Une poignée tourne, un couple illégitime dans la communauté britannique de Chine, se demande s'il est découvert...
Une belle découverte, sur des sujets pourtant archi-conventionnels. Chaque fois que j'ai cru que le récit allait tomber dans le larmoyant eau-de-rosesque, Maugham a habilement tourné sa barque dans une autre direction. Du coup, j'étais positivement baignée de larmes sur la dernière page !

Kitty est une jeune femme écervelée, frivole, qui vit avec passion sa liaison adultérine avec Charlie, fonctionnaire haut gradé et non moins superficiel. Pourtant, Walter, son mari, est fou d’elle et fait tout pour la combler. Elle en a bien conscience, mais ça lui est royalement égal ; elle se trouve déjà bien magnanime de partager sa vie.
Kitty, donc, n’est pas franchement femme réfléchie ; lorsque survient « un certain événement » (ne spoilons pas !), elle n’en revient pas, n’ayant rien vu venir. Son cadre de vie change radicalement, et elle se pose bien sûr en grande victime.
Peu à peu, la misère de ceux qu’elle devra côtoyer la fait réfléchir et devenir plus humaine…
Elle m’a prodigieusement énervée à plusieurs reprises ; tout comme Walter m’a surprise et vraiment touchée. Ce court roman est une réussite, par le talent qu’a l’auteur de dépeindre la psychologie de ses personnages, de susciter chez le lecteur une profonde empathie et de l’immerger dans une atmosphère toute particulière, douloureuse mais « vivante ».

A la première page du livre, un couple s'éveille en sursaut pendant sa sieste : le mari les a-t-il surpris ?
Lisant cela je craignais le pire (heureusement le nom de l'auteur me poussait à poursuivre)
J'ai trouvé ce roman passionnant, les personnages attachants et apprécié l'atmosphère dépaysante d'une ville chinoise de province. L'atmosphère (mais seulement l'atmosphère) m'a rappelé certaines pages des "clefs du royaume" de Cronin.
La menace du choléra qui pèse sur la ville, pousse les protagonistes à une réflexion sur eux-mêmes et le sens de la vie.
Un seul bémol : je n'ai pas vu l'intérêt des cinquante dernières pages, si ce n'est peut-être une satire acerbe de la bonne société et de sa futilité.

Commentaires de Gérard :
Beaucoup moins enthousiaste, j'ai trouvé la première moitié et la fin longues, banales et assez ennuyeuses. Toutefois, d'accord avec mop1 pour l'intérêt que présente la partie centrale.