Le démon de la montagne.
Tex Willer, Novak et Pat, l’ami irlandais sont sur les traces que Narvaez a laissées dans son sillage de mort et de désolation jusqu’à son repaire inexpugnable de la Sierra Negra. Tout est fait par le chef Yaqui pour exacerber le désir de vengeance et attirer le ranger, chef des Navajos dans un traquenard mortel. Les faits et gestes du trio d’amis sont surveillés et rapportés à Narvaez. Les jeux semblent faits et les perdants déjà désignés.
Le n° 470 apporte développement et conclusion à l’histoire imaginée par Mauro Boselli et débutée dans le n° 469. Tex Willer combat un chef indien particulièrement retors, manipulateur et cruel. Raffaele Carlo Marcello (1929-2007) est un dessinateur prolifique et enthousiaste. Sa production est étourdissante durant les années 1950-1990. Son « Cavalier masqué », par exemple, série-fleuve et fleuron des petits formats (Sagédition) compte environ 3 000 planches fournies entre 1955 et 1966. Malgré la pression éditoriale d’après-guerre poussant à la production intensive, jamais Marcello ne bâclera son travail. Son trait restera toujours souple, précis, élégant et expressif. Alors qu’il aspirait à une retraite méritée dans sa ville natale de Vintimille, en Italie, Marcello reprendra l’encre et les pinceaux pour travailler sur les séries emblématiques de Zagor (1 128 planches inédites en France) et de Tex Willer (2 451 planches dont une petite moitié traduites en français dans le PF Rodéo). Avec Marcello, la bande dessinée populaire reprend du lustre et du panache.

La montagne maudite.
Jeff Sutton et sa bande s’installent dans la montagne hantée pour bivouaquer. Tex Willer et Kit Carson tentent une approche discrète afin de soustraire le jeune Andrés retenu comme otage. Rapidement les coups de feu partent. Si les rangers réussissent le début de leur plan d’action, la riposte des affidés de Sutton est coriace. La soif va tarauder les rangers car la partie s’éternise et se complique au fur et à mesure des échanges mortels. De plus, de mystérieux Indiens apparaissent comme des fantômes et s’attaquent indifféremment à tous les profanateurs des lieux sacrés. Kurt Weiser, le père d’Andrés, n’est pas resté les bras croisés. Il se dirige avec ses compagnons Apaches vers les lieux de l’affrontement.
Suite et fin de l’histoire imaginée par Mauro Boselli, la soif de l’or entraîne toutes les prises de risque possible et tous les coups bas imaginables. A l’avidité des hommes se mêle la frayeur de la mort à travers des apparitions fantomatiques. Dans ce parcours chaotique dans un no man’s land dantesque, il vaut mieux être imprégné de bonnes intentions afin de pouvoir franchir les cercles de l’enfer. Jose Ortiz excelle à restituer les ambiances sombres aux ombres portées tranchantes comme un couperet céleste.

La mine hantée.
En 1868, en Arizona, dans les Monti Superstizione, vingt ans après le massacre d’un convoi de prospecteurs d’or mexicains par des Apaches embusqués, Kurt et Jacob ont « hérité » d’une carte au trésor. Rendus sur les lieux du massacre maintenant jonchés d’os blanchis, ils s’apprêtent à pénétrer la grotte maudite et à mettre la main sur un pactole en lingots d’or. Quelques années plus tard, en visite à Phoenix, Tex Willer et Kit Carson viennent au secours du vieux Kurt Weiser chahuté par des voyous jaloux de sa richesse, de Maria, sa jeune et belle compagne Apache et de leur jeune fils muet Andrés. Situé sur leur chemin, les rangers acceptent l’invitation de Kurt dans son ranch à la limite de la sierra maudite. Quelque temps plus tard, un riche rancher sans scrupule, Jeff Sutton a mis la main sur l’ancien compagnon de Kurt, Jacob Stolz, devenu fou. Avec l’aide d’un médecin retors et avide, le docteur Manning, Sutton obtient une cartographie de la mine aurifère. En montant son expédition, Sutton décide de kidnapper le jeune Andrés afin de faire pression sur Kurt Weiser le cas échéant. Alertés par les malversations de Sutton, les rangers arrivent trop tard au ranch de Weiser.
Petite pépite en deux volets, « La miniera del fantasme » revisite habilement le thème du voleur volé ou du moins du voleur hanté par le remords et les fantômes du passé. Avec ses retours en arrière et ses ellipses, le récit se construit sur des zones d’ombres qui favorisent les projections fantasmatiques. Jose Ortiz livre une belle prestation graphique avec son trait vigoureux et fouillé. Son dessin possède encore de l’épaisseur dans le travail des masses et de la profondeur dans le jeu des hachures croisées. L’année suivante, le grand dessinateur ibère simplifiera son trait, réduisant la portée de son graphisme.