Popol, chapelier, voit son commerce péricliter. Il se rend au Far West accompagné de sa femme Virginie, toujours digne, impassible, aimante même dans les périodes de tension extrême. Les Indiens lapinos sont d'abord séduits par les chapeaux haut-de-forme de Popol mais très vite, le sorcier et le sachem de la tribu, tous deux intéressés par les dividendes retirés des ventes de coiffes en plumes, décident de lancer une offensive contre les deux pionniers et mettent tous les guerriers du village lapinos sur le sentier de la guerre. Les péripéties s'enchaînent et sitôt extirpé des attaques indiennes, le couple devra affronter le bandit Bully Bull. Heureusement, Fleur d'Azur, cheval bleu, fidèle et dévoué compagnon des chapeliers, a plus d'un tour dans ses fers. Tout finira bien grâce aux sapeurs pompiers.
Tous les personnages de l'histoire ont des faciès d'animaux. Popol et Virginie sont deux ours, Bully Bull un bull dog, le maire un canard... Publiée d'abord en noir et blanc dans Le Petit Vingtième en février 1934, l'histoire sera remaniée et paraîtra en couleur dans le journal Tintin en 1948. Casterman réédite en 2008 un fac-similé d'après l'édition de 1952. L'album est anecdotique dans l'oeuvre d'Hergé mais il n'en demeure pas moins plaisant à lire. Toutes les invraisemblances passent car on évolue dans un monde merveilleux et enfantin. Disney et les frères Fleischer ne sont pas loin, Benjamin Rabier non plus. Le dessin est simplifié, presque schématique parfois mais la mise en page rythmée et les belles couleurs en aplat rehaussent l'album, entraînant le lecteur dans un enchantement naïf et constant. Toutefois, on ne peut pas complètement occulter le contexte de l'époque car les aventures de Popol et Virginie reflètent aussi la grande crise des années 30. Réalisant là un travail alimentaire, Hergé montre un réel talent que Tintin (né en 1929) va décliner à l'envi.

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