Présentation de l'éditeur
L'idée, c'était de se procurer à Paris une vieille voiture en état de rouler, et de l'expédier au Congo où elle deviendrait un taxi. Celui-ci assurerait des ressources régulières à la famille du colonel, restée au pays quand lui-même avait été contraint de s'expatrier. Tel que le colonel et le narrateur l'avaient conçu, dans un café de la porte de Clichy, le projet était simple et brillant. Chemin faisant, tant sur mer que par la route, selon un itinéraire qui recoupe parfois ceux de Joseph Conrad, de Patrice Lumumba, de Che Guevara et d'autre fantôme moins illustres, il va se heurter à un grand nombre de difficultés, imputables aussi bien à l'état de la voiture qu'à celui du pays lui-même. Parmi toutes ces difficultés, finalement, il n'est pas avéré que la pire soit l'explosion de la durite.
Mon commentaire :
Quel talent ! En quelques lignes me voilà transporter sur une route africaine à bord d’un véhicule dont le moteur eût pu confirmer son état explosif si la durite ne lâcha point au moment de la surchauffe anormale.
Cette panne devient le prétexte pour situer le pays Congo, cahotant entre son contexte historique sanglant et sa géopolitique conflictuelle.
L’homme blanc dont il est question, rencontre les grands de ce peuple échauffé, souvent au bord de la piscine, dont le père propriétaire militaire partageait autrefois la fraîcheur agrémentée par des rencontres débordant de mondanités et d’alcools forts.
Ainsi dans ce parcours chaotique tu apprendras, ami lecteur, pourquoi les militaires se mettent au garde à vous face à un serpent, à quelle occasion le chant du coucal ressemble au glouglou d’une bouteille qui se vide, comment il est possible de se méfier d’un individu qui travaille involontairement à son insu pour les « services ».
Quel talent ! Passer en quelques lignes de Proust le mangeur de filles en fleurs, à Bokassa «le bouffon nègre » (Bokassa Ier, un empereur français.- Par Stephen Smith et Géraldine Faes Éditions Calmann-Levy ).
Ne cherchez pas de rapprochement avec le petit reporteur belge, car Rolin n'a pas de chien.
Ecriture : l’usage d’un vocabulaire riche et varié est agréable à percevoir dans cette aventure ponctuée par d’innombrables parenthèses donnant au parcours quelques heurts toussotant, et autres reculades inutiles.
C’est un bon conseil de lecture, même si les férus de mécanique y trouvent quelques anomalies, le propos en reste anecdotique car noyé dans les embroglios africains.
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