Le roman commence par la mort de Benjamin Sachs, tué par sa propre bombe. Car Sachs, ex-écrivain prometteur, a tout abandonné pour devenir le Fantôme de la Liberté, personnage devenu célèbre dans tous les Etats-Unis des années Reagan en dynamitant l'une après l'autre les multiples statues de la Liberté ornant les villes américaines. Mais comment et pourquoi cet écrivain plein de promesses en est-il arrivé à devenir un terroriste ? C'est à cette question que cherche à répondre son ami Peter Aaron, lui-même écrivain (et double littéraire de Paul Auster), dans ce récit traité à la manière d'une biographie.
Mais
Léviathan, ce n'est pas seulement l'histoire de Benjamin Sachs, c'est aussi une réflexion sur le métier d'écrivain au travers du couple Peter/Benjamin, deux visions complémentaires de l'écrivain.
D'un côté Peter, écrivain qui a réussi et veut croire aux valeurs de la création littéraire. Il veut trouver et écrire la vérité à propos de Sachs avant que le FBI ne découvre qu'il était le Fantôme de la Liberté et que la réputation de Sachs ne soit entachée à jamais. Aaron se trouve alors confronté à la tentation de la fictionnalisation, la tendance qu'il pourrait avoir à déformer l'histoire, à changer certains faits pour les conformer à SA réalité.
De l'autre côté Benjamin, celui qui n'y croit plus et cesse d'écrire pour se lancer dans l'action. Des actions un peu dérisoires (attenter aux statues de la Liberté, sans pouvoir s'en prendre à la principale) mais courageuses et d'une grande portée symbolique. Sachs cherche ainsi à éveiller les consciences, à mettre en garde son pays qui a perdu de vue ses valeurs.
Dans
Léviathan nous assistons donc à un double combat : celui de Sachs contre son pays, et celui d'Aaron contre lui-même.
J'ai trouvé ce roman parfois très lent (surtout dans les deux premiers tiers) mais aussi généreux, le second aspect faisant que l'on poursuit sa lecture en dépit du premier.
le cri du lézard