Les chevaliers du Cercle d’or.
A Austin, Tex Willer enquête, avec l’aide de son ami mexicain Pedro, sur le sort de son ami ranger Jim Callahan et il finit par tomber sur la société secrète, raciste, esclavagiste, belliciste, suprématiste, œuvrant à la constitution d’un nouvel Etat transfrontalier. Le jeune Texan n’est pas au bout de ses surprises.
Six numéros de soixante six pages distribuent les épisodes trépidants d’une aventure de jeunesse de Tex et constituent en bout de chevauchée un roboratif plat mexicain relevé par un mezcal de qualité. Tous les ingrédients sont là pour épicer une histoire pourtant couru d’avance mais que le talent du scénariste Mauro Boselli nuance suffisamment afin d’exciter les papilles. Bruno Brindisi demeure un dessinateur remarquable que l’impression et le format ne mettent pas assez en valeur.

Piège pour Jim Callahan.
Un bateau est immobilisé sur le Rio Grande par les rebelles de Juan Cortina et son chargement d’armes est saisi sans un seul échange de coup de feu. L’équipage et les passagers sont conviés au ranch de Cortina tout comme Tex Willer qui se voit confier la mission d’enquêter sur les agissements d’une société secrète influente et dangereuse.
Second volet lié à une rébellion mexicaine localisée à la frontière texane, la guérilla menée par Juan Cortina, élégant rancher mexicain à la barbe soignée, semblant encore empêtré dans les jupes de sa mère, paraît se dérouler en apesanteur, presque entre amis. Les menaces sont faites mais respectueusement. Le lecteur pourrait croire à une révolution de salon. Habilement, le scénariste chevronné Mauro Boselli entraîne le jeune Tex vers une histoire dans l’histoire, le détachant d’une valse-hésitation idéologique (soutenir les rebelles mexicains et lutter contre les Texans ou inversement) et le projetant dans l’aventure individuelle, l’action à poings nus contre des vrais méchants qui restent à identifier. Bruno Brindisi demeure un remarquable dessinateur, ayant parfaitement intégré les codes de la série et produisant des planches de qualité à un rythme stupéfiant.

Les guerriers de Juan Cortina.
L’Etat mexicain du Tamaulipas s’est embrasé sous la houlette de Juan Cortina, condottière local, en guerre contre les spoliations de territoire et les injustices sociales perpétrées par les riches Texans voisins. A Matamoros, ville mexicaine et fief de Cortina, il ne fait pas bon d’être un gringo nanti de signes extérieurs de richesse. Milton Faver, dépêché par le gouverneur du Texas Sam Houston, chargé de remettre en mains propres un message à Juan Cortina, y risque pourtant sa vie. L’arrivée providentielle du jeune Tex Willer vient rétablir à coup de poing le déséquilibre des forces en présence.
Mauro Boselli, scénariste bonellien sur tous les fronts où lutte Tex Willer, entame ici un nouvel épisode de la jeunesse du héros de papier. Il pose le décor, met en place les personnages, brosse l’histoire et la trajectoire des principaux protagonistes avant d’entrer dans le vif du sujet par la suite. En soubassement à l’aventure du futur Texas Ranger, un problème cornélien se dessine pour Tex et son engagement politique. Devra-t-il combattre aux côtés du Robin des Bois mexicain contre sa patrie texane ou l’inverse ? Bruno Brindisi, infatigable et talentueux dessinateur, reprend une nouvelle fois les pinceaux pour enrichir une série consacrée à la jeunesse de Tex Willer qui tient la route avec allure et prestance.

Texas Rangers.
Les rangers Buck Barry et Dan Bannion sont sur la piste du hors-la-loi Tex Willer. Pour le shérif d’El Paso, Willer a organisé le vol des armes militaires pour les vendre aux insurgés mexicains. Pour les soldats corrompus de Fort Bliss, Willer est le bouc-émissaire tout désigné. Si Buck Barry est prêt à embrasser cette idée, Dan Bannion veut d’abord vérifier les allégations des autorités policières. La rencontre avec Tex Willer dans le désert va s’avérer décisive. Pourtant John Coffin, sinistre comanchero craignant la vengeance du jeune Texan depuis sa complicité dans le meurtre de son frère Sam Willer, soudoyeur, manipulateur, calculateur et tueur tire suffisamment bien les ficelles pour faire tomber Tex Willer.
Ultime numéro clôturant l’aventure initiée dès le fascicule 24, soit au total 330 pages trépidantes, des hommes mordent la poussière, d’autres se relèvent grandis. Dans sa quête rédemptrice, Tex Willer laisse en chemin des amis, s’en découvrent de nouveaux. Justicier dans l’âme, la voie policière commence à jalonner son parcours et à l’entraîner progressivement vers la légalité. Si Tex Willer n’est pas encore à même d’endosser la tenue du ranger, il apprécie les hommes de valeur qu’il rencontre. Pourtant, jamais il ne pourra suivre les règlements à la lettre. Son application de la loi sera toujours très personnelle dans la mesure où l’efficacité prime. Pour Willer, il est inutile de tergiverser avec les salauds.

Les trafiquants de Coffin.
Soledad, la jeune mexicaine qui servait à l’auberge, a jeté son dévolu sur Tex et avec ardeur et courage, s’expose à tous les dangers pour informer son héros des allées et venues dans la ville. Deux sbires de la bande à Coffin la repèrent et la menacent méchamment. Tex et Jimmy interviennent opportunément mais Soledad, dans son fougue et sa jeunesse, amène aussi le danger sur sa famille. Au village de Las Cruces où vit sa mère, deux autres tueurs inféodés à John Coffin la recherchent afin d’approcher Tex Willer. Pendant ce temps, Coffin fait affaire avec des soldats de Fort Bliss pour prendre possession d’un chargement d’armes de l’armée. Tex, mis sur la piste des trafiquants, aperçoit au loin les militaires aux griffes des bandits. Il intervient mais essuie un tir nourri autant des soldats que des comancheros.
Le scénariste continue de dévider son récit avec habileté et fluidité. Tex réfléchit, agit avec discernement mais si l’ennemi ne paye pas de mine, rondouillard et transpirant, il n’en esquive pas moins la confrontation, ourdissant ses pièges sans l’ombre d’un scrupule. Dessinateur transalpin autodidacte, Bruno Brindisi est un maître de la bande dessinée mais ses œuvres nombreuses dans son pays pour l’éditeur Bonelli (Dylan Dog, Nick Raider, Martin Mystère et Tex Willer) demeurent inédites en France au grand dam d’un lectorat exigeant et connaisseur.

El Paso del Norte.
Soigné et distingué, Dan Bannion est de retour à Austin, au quartier général des Texas Rangers. Il retrouve ses coéquipiers au Lone Star Saloon qui discutent à propos du cas de Tex Willer jugé courageux et intègre par Kit Carson et Arkansas Joe, hors-la-loi et dangereux pour Buck Barry et, de propos en insinuations, déclenchent une rixe générale. A El Paso, John Coffin, dernier complice de la mort de Sam Willer et encore vivant s’est fait oublier de Tex. Coffin craint Tex comme la mort mais cela ne l’empêche nullement de mener rondement ses trafics d’armes. Tex, le hors-la-loi et son ami Jimmy, le voleur de chevaux, se rendent à El Paso afin de rencontrer Coffin.
El Paso del Norte, village aux marges du désert et au bord du Rio Grande est le lieu où se joue l’avenir de Tex Willer, pris en étau entre la vendetta et la justice, entre des bandits sans scrupules et des rangers vertueux. Bruno Brindisi poursuit l’œuvre « bonellienne » avec un graphisme toujours aussi efficace et plaisant. Les épisodes suivants vont s’avérer décisifs.

Règlement de compte au White Horse.
Cow-boy accompli et rompu à l’art du rodéo, Tex Willer, jeune homme libre et indépendant, se lie d’amitié avec un Appaloosa jusqu’à lors indomptable qu’il appelle Dynamite tant son intelligence vive et son tempérament fougueux les entraînent dans des cavalcades échevelées et salutaires. Pendant ce temps, Sam Willer, son frère, est demeuré rancher mais harcelé par des bandits masqués, il refuse une offre d’achat de sa propriété par Tom Rebo, affairiste épaulé d’une bande de gangsters à sa solde. Sam Willer décide de s’appuyer sur le shérif local pour se faire entendre auprès de Rebo. Peine perdue, le shérif est assujetti à Rebo qui assassine sans barguigner Sam Willer. Apprenant la sinistre nouvelle, Tex Willer décide de venger son frère lâchement abattu avec la complicité du shérif. Le règlement de compte va avoir lieu à Culver City, au White Horse, saloon où s’épatent Reba et sa bande.
Episode clé dans la genèse du futur Texas Ranger, la vengeance de la mort du frère entraîne le jeune Tex Willer dans la spirale d’une mise hors la loi. Malgré sa vaillance et sa droiture, Tex devient la cible privilégiée des agents fédéraux, des shérifs et des chasseurs de primes. Une vie de fuite, d’errance et de violence se profile pour un homme confronté à une justice défaillante. D’un trait toujours aussi vif et précis, Bruno Brindisi charbonne davantage ses cases, apportant un surcroît de densité.

Les razzieurs de Nueces.
Dans le camp des Chiricahuas, le jeune Tex Willer évoque son adolescence auprès de son ami Jimmy et du grand chef apache Cochise, son frère de sang. Ses parents arrivent en pionniers dans la vallée du Nueces. Sa mère emportée rapidement, Tex s’aguerrit au contact de Gunny Bill, un deuxième père pour lui qui seconde aussi au ranch son propre père bien aimé, Ken Willer. Quand des pillards mexicains s’en prennent aux troupeaux et aux hommes de Nueces, la vie de Tex Willer bascule.
La nouvelle série consacrée à la jeunesse du futur Texas Ranger puise dans un passé que les créateurs du personnage en 1948 n’ont fait qu’esquisser. Il existe donc des lignes directrices mais peu de matière entre les jalons du mythe. Le scénariste Mauro Boselli a donc les coudées franches dans un cadre strict. L’auteur a eu l’idée de faire resurgir le passé de Tex à travers sa propre mémoire et l’évocation des événements avec des retours en arrière. Bruno Brindisi dessine toujours avec la même maestria, rapidement, précisément et vivement.

Entre les mains de la loi.
Pistant toujours le hors-la-loi Tex Willer, l’agent fédéral Brian Carswell a retrouvé en chemin le capitaine Payne, blessé et amnésique, laissé pour mort lors d’une confrontation avec les Séminoles. Carswell et Payne tombent dans une embuscade en pleine jungle.
Le lieutenant Fairfax, guidé par Lou, le renégat, jusqu’au village séminole, arrive de nuit avec une compagnie de soldats sous ses ordres pour massacrer tous les Indiens endormis. Le désir de gloire de Fairfax n’a d’équivalent que sa haine pour le jeune Tex Willer qui s’est mis en travers de son chemin.
Le n° 23 termine l’aventure en Floride de Tex alors dans la fleur de sa jeunesse. Hors-la-loi malgré lui, Tex préfère fuir plutôt que d’affronter un représentant de la loi qu’il respecte. L’agent fédéral Carswell sent et sait que sa proie est exceptionnelle. Le jeune homme en cavale répand dans son sillage, amour, justice, amitié et révèle les âmes noires avec leur cortège de lâcheté, violence, mépris. Michele Rubini a mené jusqu’à son terme, avec une maîtrise graphique exceptionnelle, les 384 pages de l’aventure en terre séminole. L’histoire à peine achevée, le lecteur espère déjà une nouvelle œuvre réalisée par le talentueux dessinateur transalpin.

Guérilla dans le marais.
En s’enfonçant dans les marais, Tex Willer est encerclé par les Séminoles qui pensent l’éliminer sans autre forme de procès. Une intervention providentielle sursoit à son exécution sommaire. Aucun Blanc n’a jamais été admis dans la tribu indienne. Tex va devoir s’imposer par sa valeur et sa détermination. Toutefois, il devra choisir son camp et combattre avec les Séminoles contre ses anciens camarades de régiment. S’il veut éviter un bain de sang, il lui faudra composer avec les factions en puissance mais les soldats sont sous la coupe du lieutenant Fairfax, désireux d’en découdre pour se couvrir de gloire. De plus, l’agent fédéral Carswell, pistant toujours le hors-la-loi Tex Willer, a rejoint le commandement militaire établi dans la jungle. Il aimerait être guidé dans les marais mais tous les volontaires civils se défilent sauf un, Dick Queen, dont le père a trouvé la mort en pourchassant le fugitif Tex Willer.
5e et avant-dernier volet des aventures de jeunesse en Floride du jeune Tex Willer, l’action se recentre sur la guérilla dans les marais avec la découverte des guerriers Séminoles, leur manière de vivre et de penser. Après l’immersion du jeune Texan parmi les soldats, son arrivée chez les Séminoles contrebalance une vision partisane en humanisant des deux côtés les belligérants quelles que soient leurs motivations. Tex Willer, à la charnière, Blanc au cœur rouge, peut faire la synthèse et trouver une 3e voie, celle de la concorde mais tous les enfers sont pavés de bonnes intentions. Le graphisme de Michele Rubini, au style parfaitement identifiable, s’autorise toutes les audaces. Réaliste, fouillé, le dessin n’en demeure pas moins extrêmement lisible.

Les volontaires de Floride.
Sergent dans l’armée régulière, Tex Willer dissimulé sous le faux nom de Ben Walker, sauve une patrouille du massacre et protège efficacement les chariots et les provisions de l’attaque des Séminoles. A l’aube, le régiment décimé par la guérilla revient sans le capitaine Payne, disparu au combat. Le lieutenant Fairfax prend les commandes et tente de galvaniser les soldats. Il envoie le sergent Walker et un groupe de volontaires civils afin de pister l’ennemi dans les terres marécageuses de Floride. Accompagnés de redoutables pisteurs creeks, ils découvrent un village séminole mais Walker refuse de livrer les Séminoles, femmes, enfants, personnes âgées, au massacre. Averti, le village est déserté. Walker déserte et s’enfonce dans la forêt avec des ennemis de toutes parts, les Séminoles, Fairfax et les volontaires de Floride lancés à ses trousses.
Déjà le 4e volet des aventures du jeune Tex Willer en Floride et la tension narrative parfaitement ajustée ne faiblit pas ! Le scénariste Mauro Boselli agence les actes tel un tragédien aguerri. Michele Rubini multiplie les prouesses graphiques sans lésiner, soignant l’environnement et la luxuriance de la jungle, travaillant les ombres et les contrastes dans des scènes nocturnes vivantes. Le duo d’auteurs transalpins réalise une superbe fresque foisonnante et baroque, charnelle et vibrante dans laquelle Tex Willer, le héros de papier, bâtit sa légende.

Sur la terre des Séminoles.
A Tampa, bourgade de Floride, Ben Walker alias Tex Willer gagne sa vie en tant que joueur de poker avec la connivence du propriétaire du saloon. Les soldats de Fort Brooke viennent aussi s’y divertir. Le lieutenant Fairfax, officier formé à l’Institut militaire de Virginie vient y parader et y faire sa loi. En s’en prenant à Zoé, jeune et belle métisse du saloon, Fairfax se fait virilement recadrer par Ben Walker, déclenchant une rixe généralisée. L’arrogant lieutenant humilié voue une solide rancœur à l’aventurier texan. Le capitaine Payne commandant le régiment a remarqué les talents de Ben Walker et souhaite l’enrôler. Fuyant toujours l’agent fédéral Carswell et le sachant proche, Walker pourrait accepter l’uniforme pour s’anonymiser encore davantage mais il se rendrait pieds et poings liés sous la coupe de Fairfax et surtout il devrait participer à la guerre contre les Séminoles alors même qu’il les respecte et sait que leurs droits les plus élémentaires ont été bafoués.
Le 3e volet est centré sur la vie mouvementée de Tex Willer à Tampa. Alors qu’il s’enfonce dans les profondeurs et les bas-fonds de la ville afin de se soustraire à la traque policière, le jeune Tex Willer se rapproche inexorablement de l’épicentre de la violence et des manigances en tous genres. Michele Rubini fournit une prestation graphique éblouissante. Le noir & blanc sied parfaitement à son dessin magistral. La profusion des détails, l’expressivité des corps et des faciès, les cadrages éloquents participent au plaisir d’une lecture qu’on ne souhaiterait jamais voir s’arrêter.

Fuite en mer.
Dans le village des Chiricahuas, le soir, autour du feu, Tex continue de raconter à ses amis Cochise et Jimmy Jones sa fuite devant l’agent fédéral Brian Carswell et ses aventures en Floride. Remontant le golfe du Mexique en chevauchant Dynamite, Tex atteint le port de Galveston et embarque in extremis sur le Mary, bateau à vapeur à destination de Tampa, en Floride où la guerre entre l’armée américaine et les Séminoles fait rage. L’opiniâtre limier Carswell a aussi rejoint le Mary et il compte bien piéger le jeune hors-la-loi.
Second volet de 66 pages d’une grande aventure comptant au total 384 pages et intitulée « Sur la terre des Séminoles », la « Fuite en mer » se focalise sur une traversée mouvementée qui voit le futur ranger mettre en œuvre un redoutable savoir-faire pour débusquer les magouilleurs de toute espèce. La différence avec les aventures ultérieures réside dans la mise en avant d’un pouvoir de séduction notamment auprès de la gente féminine. L’histoire est particulièrement bien troussée dans son huis-clos flottant. L’arrivée en Floride promet bien des rebondissements. Michele Rubini délivre une épure avec un trait totalement maîtrisé, encré au plus près du crayonné, d’une expressivité remarquable. Bien que très personnel, le style de Michele Rubini est imprégné par celui de son mentor et ami Stefano Andreucci, autre grand styliste du 9e art.

L’agent fédéral.
Brian Carswell est un agent fédéral pugnace. Secondé par une troupe de shérifs supplétifs, il représente la loi quel que soit l’Etat américain. Le jeune Tex Willer est dans le collimateur de Carswell et de ses aides, tous déterminés à le capturer pour lui faire payer la mort des assassins de son père et de son frère. Puisque Tex respecte les hommes de loi, il refuse d’engager le combat et prend la fuite.
Le scénariste Mauro Boselli reprend la main sur la série narrant les aventures de jeunesse de Tex Willer alors qu’il n’est qu’un hors-la-loi fuyant la vindicte policière. Sur les trente-cinq fascicules de 66 pages déjà parus depuis novembre 2018, Mauro Boselli en a écrit vingt-neuf soit plus des trois quarts de la série soit encore plus de 1 900 pages scénarisées. Il connaît les codes et sait doser ses histoires afin que les règles tacites de la série soient respectées. Ainsi, quand Anita, la belle Mexicaine, se love dans les bras du fringant Texan torse nu, le baiser qui s’ensuit fait date mais ne dépareille en rien la saga du héros. Le fascicule n° 18 entame une nouvelle aventure et Michele Rubini délivre une splendide partition graphique. Son talent indéniable apporte à la série et aux personnages une force inaugurale. Tex est irrésistible avec son regard félin et son sourire esquissé. Sa force animale est contenue par une éthique inébranlable. Michele Rubini insuffle une vitalité extraordinaire dans des histoires pourtant totalement maîtrisées. La lecture est un pur plaisir de chaque instant.

Le piège de Méphisto.
Dans le quartier noir de Saint-Louis, Mefisto met le feu. Venu assassiner Abraham Lincoln, il s’avance vers son but telle une force démoniaque que personne ne semble pouvoir stopper. Pourtant, des samaritains vont s’interposer au péril de leurs vies. Même si Kate Warne, dépêchée par l’agence Pinkerton pour assurer la sécurité de Lincoln, se débat avec courage et efficacité en pleine lumière, dans l’ombre agit avec intelligence, courage et détermination le jeune Tex Willer, pourtant paria de la société dont la tête a été mise à prix.
Le 4e volume clôt une histoire en 264 pages imaginée par le prolifique et talentueux scénariste Mauro Boselli. En brassant la longue histoire du ranger, il recompose la jeunesse du Texan à rebours en y instillant des éléments en concordance avec le mythe du Texas Ranger déjà largement développé. Roberto de Angelis (né en 1959) est un dessinateur napolitain d’un talent ébouriffant mais son œuvre demeure confidentielle en France où peu d’albums ont été traduits. Travaillant depuis 1989 aux éditions Bonelli, il semble maintenant se concentrer sur la nouvelle série consacrée à la jeunesse de Tex Willer qui fournit chaque mois depuis novembre 2018 son fascicule de 66 pages. 24 numéros sont déjà parus (au 17/10/20) dans lesquels Roberto de Angelis a déjà dessiné 528 pages soit un tiers de la production totale. Sa prestation graphique demeure un régal visuel.

Attentat à Lincoln.
Tes Willer est confiné dans la demeure de Mister Mason, instigateur d’un attentat contre Lincoln alors avocat briguant le poste de sénateur mais dont les idées abolitionnistes effraient les affairistes et les politicards. Vite démasqué, le futur ranger, encore hors-la-loi depuis qu’il a vengé la mort de son frère, est pris à partie par Quinn, l’homme de main de Mason et son groupe d’hommes soumis au plus offrant. Tex cherche à joindre coûte que coûte Kate Warne de l’agence Pinkerton afin de l’avertir de l’imminence du crime mais cette dernière est tombée aux mains du redoutable illusionniste Steve Dickart alias Mefisto. Mason, quelque peu déstabilisé par la turbulence de Tex Willer a rejoint Mefisto qui décide de prendre en main l’attentat alors que Lincoln se présente sans protection à un groupe d’Afro-américains sous l’égide du pasteur Meachum. Pour le génie du mal, l’occasion est trop belle de briller des flammes de l’enfer.
Ce 3e volet d’une histoire mouvementée s’appuie sur des faits historiques. Dans l’excellence de la prestation graphique de Roberto De Angelis, il n’est pas facile d’extraire une planche plus remarquable encore dans le continuum narratif de grande tenue et de haute voltige, peut-être lorsque le trait se simplifie et s’épure, l’ensemble se résumant à des masses d’ombres expressives comme lors de la traque du ranger dans la pénombre de la villa. Le récit trouve sa conclusion dans le n° 13 « Le piège de Méphisto ».

Les conspirateurs de Saint Louis.
La jeune et jolie Kate Warne, grimée en Miss Geraldine Lovett, une vieille dame respectable, prend ses quartiers dans un hôtel classieux de Saint-Louis d’où elle pourra étudier les allées et venues des notables et glaner des informations peut-être décisives quant à l’avenir d’Abraham Lincoln, avocat pris pour cible. Elle y repère Hugh Stanton attablé, secrétaire de Lincoln, comme dépossédé de lui-même, sous l’influence hypnotique de Mefisto. Reçu dans la riche demeure de Mister Manson, Tex Willer se voit enrôler sous le nom de Ben Watts afin de rejoindre l’équipe chargée d’éliminer Lincoln mais en attendant de passer à l’action, Tex est consigné dans une chambre de la demeure et ses faits et gestes sont surveillés. L’étau se resserre autant sur Kate Warne, Tex Willer qu’Abraham Lincoln.
Le deuxième volet d’une aventure comptant 264 pages réparties sur quatre numéros (Tex Willer 10 à 13) fait la part belle aux malfrats et aux assassins qui avancent leurs pions sans que rien ne puisse s’y opposer. Kate Warne, détective privée de l’agence Pinkerton fait pâle figure face à un Steve Dickart diabolique, conscient de sa force mentale. Tex Willer semble improviser en se jetant dans la gueule du loup. Le secrétaire Hugh Stanton est sous la coupe de Lily Dickart qui l’a séduit et embobiné et sous l’hypnose de Mefisto qui lui ordonne d’amener Lincoln dans un piège mortel. Roberto De Angelis continue de fournir une prestation graphique exceptionnelle. Sa capacité de travail est remarquable.

Pinkerton Lady.
Steve Dickart et sa sœur Lily débarquent à Saint-Louis, grand port américain à la confluence du Missouri et du Mississippi. Dickart, futur Mefisto, propose en public un spectacle d’illusionnisme et en privé ses services mafieux au plus offrant. Pendant ce temps, à plus de 400 kilomètres au nord, à Chicago, Allan Pinkerton, depuis son agence de détectives privés nouvellement créée en 1850, confie à son bras droit Kate Warne de veiller personnellement à la sécurité d’Abraham Lincoln, candidat républicain au sénat. Kate se rend à Saint-Louis mais elle est pistée et expédiée dans le « grand fleuve ». Le jeune Tex Willer, quelque peu désœuvré, va se trouver mêlé au complot fomenté contre Lincoln.
En combinant cinq trajectoires, celle des Dickart, de l’agence Pinkerton, des comploteurs, de Tex Willer et d’Abraham Lincoln, le scénariste Mauro Boselli met en place une histoire riche pleine de rebondissements et de chausse-trappes. Roberto De Angelis réalise une partition graphique exceptionnelle. Tout est réussi, cadrages, expressions, décors avec un luxe de détails renversants. Le plongeon de Kate Warne dans les eaux noires du Mississippi constitue peut-être le point d’orgue de la maestria graphique du dessinateur napolitain. L’aventure se déploie dans les numéros suivants.

La captive.
En franchissant l’enceinte du ranch Sangriento, Tex et ses compagnons jouent avec le feu en tentant de libérer les deux dernières prisonnières mais si Julie échappe de peu à la lubricité d’un nervi de garde en état d’ébriété, Tesah, l’amie de Tex, a été déplacée jusqu’à Nueva Asuncion, le quartier général de l’armée du nord du commandant Ortega. Tesah, gardienne d’un trésor indien devient l’objet d’une convoitise exacerbée et une monnaie d’échange entre le rancher mexicain Contreras et le commandant Ortega. Si Tex veut sauver son amie, il va devoir prendre des risques insensés et improviser en tenant compte du potentiel de ses deux compagnons Pedro et Miguel.
Bien que l’éditeur distille le plaisir en divisant le nombre de pages par deux du Tex mensuel tout en maintenant un prix de vente quasi similaire, les 64 pages de la nouvelle série Tex Willer constitue une aubaine pour les aficionados du personnage et de son univers. Si la trame scénaristique repose sur les alliances et les amitiés qui se font et explosent dans le feu de l’action et les opportunités, le graphisme de Bruno Brindisi reste au taquet et charme par son élégance et son expressivité. La précision du trait repose sur des trames charbonneuses d’un bel effet de matière. Le fascicule 8 vient clore une aventure enthousiasmante, pétaradante et respectant les canons du genre.

Le ranch Sangriento.
Tex et ses compagnons approchent la nuit du campement apache afin de tenter de soustraire les jeunes prisonniers destinés à un sort funeste. Ils n’arrivent toutefois pas à leurs fins car deux captives, Tesah et Julie, manquent à l’appel. Le ranch Sangriento appartenant à Don Felipe Contreras allié aux généraux mexicains rebelles semble constituer le nouvel endroit à investir pour Tex, Pedro, Miguel et Jim, cow-boy incontrôlable. L’endroit est fortifié et farouchement gardé par des Mexicains à la solde de Contreras.
Le 3e épisode trépidant défile sans mollir. Tex essaie de colmater les drames, de recoller les morceaux en soustrayant les victimes et rescapées temporaires de situations toujours plus exposées. Le dessinateur poursuit brillamment sa prestation de haut vol.

Coyoteros !
Pedro et Miguel, deux déserteurs de l’armée mexicaine, s’unissent à Tex Willer désireux de soustraire enfant et jeunes femmes dont son amie Tesah des griffes des comancheros et des Apaches Coyoteros. Si les Blancs kidnappés sont cédés aux Apaches comme esclaves, la jeune Tesah, gardienne d’un trésor indien, représente une pièce maîtresse de la rapine des comancheros cornaqués par le riche rancher mexicain Don Felipe Contreras. Pour Tex, le temps est compté car tout peut arriver aux victimes, viol, torture, exécution, les Coyoteros comme les comancheros ne s’encombrant d’aucune compassion ou mansuétude.
2e volet d’une aventure classique dans sa thématique, un justicier cherche à soustraire des innocents de la convoitise de prédateurs, le scénario emmaillote des variantes qui apportent tout le sel à l’histoire. Tex est encore hors-la-loi. Pedro et Miguel sont deux anciens soldats mexicains malmenés par les événements. Le rancher Contreras est en cheville avec un général mexicain rebelle, etc. Chacun défend ses intérêts en essayant de tirer son épingle du jeu au moment opportun. Les ententes ne sont qu’éphémères et artificielles. Bruno Brindisi est un dessinateur hors pair capable d’aligner les planches de qualité sans faiblir soit 330 pages réparties sur 5 numéros.

Les deux déserteurs.
Au sud du Nouveau-Mexique, le jeune Tex Willer observe à la longue-vue la mission espagnole de San Esteban du Désert assaillie par des bandits de grands chemins. La horde sauvage se précipite mais les frères et quelques locaux arrivent à se réfugier dans le monastère. La troupe de pillards mexicains, assoiffés de sang et de rapine, commencent à défoncer à la hache la porte en bois. Lancé sur son fidèle Dynamite, Tex Willer surgit et s’insère dans la mêlée pétaradante. Entre les vétérans, déserteurs de l’armée mexicaine et le jeune hors-la-loi intrépide, le combat est inégal d’autant que les religieux sont inaptes au combat et les civils réfugiés terrorisés.
Mauro Boselli, scénariste prolifique spécialisé dans les histoires de Tex Willer, fournit la deuxième aventure de la nouvelle série consacrée à la jeunesse du héros, à cette époque hors-la-loi recherché par la justice. Bruno Brindisi succède brillamment à Roberto de Angelis alors que la barre était placée haute. Menée à bride abattue, l’histoire se dévore d’une traite, sans temps mort ou ralentissement. Tex semble irrésistible dans sa jeunesse flamboyante. Les jeunes femmes se pâment face à tant de courage, de beauté et de détermination réunis mais Tex est un solitaire et un homme d’action. Il passe et la chienlit trépasse. Des amitiés se construisent aussi, inattendues et indéfectibles à l’instar des deux déserteurs rescapés de l’attaque inaugurale. Trois numéros sont encore nécessaires pour conclure ce récit endiablé.