Serge Mouret est un jeune prêtre dans un petit village en Provence à la nature rude. Son église, qui a besoin de restauration et attire peu de paroissiens, est une sorte de refuge où il vit heureux avec une vieille servante boiteuse.
A proximité, se trouve un château et son parc abandonné, le Paradou, à la nature luxuriante, habité par une jeune fille, Albine, et son vieux père athée.
La rencontre des deux jeunes gens est inévitable...

Bien sûr, c'est un Zola, bien sûr, c'est bien écrit. Mais ce livre là est différent: il prend des allures de grand poème, c'est une ode à la nature et les descriptions de plantes, d'animaux, sont d'une longueur, d'une lourdeur encyclopédique! Je n'ai pas pris beaucoup de plaisir à lire, j'ai même lu certains passages en diagonale.

Le roman des Rougon-Macquart sans doute le plus particulier... Une trame qui se résume aux trois parties du livre, ni plus ni moins avec une description parfois un peu excessive mais toujours très précise. Malgré la faiblesse de l'histoire, Zola définit avec justesse le parfait sentiment amoureux avec émotion et tendresse. Une fin à la Roméo et Juliette.

Un des Rougon-Macquart qui sort du lot lors de mon "marathon" Rougon-Macquart d'il y a maitenant quelques années.
Il sort du lot par un quelque chose d'un peu plus libre, d'un peu plus léger, dans le thème ; un thème presque subversif, et puis une atmosphère très sensuelle, très bien rendue, non seulement par les personnages, mais aussi par le décor environnant. Je garde ainsi une image très vive du jardin où se déroule une bonne partie de l'histoire.
Au final tout le livre est empreint d'une tristesse, une sorte de mélancolie, mais qui rajoute à l'attrait du livre, même si on a un peu envie de secouer le héros pour qu'il arrête de faire n'importe quoi. Au moins ça prouve que je suis bien rentrée dans le livre!

Opposition entre la religiosité culpabilisante de 19e siècle et la nature éclatante de vie, mise en avant dès la première scène où l'abbé Mouret célèbre la messe dans une église envahie par les moineaux et les branches de rosiers passant par les vitraux cassés, sans compter les herbes bloquant le portail principal.
Cette nature s'épanouit au Paradou, où Serge la découvre en compagnie d'Albine.
Les descriptions du Paradou font un pendant, saisissant de vie, aux natures mortes du ventre de Paris. Cependant Zola se laisse un peu emporter en faisant fleurir simultanément chrysanthèmes et muguet , en cueillant simultanément des poires et des cerises, en s'imaginant que les espèces cultivées pourraient survivre face aux espèces sauvages dans un jardin à l'abandon depuis cent ans. Mais bien sûr il ne faut chercher aucun réalisme dans ce livre (un grand écrivain se moque des étiquettes) mais une réécriture du mythe de la genèse et du Paradis terrestre, la mort n'étant plus la conséquence d'une "faute" mais de l'esprit borné et étroit de certains.