Perdido Street Station est de ces livres inclassables que l'on savoure doucement, avec délectation comme un plat particulièrement délicieux que l'on aura l'occasion de ne manger qu'une seule fois. Mon rythme de lecture a été à l'image de l'évolution de l'action du livre. Si le premier volume se déroule lentement, nous présentant la ville de Nouvelle-Crobuzon dans toutes sa splendeur et surtout dans toute son horreur, ainsi que ses personnages aux apparences et aux moeurs aussi diverses que saugrenues, le second volume nous lance dans l'action avec des scènes parfois violentes et un dénouement tout en demie mesure.

On ne peut parler de Perdido Street Station sans évoquer Yagharek, le garuda aux ailes coupés, qui sans être le personnage principal du livre en est le déclencheur et le point final. Torturé par le crime qui lui a valu de se faire couper les ailes par son peuple et par son désir obsessionnel de retrouver ses facultés de vol, il parsème le récit de ses pensées mélancolique. Il est difficile à cerner et à juger : on a envie de le prendre en pitié pour son malheur et de le détester pour ce qu'il a fait.

Perdido Street Station est un roman que je conseille vivement par la richesse de son univers, ses personnages haut en couleurs et attachants et par le style riche et baroque de l'auteur qui sous couvert d'un désordre feint sait parfaitement où il nous emmène.

Superbe bouquin, imagination débordante de l'auteur qui nous soumet ici un univers farfelu mais qui tient la route. On a l'impression de gratter la croûte superficielle d'une énorme tarte qui a l'air délicieuse.

Normalement je ne mets pas longtemps à terminer une suite, mais les craintes que j'avais au premier tome se sont amplifiées dans celui-ci. L'action prend une tournure beaucoup plus aventure/action urbaine. A chaque chapitre, on a l'impression que l'histoire prend un nouveau virage à 180°, ce qui fait qu'on est en ballottage dangereux. J'ajoute que l'utilisation de situations violentes, ou la manière de se débarrasser de personnages plutôt expresse (certains de premier plan pourtant) sont pour moi des artifices qui desservent une écriture géniale.
Je sens qu'il y a une création, une imagination illimitée chez cet auteur, mais est-ce la faute de l'éditeur ou la volonté d'être consensuel qui lui font adopter ces artifices ? Dommage parce que j'ai vraiment été écoeuré.

Voici un romancier annoncé comme le nouveau pape de la SF, encensé par la critique officielle, celui par qui viendra le renouveau de la SF, celui qui réconciliera les purs et durs de la SF et les lecteurs papillonants à droite et à gauche... Bon arrêtons là l'ironie.
Ce qui est évident, ce que nous avons entre les mains une oeuvre complètement baroque et il est vrai originale dans le paysage de la science fiction. Nous sommes dans une immense métropole protéiforme, avec des formes de vies inattendues,... Les technologies elles aussi sont surprenantes, entre le steampunk et la magie. Enfin l'histoire en elle-même part souvent dans tous les sens, à l'image de la ville.
Au final, c'est un pavé souvent plein de longueurs vraiment inutiles, avec certains passages à l'écriture obscure qu'il ne faut pas hésiter à sauter. Franchement je ne crois pas à tout ce que disent les critiques littéraires : ils doivent avoir besoin régulièrement de s'enthousiasmer en coeur, peut-être pour se rassurer ?