekwerkwe
Sexe: Inscrit le: 10 Oct 2006 Messages: 98
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Posté: Lun 16 Oct 2006 18:06
Sujet du message: [L'Adversaire | Emmanuel Carrere]
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Ai-je aimé ce livre? Il me laisse une impression partagée, peut-être parce que finalement l'auteur ne donne pas de clé, et que je reste prête à compatir (oui) mais pas tout-à-fait quand même.
Comme le dit très justement Emmanuel Carrère, c'est l'histoire de Jean-claude Romand qu'il a voulu raconter, pas celle de sa famille, pas celle de ceux qui restaient. Et comment ne pas sentir un minimum d'empathie avec cet homme totalement dépassé par des forces obscures et inexplicables, qui relèvent certainement davantage de la psychannalyse (mais pourtant le discours des experts psy n'a "rien" apporté, en tous cas rien qui puisse expliquer cet engrenage, cette dérive). Et pourtant, avec ou sans les gros sabots du procès (est-ce si important, finalement, qu'il ait mangé avec ses parents avant de les tuer?), l'histoire laisse une impression tragique, vertigineuse, et Jean-Claude Romand ne se départit pas de sa dimension monstrueuse.
Peut-être la question se résume-t'elle à "Qu'est-ce que je pense de Romand?" Et je ne sais pas...
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[L'Adversaire | Emmanuel Carrere] |
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