6 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 4 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : 2nde guerre mondiale, communisme, deportation, fascisme, goulag, histoire, intellectuel, nazisme, russie, socialisme, staline, union sovietique - stalinisme - 2eme guerre mondiale, urss
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[Vie et Destin | Grossman Vassili] |
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Kundry
Sexe: Inscrit le: 30 Juil 2008 Messages: 400 Localisation: Yvelines
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Posté: Jeu 01 Sep 2016 15:18
Sujet du message: [Vie et Destin | Grossman Vassili]
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Je renonce à rattraper tout mon retard en matière de notes de lecture, mais je souhaite tout de même faire des notes pour mes plus gros coups de cœur - à commencer par ce roman lu en 2014.
A sa lecture, je n'ai pu m'empêcher de faire un parallèle avec "La guerre et la paix", car on retrouve de nombreux ingrédients qui font à mes yeux la perfection de "La guerre et la paix": le côté historique (ici la seconde guerre mondiale), une foisonnante galerie de personnages complexes et merveilleusement bien dépeints, une histoire d'amour, et des réflexions philosophiques. Tout cela suffit à en faire un livre que j'adore, mais il n'y a pas que cela: les rélexions philosophiques ne se contentent pas d'être présentes, elles hantent pendant et après la lecture.
Ces réflexions, donc, ne sont pas des apartés comme dans "La guerre et la paix", mais générées par la lecture elle-même. Je me sens tout à fait incapable de résumer ou restituer leur richesse... Le roman illustre notamment qu'il n'est pas si simple de distinguer le bien du mal; une très belle idée peut conduire au mal, et vice versa, un acte qui semble condamnable peut être bon. Dit ainsi cela semble probablement simpliste, et je m'excuse de dénaturer la portée de ce roman... Toujours est il que le lecteur est en permanence surpris par les personnages, pris à rebours, et amené à revoir ses jugements précédents. C'est extrêmement déstabilisant. Et ce qui s'illustre par des personnages s'applique indirectement aux idéologies impliquées: le communisme, en voulant faire le bien, n'aboutit-il pas au mal? Les communistes purs et durs sont-ils si différents des nazis fanatiques?
Je finirai enfin en disant que c'est le seul roman lu à l'âge adulte qui m'a fait éclater en sanglots (pas verser quelques larmes du coin de l'œil, non, j'ai réellement éclaté en bruyants sanglots). J'avais entendu parler de ce passage précis, et m'étais dit "bah, un truc de plus sur les chambres à gaz, mais je sais déjà à quoi m'attendre via des documentaires et des témoignages". Mais la manière dont ce passage est rédigé - et amené - le rend magistral. Une prise de conscience insupportable.
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[Vie et Destin | Grossman Vassili] |
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onaris
Inscrit le: 28 Fév 2009 Messages: 1459 Localisation: Occitanie
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Posté: Dim 07 Juil 2013 7:31
Sujet du message: [Vie et Destin | Grossman Vassili]
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L'action se déroule fin 1941-début 1942 au coeur des combats de Stalingrad mais aussi dans les camps de concentrations, dans la vie quotidienne des Moscovites.
J'ai trouvé très émouvante la lettre de la mère juive qui sait que les nazis ont fait creuser une fosse commune aux abords du village et qui sait qu'elle sera tuée le lendemain comme tous les autres habitants juifs.
Mais il ne faut pas oublier les descriptions des combats dans la maison "6 bis" ou les réactions des collègues d'un savant plus influencés par les pressions politiques que par les avances scientifiques... jusqu'à ce que Staline en personne viennee encourager les recherches nucléaires.
Un vaste livre où de nombreux thèmes sont abordés et qui a du déranger le gouvernement soviétique qui s'est empressé de le censurer avant sa parution.
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[Vie et Destin | Vassili Grossman, Efim Etkind (Préfacie...] |
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amiread1
Sexe: Inscrit le: 16 Mar 2007 Messages: 812 Localisation: Chateaudun
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Posté: Ven 12 Fév 2010 22:51
Sujet du message: [Vie et Destin | Vassili Grossman, Efim Etkind (Préfacie...]
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Commentaires : 1 >> |
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Comment rendre compte d'un tel roman ? Dix mots suffisent pour exprimer la quintessence d'un livre de Christine Angot mais dix pages sur l'Agora ne suffiraient pas à épuiser la substantifique moelle du livre de Grossman. Faisons donc court sommaire et concis : c'est un roman russe. RUSSE. C'est à dire un pavé de 1200 pages dans l'édition du Livre de poche, plein de sentiments,sinon de sentimentalité,rempli de personnages,imprégné de philosophie, un livre de bruit et de fureur digne héritier des oeuvres de Tolstoï et de Dostoïevski.
Lire "Vie et destin" c'est la clef qui ouvre à la compréhension de l'URSS de la révolution de 17 à la glasnot de Gorbatchev.
Le pivot du roman c'est Stalingrad fin 1942 ; les armées allemandes de Von Paulus sont réduites à la défensive dans une Stalingrad de cauchemar, les combattants russes de Tchouïkov et Rodimtsev s'entèrrent tels des rats et résistent pied à pied en attendant la contre-offensive décisive de novembre-décembre 42 qui verra la rédition de Von Paulus.L'autre "point focal" du roman c'est la famille Chapochnikov, le chef de famille Alexandra Vladimirovna, ses fils, filles, petits-fils et filles,gendres,cousins...
Vassili Grossman en grand virtuose de l'écriture amalgame les deux composantes ; nous passons de Stalingrad à Kazan, puis à Moscou, en faisant de longues haltes dans les camps de prisonniers russes en Allemagne, puis de nouveau Grossman nous rammène en Russie à la Kolyma ou des membres de la famille Chapochnikov sont internés, puis ,tel un photographe il zoome sur les déportations de juifs ukrainiens ; il n'oublie pas les camps de la mort nazis . Il y a quelques pages presque insoutenables sur l'arrivée, la sélection et le gazage des juifs dans un camp qui pourrait être Auschwitz ou Tréblinka...
Mais plus qu'un roman descriptif d'une époque héroïque et frénétique , "Vie et destin" est un condensé d'accusations implacables contre tous les totalitarismes, qu'ils se revendiquent de droite ou de gauche. Vassili Grossman décortique les ressorts des idéologies mortifères du 20e siècle ; pour lui c'est une évidence Staline et Hitler sont les deux faces d'une même maladie idéologique. Il y a un passage époustoufflant où un vieil apparatchik russe détenu dans un camp en Allemagne, est confronté a l' Obersturmbannfürher Liss ; celui-çi démontre alors au vieux communiste que fascisme et stalinisme sont deux facettes d'une même idéologie. " NOS MAINS COMME LES VOTRES AIMENT LE VRAI TRAVAIL ET NOUS NE CRAIGNONS PAS DE LES SALIR .
Le livre de Grossman fut confisqué en 1960 par les autorités russes. C'est d'abord en Occident, en 1980 qu'il fut publié pour la première fois. Malgré la déstalinisation (22e congrés du PCUS) et malgré la relative tolérance de l'époque kroutchévienne, le brulot de Grossman ne passait pas. C'est tout le fondement du léninisme, c'est à dire les socles idéologiques de l'URSS, qui se trouvaient laminés . On voit dans le roman un ancien révolutionnaire de la première heure, un dénommé Krymov, accusé d'espionnage,de menées subversives... Battu,torturé,insulté,il conserve sa foi dans le communisme ; lui-même en 37 a condamné des "déviants" "des subversifs" , mais il ne fait pas le rapport entre ce qu'il subit et ce qu'il a f ait subir....
Et que dire de Victor Strum ? Physicien, scientifique de renom, son statut de juif le désigne à l'ostracisme gouvernemental après la victoire de Stalingrad (victoire du Peuple Russe...) ; son refus de plier aux oukases staliniens se trouvera annhilé par un coup de téléphone du petit père des peuples ; alors Victor Strum signera une belle lettre de dénonciation ignomineuse...
Grossman qui fut correspondant de guerre à Stalingrad,à fait le tour des idéologies qui prônent le bien et qui produisent le mal. Pour lui la seule attitude possible est au delà de ces systèmes qui nient l'Homme ; la bonté, la simple bonté, le geste humble tant pour les humains que pour les animaux, voilà ce à quoi nous devrions nous conformer. Un de ses "héros" , Ikonnikov , prisonnier des nazis, est son porte-parole.
" Quand s'exerce la violence,expliquait Ikonnikov,le malheur règne et le sang coule. J'ai assisté aux grandes souffrances de la paysannerie et pourtant le but de la collectivisation était le bien. Je ne crois pas au bien, je crois à la bonté."
J'ai été trop bavard ; je l'avais dit : rendre compte d'un tel ouvrage est une sacrée tâche....
Je dirais simplement qu'il y avait très longtemps que je n'avais lu un tel livre.
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[Vie et Destin | Vassili Grossman] |
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