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Les notes de lectures recherchées

9 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 5 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (5 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : 1986, amnesie, delire, folie, france, hong kong, litterature francaise, macao, machination, moustache, paranoa, pol, psychose, roman, roman contemporain

Auteur    Message
apo



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 23 Aoû 2007
Messages: 1965
Localisation: Ile-de-France

Posté: Ven 01 Déc 2017 21:12
MessageSujet du message:
Commentaires : 0 >>

Une collègue turque vante et me presse à lire La Moustache d'Emmanuel Carrère, publié en 1986. Parmi ses louanges, revient avec insistance que l'histoire est « si française ». Peut-être n'était-elle pas au courant (pas plus que moi alors), que le même Carrère en a tiré vingt ans plus tard un film qui, joué par des acteurs comme Vincent Lindon et Emmanuelle Devos, doit certainement renforcer son coté « si français »... Quelque temps après, esprit d'escalier oblige, je songe que le romancier et traducteur turc Tahsin Yücel a aussi écrit un roman intitulé en français La Moustache (en 1995). Je ne l'avais pas lu non plus, mais avais des raisons de croire qu'il conte une histoire « si turque ». Je décide donc de lire les deux en rapide succession, afin de tenter de déceler, dans ces deux moustaches, les emblèmes nationaux-culturels respectifs. Moustache gauloise et moustache ottomane : se tiennent-elles par la barbichette ?

La moustache gauloise : c'est la disparition d'une moustache, laquelle passe inaperçue provoquant chez le protagoniste un désarroi sur sa propre personne et son entourage. Le désarroi se joue en quatre temps : l'irritation d'être pris pour objet d'un canular joué par Agnès, l'épouse et quelques amis, qui feindraient d'ignorer la pilosité disparue ; la crainte qu'Agnès, victime de sa manie affabulatrice, ne soit en train de sombrer dans la folie, tout en détruisant les preuves de l'apparence ancienne du héros ; l'angoisse d'être soi-même proie de la folie, ou d'une certaine amnésie doublée d'une fixation qui le pousserait à maquiller son passé ; la terreur qu'un complot soit ourdi par Agnès et Jérôme, un collègue supposé être l'amant de l'épouse, afin de le faire sombrer dans la folie.
Jusqu'à deux tiers du récit, la trame se déroule à Paris et l'habileté de l'auteur consiste à donner une égale vraisemblance à ses quatre hypothèses qui se succèdent dans l'intériorité intime du personnage : de manière très haletante, le lecteur est entraîné dans les mêmes doutes et les mêmes angoisses que celui-ci. Le rythme est dicté uniquement par ses péripéties psychiques et les détails factuels, dans sa confrontation avec les personnages mineurs, sont distillés au compte-goutte. Le troisième tiers est inspiré par le mouvement physique : la course vers la demeure des parents, l'aéroport, l'arrivée à Hong-Kong, les bouleversants allers-retours en série, psychotiques, entre les deux rives, et enfin l'errance à Macao et la chute qui, je pense, ôte tout doute sur la question de savoir laquelle des quatre hypothèses correspond à la réalité. Cette seconde partie du récit, où le protagoniste est seul (jusqu'au dénouement conclusif) et victime d'une folie devenue avérée, est scandée sur un tempo considérablement accéléré. Il a été observé que l'incipit et l'excipit du roman se ressemblent, dans la mesure où ils figurent le rasage de la moustache.
Il s'agit d'un roman intimiste, d'un thriller psychologique. Le questionnement qu'il contient est entièrement individuel. L'action dramatique consiste dans la progression de la folie d'un homme. La moustache constitue un objet d'obsession.


Cit. :

« Dans sa fièvre de la veille, il s'en rendait mal compte, mais c'était l'évidence : il fallait disparaître. Pas forcément du monde, mais en tout cas du monde qui était le sien, qu'il connaissait et qui le connaissait, puisque les conditions de la vie dans ce monde-là étaient désormais sapées, gangrenées par l'effet d'une monstruosité incompréhensible et qu'il fallait soit renoncer à comprendre, soit affronter entre les murs d'un asile. Il n'était pas fou, l'asile lui faisait horreur, restait donc la fuite. » (p. 141)

« Il s'efforçait, pour situer ce geste anodin, de reconstituer en détail les 24 heures précédant son départ, mais la vanité de son effort ne l'affectait pas, une sorte d'engourdissement privait de tout enjeu des actes qui, doucement, glissaient vers l'irréel, la brume d'une légende dont il n'était plus le héros. Avec la même indolence, il étouffait les projets ou représentation à long terme de son avenir […] : tout devenait indifférent, les questions autrefois coupantes comme des rasoirs s'émoussaient, l'urgence de choisir ou de ne pas choisir retombait. » (p. 167)
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[La moustache | Emmanuel Carrère]
Auteur    Message
rivax



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 08 Avr 2009
Messages: 781
Localisation: Au pays des grenades

Posté: Dim 19 Avr 2009 17:49
MessageSujet du message: [La moustache | Emmanuel Carrère]
Commentaires : 0 >>

Ce livre qui raconte comment un être censé bascule peu à peu dans la folie ne donne qu'un seul point de vue. Bien que raconté à la troisième personne, ce sont les pensées du héros que l'on suit, on ne dispose donc d'aucun élément pour réfuter ou corroborer ses impressions, lesquelles évoluent avec le temps.

Je savais que le film n'avait pas donné de clé de lecture, ouvrant la voie à toutes les supputations possibles et c'est ce qui m'attirait dans le livre, bien qu'espérant qu'à la fin, l'auteur nous livrerait des informations qui éclaireraient l'explication la plus plausible. Or, il n'en est rien. La fin est simplement très crue et très dure.

Je l'ai plutôt apprécié même si la fin m'a déçu (avec le recul, elle est logique, mais sa mise en scène est très dure, presque insoutenable) et j'ai trouvé que certains passages étaient un peu longuets, bavards.

Spoiler: 
La scène finale m'a déçu, je l'ai trouvé gratuite, comme la scène de rasage du début, ou la scène de sexe au milieu, c'est l'un des rares moments du livre où Carrere décrit un suicide sanglant avec un luxe de détails d'autant plus choquants que le reste du livre est plutôt détaché, superficiel. J'en ai compris que le héros, comprenant qu'il n'y aurait aucune issue à son délire, finit par ne voir comme porte de sortie que la mort. N'aimant pas particulièrement les scènes gore, j'ai lu les deux dernières pages en diagonale.
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[La moustache | Emmanuel Carrère]
Auteur    Message
Ginaluna




Inscrit le: 07 Nov 2005
Messages: 283

Posté: Lun 05 Mai 2008 9:53
MessageSujet du message: [La moustache | Emmanuel Carrère]
Commentaires : 0 >>

J'ai du mal avec le style d'Emmanuel Carrère, donc j'ai sauté plusieurs passages de ce livre qui me semblaient trop longs. Néanmoins cette lente dérive vers la folie d'un homme très centré sur sa pilosité est étonnante.
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[La moustache | Emmanuel Carrère]
Auteur    Message
agglovaldorge



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 24 Sep 2007
Messages: 1534
Localisation: Sainte-Geneviève-des-Bois

Posté: Mer 03 Oct 2007 12:08
MessageSujet du message: [La moustache | Emmanuel Carrère]
Commentaires : 3 >>

Un livre étonnant d'ambiguités, qui nous fait nous interroger sur la façon dont l'autre vous regarde et vous voit.


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Ce livre est lâché par l'équipe de bibliothécaires du Val d'Orge dans le cadre des Chemins de lecture du 13 au 21 octobre 2007.

Ville du lâcher : Ste-Geneviève-des Bois - Date du lâcher : 13/10/2007
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[La moustache | Emmanuel Carrère]
Auteur    Message
Max




Inscrit le: 10 Aoû 2006
Messages: 403

Posté: Sam 14 Avr 2007 10:40
MessageSujet du message: [La moustache | Emmanuel Carrère]
Commentaires : 0 >>

Depuis toujours, Marc porte une moustache. Un soir, pensant faire sourire sa femme Agnès et ses amis, il décide pourtant de la raser : miroir, ciseaux, rasoirs, les poils son sacrifiés, remisés à la poubelle. Mais quand Marc sort de la salle de bains, sa femme n'a aucune réaction, comme si de rien n'était. Même indifférence le soir chez des amis et le lendemain matin au travail. Et le dépit initial de Marc se mue petit à petit en défiance puis en panique quand femme et amis lui affirment qu'il n'a jamais eu de moustache.

Carrère explore l'humanité de son héros, avec finesse et justesse : d'abord, Marc croit à une plaisanterie, puis à une machination, avant de soupçonner sa femme d'être folle, et enfin d'envisager sa propre folie... Et face à ces options aussi inquiétantes les unes que les autres, Marc adopte une stratégie radicale : la fuite en avant, entraînant le lecteur avec lui dans la quatrième dimension.

La moustache est à la fois une métaphore sur la confrontation à la réalité, mais aussi un essai sur le couple et sur le besoin de reconnaissance, sur la façon dont le regard de l'autre, ou pire, son absence, nous affecte jusque dans notre propre faculté d'exister.


le cri du lézard
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