Deuxième tome des aventures de Nik Oumouk, "La France a peur" est une hilarante farce qui croise les deux obsessions de l'auteur : la banlieue et le terroir. Nic, après avoir tenté de cramer quelques automobiles, se retrouve contraint d'accepter un travail d'intérêt général dans une ferme en pleine cambrousse. Autant dire que le choc sera rude et que le Tintin du 9-3 va avoir quelques réjouissantes difficultés d'adaptation. Mais comme nous sommes dans une véritable BD d'aventure à l'ancienne, Oumouk va devoir aussi lutter contre une terrible menace, bien plus effrayante que le terrible Edukator.

Conclusion
Voilà un Manu Larcenet de haut vol. C'est vraiment hilarant, et beaucoup plus acerbe que "Le retour à la Terre". Quelques corps de métier en prennent pour leur grade : la télé, les avocats. Lorsque Nik Oumouk arrive à la campagne, ça baisse un peu d'intensité, et on retrouve l'auteur qu'on connaît bien.

Nic Oumouk, accusé par erreur d'être un émeutier, se voit obligé d'accepter des travaux d'intérêt général en PROVINCE, dans la campagne profonde, chez un agriculteur qui mêle le bio et les recettes de terroir revisitées (le kebab au goujon). Les rapports sont assez tendus entre Nic et son patron, et surtout avec les galinettes de Limou...

Je serai moins sévère qu'hamnessa sur les dernières pages de la BD, même s'il est vrai qu'on tombe dans le grand N'Importe Quoi : je crois qu'il est voulu et si Larcenet décide de dénoncer autre chose que l'aliénation des banlieues, ce n'est pas hors-sujet avec ses préoccupations en général : j'ai pensé au Retour à la terre assez souvent.

Nic Omouk, le "p'tit beur" de la cité a bien des soucis : il est martyrisé par Yannick Noah, le roi du racket, il a des soucis avec Edukator, le super-héros de la cité qui punit les gamins qui font des fôtes d'orthograffe et en plus, il est le seul à avoir reconnu le dangereux terroriste qui se cache dans le quartier...

J'ai beaucoup aimé ce Nic Omouk, dont on me disait du bien mais sur lequel j'ai eu du mal à tomber! Beaucoup d'humour, de la finesse, il m'a bien plus, à moi (et à mon fils aussi, qui nous ressort régulièrement des répliques particulièrement bien senties)! je vais voir si je peux l'acheter pour le collège...

Avec un tel titre, et les premières vignettes (un gamin des cités en train de tagger) j'attendais le pire, mais j'ai été agréablement surprise.

Les aventures de Nic Oumouk partent un peu tous azimuts : le petit Chaperon rouge racketté par Yannick Noah, le délinquant des lieux, Edukator, le super héros de la cité faisant corriger l'orthographe et la syntaxe des tags, Jean-Bruno ("jambonneau") cherchant une salle pour répéter son rap, l'assistante sociale avec la plus grosse concentration à la phrase carrée de mots comme "intégration", "immigration", "carence", et complètement à côté de la plaque, l'instit' obsédé par le respect, l'éducateur devenu flic, l'étrange squatteur peignant des fleurs conformes au Coran...
Au milieu de cette profusion, en fil directeur, une famille de femmes seules, dignes, mais non dépourvues d'humour, et un enfant dont le père est parti (où?) qui se cherche une place et un avenir radieux (lucratif), sont vraiment touchants.