La vengeance de Chêne Rouge.
Le vieux chef Comanche Quercia Rossa tue ses ennemis avec leurs flèches. Tex Willer et Kit Carson, sur les traces de Chogan et de ses guerriers totalement assujettis, savent que Quercia Rossa est en chasse quand ils découvrent des Indiens tués avec leurs propres armes. Bien décidé à venger sa tribu massacrée par Chogan, Quercia Rossa s'allie aux rangers mais il compte quand même jouer sa partition solo. La partie se complique encore avec les jeunes prisonniers Comanches que Chogan veut mater et enrôler dans ses troupes. Kimy cherche à retrouver sa liberté et l'estime de soi. Il est prêt à endurer l'éducation guerrière du terrible Chogan.
Le scénariste Pasquale Ruju tisse habilement son histoire, entrecroisant les fils du passé quand Tex Willer a pu bénéficier de l'aide décisive de Quercia Rossa, à la trame du présent avec la perte des êtres chers, la venue de la vieillesse, la permanence de l'amitié et de l'amour. Chogan a bâti son leadership sur la force et la violence mais il demeure seul, privé de toute affection. Le retour sur son enfance en dit long sur sa solitude. L'enrôlement des enfants soldats, sinistre méthode utilisée de tout temps, tient une place importante dans l'histoire. Giuseppe Prisco est un dessinateur qui attire l'œil et le retient avec son trait vif et maîtrisé. Une nouvelle fois, l'aventure de Tex est riche et très agréable à lire.

Les flèches des ennemis.
Quercia Rossa est un vieux chef comanche valeureux et respecté. À la mort de sa femme, il s'isole dans le désert pour se laisser mourir mais pendant ce temps, son village est attaqué par des Indiens menés par l'intraitable Chogan. Averti par un rideau de fumée, découvrant le massacre des siens, le grand guerrier reprend les armes, récupère les flèches de ses ennemis et se lance sur la piste pour venger ses morts. Les rangers Tex Willer et Kit Carson traquent aussi les prédateurs Comanches qui sèment la mort et la désolation dans leur sillage. Inévitablement, les pistes devront se croiser et les alliances peut-être se constituer afin de contrecarrer la toute-puissance sanguinaire de Chogan.
Pasquale Ruju a produit une histoire bien ficelée où les personnages agissent et s'exposent dans un même mouvement, sur une trajectoire convergente. Les ellipses épargnent au lecteur des scènes de sauvagerie tout en donnant de la consistance aux protagonistes. Avec un flashback, le scénariste densifie la relation entre le ranger et le vieux chef Comanche. Le retour de Giuseppe Prisco au dessin est une belle surprise. Le trait est vif et précis. Il n'y a rien de négligé. Les détails et les expressions sont soignés. L'histoire se dévore de bout en bout. Elle se termine dans le numéro suivant. Difficile de se retenir pour ne pas se jeter dessus séance tenante !

Derrière le masque.
Tex Willer a remis la main sur Tom Colter, vieille connaissance honnie, un affairiste escroc de Farmington qui a partie liée avec les événements tragiques survenus auprès des Indiens Utes du Grand Lac salé. Colter a expédié deux hommes de main pour conduire une caravane de pionniers vers la Californie à travers les territoires indiens hostiles. Les faux guides amènent sciemment les migrants dans un piège mortel ourdi par le géant masqué et ses sbires en noir.
Second volet et dénouement d’une aventure riche en actions et en rebondissements, l’histoire demeure captivante jusqu’à son terme tragique lors de la confrontation finale.
Michele Benevento a rejoint l’éditeur Bonelli en 2009 sur des mini-séries et en 2019 sur Tex avec une superbe réalisation sur trois numéros consécutifs. Son trait vif, expressif est nourri de détails et d’aplats qui le charpentent. Quand scénario et dessin se combinent et s’épaulent, le résultat ne peut être que probant et le plaisir de lecture réel et constant. Une nouvelle fois, il est dommage qu’un dessinateur aussi talentueux soit si mal représenté sur le marché éditorial français.

Le monstre du Grand Lac Salé.
Un campement d’Indiens Utes au bord du Grand Lac Salé est sauvagement attaqué et détruit par un mystérieux groupe d’Indiens silencieux et vêtu de noir, mené par un géant dissimulé derrière un masque effrayant. Les rares survivants vont colporter qu’ils ont été assaillis par des créatures fantastiques. Les Utes sont prêts à quitter la région, libérant ainsi des espaces propices à la prospection et à l’enrichissement des Blancs. Tex Willer et Kit Carson n’acceptent pas la version indienne. Toute agression a une cause mais les rangers n’imaginent pas encore l’imbroglio qu’ils vont devoir démêler d’autant que le major Conroy, commandant du Fort Mason, auquel ils s’adressent semble vouer une haine aux Indiens de la région.
Premier volume d’un diptyque captivant, la nouvelle aventure de Tex Willer fascine autant par le climat fantastique et l’histoire implacable que par la mise en image inspirée et expressive. Michele Benevento qui avait déjà réalisé un magnifique triptyque (Tex 705, 706, 707) en 2019 revient aux commandes pour délivrer une nouvelle bande dessinée de haut niveau. Dommage que toutes ces productions de grande classe ne voient pas le jour en France, les quelques traductions n’intéressant que des niches éditoriales à coût élevé.