5 livres correspondent à cette oeuvre.
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Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Jeu 04 Juil 2024 18:18
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Bloquée à l'étable, la vache Lupuline a du temps pour raconter au jeune veau la vie des hirondelles de fenêtre. Tout d'abord les six mille kilomètres parcourus depuis l'Afrique noire et le retour fin mars des avant-coureurs, majoritairement des mâles identifiables à leurs longues queues effilées, la prise de possession des meilleures places dans l'étable, le ménage des nids, les sérénades, Tante Lupuline narre par le menu l'entrée en scène d'Anatole bientôt rejoint par Mikiola avec qui il va chabadadiser dans les numéros suivants. Vient ensuite la minute testamentaire chez le notaire de la grande dame Hermann, âgée de 93 ans, tortue sauvage qui, au cours de sa déjà longue vie, aura vu le mitage de son habitat de garrigues par la gangrène pavillonnaire et l'apparition d'incendies dévastateurs dus à l'abandon et au manque d'entretien des terres agricoles. Enfin, cerise sur le gâteau ou plutôt plantes sur les murailles, La Hulotte en expose dix, une par page, afin de découvrir le merveilleux à portée de nez qui demeure pourtant quasiment tout le temps invisible : Rue des murailles aux feuilles déjantées, Polypode à la racine sucrée, Cétérac, fougère dorée, Capillaire rouge, fougère chevelue, Ruine de Rome aux fleurs élégantes, Grande Éclaire à la sève corrodant les verrues, Laitue des murailles aux feuilles baroquement dentelées, Orpin brûlant aux feuilles âcres, Joubarbe des toits soi-disant paratonnerre naturel, Corydale d'or, "la princesse des vieux murs".
Le bon maistre Pierre Déom régale avec sa royale revue conçue à l'économie, page au format A4 pliée en deux et agrafée, en noir et blanc mais d'une rare élégance et d'une richesse profuse quand on a la curiosité de soulever la couverture en quadrichromie. Qualité de l'information, approche pédagogique, humour de bon aloi et splendides dessins aux incroyables textures, du ventre duveteux de l'hirondelle à la carapace de la tortue, la dentelle des points et des croisillons restitue toutes les matières. Digne fils d'Hergé, Pierre Déom insère une hilarante galerie de personnages en commentaire du texte, certains récurrents, d'autres exceptionnels comme ces diablotins qui s'extasient devant la capacité destructrice d'une boîte d'allumettes, un des démons hors cadre allant jusqu'à s'exclamer : "Divin !"
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Mer 06 Sep 2023 19:01
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La Hulotte, la petite encyclopédie des champs et des bois, est une mine de diamants bruts qui jaillissent puis étoilent les yeux des lecteurs penchés sur le précieux fascicule. Il existe un noyau dur et inaltérable au sein de la collection comme un âge d'or où l'équilibre entre information scientifique et illustration virtuose est établi avec des relais visuels constants depuis les dessins fouillés jusqu'aux bandes dessinées, créant une synergie enthousiasmante, une vitalité débordante que l'humour et la tendresse rehaussent encore.
Le numéro 60 ne déroge pas à ce constat. Pierre Déom, diamantaire inspiré, taille ses articles afin que les sujets traités : l'Hirondelle de cheminée, le Lapin de garenne, l'Araignée Napoléon, les Arbres-fourmiliers, brillent d'un éclat propre, d'une couleur unique, sans aucune impureté et composent un petit bijou de plusieurs carats offert à qui voudra s'en saisir. Déjà, les deux hirondelles, posées en vis-à-vis sur les cornes de la vache Lupuline, écrivent le poème. Sous la plume inspirée de l'auteur, le nid de l'hirondelle se découvre autrement quand on voit l'aronde malaxer et maçonner chaque boulette argileuse amalgamée à des brindilles qu'elle colle consciencieusement jusqu'à obtenir un quart de sphère, un nid en béton armé accueillant des générations d'hirondelles qui, ramené à l'échelle humaine, représente un bâti de boue résistant un millier d'années durant. Utilisant la chaleur de l'étable et les plumes des poules, les hirondelles font feu de tout bois. Une bande dessinée amusante et didactique explique ensuite la formation des arbres fourmiliers et là encore, les illustrations fouillées des arbres remarquables adjointes aux cases dessinées s'épaulent et se répondent admirablement. Les délicatesses et la pudeur avec lesquelles le lapin sauvage consomme et déguste une partie de ses excréments permettent d'approcher une pratique animalière secrète totalement justifiée et fort louable. Enfin, l'Araignée Napoléon s'expose sur deux pages avec le bicorne de l'empereur parfaitement identifiable sur le dos.
Chaque numéro de la Hulotte est une oeuvre unique d'une richesse inépuisable qui s'insère dans un ensemble profus et cohérent, ramifié et relié, toujours en mouvement, vivant.
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Mer 16 Oct 2019 14:25
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Le second volet des aventures de l’Aulne précise les caractéristiques d’un arbre silhouetté comme un sapin avec sa forme conique, doté d’une croissance exceptionnelle (un mètre par an dans les premières années pour culminer à 30 mètres en fin de course). Son fruit (le strobile) ressemble aussi à une pomme de Pin sylvestre miniature. Les feuilles du vergne demeurent vertes jusqu’à leur chute tardive fin novembre. La sève monte dès février à destination exclusive des chatons femelles et mâles qui enflent et se pâment dans une flopée de pollen.
Pierre Déom fournit à nouveau un merveilleux fascicule sur un arbre omniprésent et méconnu. A l’aide d’Ulysse Martagon, docte personnage en redingote, coiffé d’un béret basque et portant le monocle, le lecteur découvre la galle de l’aulne (tumeur née d’une réaction foliaire à la salive toxique d’un acarien, l’Eriofie lisse et servant de loge à sa larve). S’ensuivent les champignons vivant en symbiose avec l’aulne (bolet livide, Lactaire lilas, petite coupe, obscur et autres actinomycètes, mi champignon, mi bactérie, fixateurs d’azote depuis le réseau racinaire de l’arbre) et enfin les insectes parasites tels les Galéruques, coléoptères proches du Doryphore.
Les dessins sont soignés, précis, élégants, agrémentés de personnages secondaires récurrents qui bonifient le récit par des ajouts complémentaires et des apparitions humoristiques, animant les pages, apportant une respiration, installant une connivence. La lecture de la petite encyclopédie des champs et des bois repose sur un inestimable trésor qui ne demande qu’à percoler les esprits et répandre ses gemmes dans les regards éblouis par la munificence de la nature.
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Lun 30 Sep 2019 16:16
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A l’aune de la toise d’un vergne.
Le vergne, le verne ou l’aulne désignent le même arbre d’eau et de lumière pourtant resté dans l’ombre de la méconnaissance. Aigri par cet oubli injustifié et jaloux des autres cadors forestiers (épicéas et chênes en majesté), l'aulne s’en ouvre à La Hulotte qui est un chouette volatile empathique et une greffière patentée diligente. Le récit de l’aulne s’avère être étonnant et riche d’enseignement. Omniprésent le long des rivières ou des plans d’eau, il se repère par sa forme conique, ses feuilles ovales à l’extrémité tronquée voire échancrée, ses milliers de strobiles noirs ressemblant à de petites pommes de pin contenant les graines. S’ensuit une discussion entre une graine d’aulne et une mésange à longue queue afin de connaître les meilleurs emplacements pour germer et croître. Tous les pièges sont posés, entre l’ombre des autres arbres, les tronçonneurs obstinés ou les tarins des aulnes (« les tueurs à la petite moustache »), passereaux migrateurs friands des graines qu’ils savent dénicher au plus profond des strobiles les mieux cadenassés.
Premier fascicule consacré à l’aulne glutineux, Pierre Déom donne toute la mesure de sa maestria avec un savoir-faire pédagogique ébouriffant, la mise en place d’une histoire qui tient la route et son illustration époustouflante dans laquelle s’insèrent en complément et avec humour les encarts explicatifs bienvenus et les personnages récurrents dont Adrien Desfossés, naturaliste en herbe éternellement jeune, coiffé de son sempiternel chapeau conique et admiratif inconditionnel des splendeurs de la nature. Pierre Déom est à son sommet. Ses dessins pleine page sont d’une beauté remarquable, d’une finesse et d’une précision incomparables. Le fascicule à couverture en papier conserve encore un aspect artisanal mais tout, dans la mise en page, l’enchaînement du récit et l’insertion des dessins, montre la maîtrise d’un instituteur appliqué au-delà du raisonnable, approchant une perfection de forme et de contenu sur le canevas classique de la leçon de choses.
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[La Hulotte. 99, L’oiseau des glaces | Pierre Déom] |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Ven 18 Avr 2014 11:17
Sujet du message: [La Hulotte. 99, L’oiseau des glaces | Pierre Déom]
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Une pie espionne (pour ne pas dire épie) le Martin-pêcheur et tient un journal relatant les faits et gestes du volatile. Les bonnes feuilles paraissent dans La Hulotte, canard spécialisé en l’espèce. De nature séduite par tout ce qui brille, la pie ne peut que s’extasier face à la beauté du Martin-pêcheur nanti de pattes rouge vif et d’un plumage bleu saphir : « […] ses plumes ne contiennent même pas de pigment bleu : elles se contentent de décomposer la lumière. Selon l’incidence des rayons du soleil ou l’angle sous lequel on le regarde, son plumage peut paraître bleu turquoise, indigo, vert émeraude : une pure merveille ! ». Le corvidé loquace détaille la technique de pêche du Martin qui, depuis un perchoir approprié, repère un poisson de la taille idoine, entre deux et dix centimètres, calcule instantanément la trajectoire de sa plongée selon la profondeur, jamais supérieure à un mètre et la réfraction lumineuse qui décale la vision. Sous l’eau, une membrane recouvre son œil afin de le protéger. Le Martin continue sur sa lancée, à l’aveuglette mais il manque rarement sa cible. L’air dans son plumage le ramène rapidement et sans effort à la surface. Le poisson en bec, le Martin l’assomme en le cognant à coups redoublés contre son perchoir. Jaloux de son territoire, l’oiseau bleu se radoucit à l’approche du printemps et accepte les allées et venues d’une belle intruse parée de saphir et de turquoise. Il va même jusqu’à lui montrer ses coins de pêche afin de la rassurer quant aux ressources halieutiques de son bout de rivière. Ils pourront élever leurs petits qui ne manqueront de rien. Le choix du terrier est crucial pour la suite des opérations. Il doit être creusé dans une berge à la fois meuble et solide, en léger surplomb au-dessus de l’eau, à bonne hauteur afin d’éviter les crues, les incursions des prédateurs notamment les mustélidés ou l’excavation faite par les blaireaux friands des couvées. Si le terrier se trouve éloigné de la rivière, les allers-retours demandent une énergie supplémentaire parfois considérable aux parents. Certains Martin contraints par le terrain peuvent effectuer jusqu’à quatre cents kilomètres par jour. En deux petites semaines, un tunnel de 75 cm tout en longueur et en légère pente est disponible avec une chambre exiguë pour recevoir les sept œufs dont la blancheur les rend bien visibles dans l’obscurité du terrier. Les oisillons sont tenus au chaud entre eux et sous le plumage des parents. Passés l’âge de onze jours, ils deviennent thermo régulés. Ils sont nourris avec des alevins présentés tête la première afin que les nageoires soient dans le bon sens et ne les étouffent pas. La pyramide d’oisillons agglomérés présente un seul béjaune à la fois face à l’entrée. Quasi aveugle, la lumière au bout du tunnel l’attire et lui indique dans quelle direction il doit projeter sa fiente, dans la pente, vers l’extérieur. En même temps, dès qu’il a reçu sa provende, il se décale dans un mouvement naturel de tourniquet et laisse la place au suivant sur le manège. Un mois plus tard, la femelle quitte mystérieusement le nid. Seul le mâle continue d’assurer la surveillance et la subsistance de ses poussins.
Une nouvelle fois, Pierre Déom, le magicien de la plume et des pinceaux, éblouit son lectorat avec l’histoire naturelle du Martin-pêcheur contée par une pie bavarde, double de lui-même, en toute modestie. Tels la souris, la coccinelle ou le pou de pubis de Gotlib, la pie accompagne avec humour les illustrations du Martin. Historiette dans l’histoire, la pie a son mot à dire et sa présence à exhiber pour le plus grand bonheur du lecteur. On est séduit par le beauté de l’oiseau et ses capacités d’adaptation. Une foultitude d’informations savamment distillées enrichissent le journal de la pie et renseignent au mieux le lecteur sur les mœurs d’un oiseau des rivières, somme toute secret, flèche bleue lancée dans les étés aveuglants de nos enfances enfuies.
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