Un ranger pour ennemi.
La bande de McDormand s’est éparpillée mais elle n’en continue pas moins ses braquages, larcins et assassinats. Le ranger Jack Loman, obsédé par la vengeance, n’a pas de peine pour pister les despérados bien peu discrets. Tex Willer et Kit Carson traquent aussi les mêmes malfrats mais découvrent au fur et à mesure les méthodes brutales et criminelles du vétéran Loman, visiblement en proie à des hallucinations spectrales et à une culpabilité inavouable. Une explication de Tex avec Loman paraît inévitable.
Suite et fin d’une aventure initiée dans le Tex mensuel n° 598, « Un ranger per nemico » amène la tragédie jusqu’à sa conclusion particulièrement plombée. Le dessinateur argentin fournit une belle prestation, son trait ne mollissant pas jusqu’au bout du récit. ERGS dispense une œuvre équilibrée, expressive et suffisamment fouillée mariant élégance et lisibilité.

L’épreuve du feu.
En Arizona orientale, au sud du fleuve Gila, les rangers Tex Willer et Kit Carson s’installent pour un bivouac jusqu’à ce qu’ils voient apparaître une vieille connaissance, le ranger vétéran Jack Loman, accompagné de deux adjoints ainsi que de son fils Michael désireux de suivre la carrière illustre de son père. Loman traque la bande de Tom McDormand, sanguinaire détrousseur de banques. Michael Loman vit sa première mission sur le terrain. Tex et Kit décident de prêter main forte aux policiers. La cache des despérados est découverte, le piège ourdie. Jack a confié son fils Michael à Tex qui décide de le poster en retrait, cantonné à surveiller les arrières afin de lui épargner l’épreuve du feu. La fusillade s’enclenche mais rien ne se déroule comme prévu. Le drame éclate.
Pasquale Ruju signe une histoire forte, n’hésitant pas à confronter l’amitié et l’amour filial. Acculé par le chagrin, l’impuissance et la culpabilité, un homme peut-il se transformer en bête fauve, reléguant toute morale dans un cul-de-basse-fosse ? Ernesto Garcia Seijas donne à voir le scénario mouvementé de Ruju, d’un trait délié, précis et expressif. Le dessinateur argentin sait tout représenter, les paysages, les textures, les visages dans une mise en page dynamique et lisible. Son art est manifeste et le résultat est une réussite. La tragédie se clôt dans le n° 599, « Un ranger per nemico ».

L’arche de pierre.
Afin de s’emparer du stock d’armes, une trentaine de guerriers Utes menés par Rubidio vont tenter d’attaquer l’avant-poste militaire fortifié de Blufold défendu par une poignée de soldats rejoints par Tex Willer et Tiger Jack.
Les guerriers Navajos sous l’égide de Nakatee viennent se battre contre les Utes de Chien Jaune mais ces derniers vont se dissimuler dans les chaos rocheux de Falcon Bridge, attendant en embuscade le passage des Navajos.
Suite et fin d’« Oltre il fiume », « Il ponte di roccia » constitue l’épicentre de la furia indienne. Sans temps mort, le récit chevauche les grands espaces désertiques, écumant, d’escarmouches en tirs groupés, jusqu’à la mise à nu des hommes quand les subterfuges s’évanouissent et qu’ils doivent affronter leurs ennemis coûte que coûte. Le graphisme de Jose Ortiz est reconnaissable avec des aplats structurants que les hachures peaufinent, un cerne vigoureux et dynamique capable d’insuffler du mouvement au moindre décor ainsi qu’une vitalité explosive aux trognes grimaçantes, exsudant rage de vivre et peur emmêlées.

Au-delà du fleuve.
Chien Jaune est un chef indien Ute vivant exilé dans le désert depuis qu’il a été vaincu par Tex Willer alias Aigle de la nuit, chef des Navajos. Ukasi, sorcier pratiquant la magie noire, est aussi un paria rejeté par sa tribu. Connaissant l’histoire et le mauvais sort de Chien Jaune, il décide de lui rendre visite et de le convaincre de sa toute-puissance afin qu’il puisse se repositionner comme chef tribal. Le but d’Ukasi est de déclencher une nouvelle guerre indienne entre Utes et Navajos et de se venger d’Aigle de la nuit. Ukasi semble pouvoir tuer à distance par la force de sa volonté. Galvanisé, Chien Jaune croit en sa nouvelle étoile et s’impose auprès de son clan. Tex, assailli de cauchemars prémonitoires, est contraint de constater l’avancée inexorable du mal incarné par le duo méphitique Chien Jaune et Ukasi. Les villages navajos sont détruits et les innocents massacrés. Il faut réagir mais les forces du mal semblent invincibles.
Scénariste patenté de l’écurie Bonelli, Claudio Nizzi a imaginé une nouvelle histoire dans laquelle le surnaturel semble s’immiscer à travers la magie noire d’Ukasi. Jose Ortiz donne corps à un récit échevelé où les fusillades et les galops rythment une course-poursuite incertaine. Par sa maestria graphique, sa science des cadrages et de la mise en page, le grand artiste ibère insuffle une vitalité remarquable que les années n’émoussent pas. L’aventure se conclut dans le n° suivant.

Trois longues journées.
Tex Willer a fort à faire pour convaincre les chefs cheyennes à ne pas s’engager sur le sentier de guerre. Il réussit à obtenir un répit alors même que Wes Turbin, l’agent corrompu des Affaires indiennes a sciemment mené à la mort deux fils d’un chef tribal en fournissant une médecine frelatée, attisant à dessein la colère indienne pour le compte de l’affairiste Rockman. Braden, son homme des basses œuvres continue ses manigances et tend ses pièges afin d’éliminer les rangers.
Le scénariste Claudio Nizzi sait orchestrer les scènes d’action jusqu’à la confrontation finale qui ne déçoit pas, les hommes s’avérant souvent veules face à la mort. Pasquale del Vecchio fournit un travail d’exception. Son graphisme élégant n’élude pas les tensions et les violences, bien visibles et presque palpables.