La quatrième de couverture de l'édition Folio du roman "Sonietchka" est sans doute l'une des pires que j'ai jamais lues. L'histoire y est résumée du début A LA FIN !
Et moi, comme une idiote, j'ai lu la quatrième de couverture...
Bon, heureusement, l'intérêt de "Sonietchka" ne réside pas principalement dans son suspense (mais quand même...).
Dire qu'il aurait suffit, pour allécher tout lecteur digne de ce nom, d'y citer cet extrait, que l'on découvre en page 2 du roman : "Pendant vingt années, de sept à vingt-sept ans, Sonietchka avait lu presque sans discontinuer. Elle tombait en lecture comme on tombe en syncope, ne reprenant ses esprits qu'à la dernière page du livre.
Elle avait pour le lecture un talent peu ordinaire, peut-être même une sorte de génie".
Sonietchka est une héroïne ordinaire, une femme qui a priori n'a rien de remarquable. Cette fille d'un modeste couple d'ouvriers biélorusses au physique ingrat, peu liante, sans éclat, obtient son diplôme de bibliothécaire. Ensuite, c'est le mariage, inattendu, avec un homme plus âgé, un artiste. Puis le couple donne naissance à une fille, Tania.
Sonietchka ne trouve plus le temps de se livrer à sa dévorante passion : la lecture.
En peu de pages (une petite centaine), c'est toute la vie de ce personnage que nous parcourons. Une vie modeste, simple, derrière laquelle se fait entendre l'écho, en sourdine, des grands événements qui secouent la Russie, voire le monde (le récit s'ouvre dans les années trente, et s'étale sur plusieurs décennies). Quels que soient les aléas de l'existence, Sonietchka affiche une inébranlable sérénité, une reconnaissance émerveillée face au bonheur, modeste mais précieux, que lui procure notamment l'amour de son mari. Sa discrétion, sa générosité, sa fidélité, sont autant de traits de caractère qui font d'elle une femme finalement exceptionnelle. Une femme qui possède en outre un trésor : l'amour de la lecture, ultime et sûr refuge qui l'accueillera en temps de solitude...
Il y a dans "Sonietchka" une douceur, l'expression d'une placide joie de vivre qui rendent sa lecture très agréable. Ne vous méprenez pas, ce récit est exempt de toute mièvrerie, de tout bon sentiment. Seulement, les drames qui jalonnent son existence -la mort, la maladie, la pauvreté, l'ingratitude des siens- sont accueillis par l'héroïne avec une telle humilité, qu'ils ne prennent jamais toute la place, et ne font pas le poids face à son invulnérable optimisme.
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