Charles Juliet parle de ses deux mères, celle qui l'a mis au monde puis celle qui l'a élevé. La première est vraiment un personnage intéressant, enfant de la campagne, grandissant dans un milieu rude, où ses droits sont quasi inexistants. Elle se réfugie dans la lecture de la Bible, seul livre qu'elle ait pu trouver un jour et depuis garder précieusement, pour le sortir de sa cachette lors de ses rares instants de liberté. Elle a de la volonté, des ambitions, mais la vie s'acharne et ne lui offre pas grand chose d'autre que des malheurs. J'ai admiré sa combativité et ai ressenti de l'empathie pour elle ; l'auteur ne l'a finalement pas connue, mais il a su raconter sa vie supposée avec beaucoup d'émotion.
Il nous parle ensuite de son autre mère, celle qui l'a fait grandir et l'a entouré de son affection. C'est une belle histoire aussi, mais moins touchante ; la vie romancée de l'autre mère est tellement plus poignante!
Vient enfin la propre vie de Charles Juliet, son parcours, qu'il raconte avec pudeur, avec une sorte de timidité toute mignonnette! Je suis sûre qu'en le croisant j'aurais de la compassion pour lui rien qu'en le regardant, même sans savoir à qui j'ai affaire ni en connaissant la moindre bribe de sa vie. Il semble avoir fait de la tristesse une sorte de part de lui-même.
Une des particularités de l'écriture, dans ce livre, réside dans le choix de la narration à la deuxième personne du singulier : c'est singulier (huhu) et un peu déroutant, mais c'est justement cette originalité qui m'a plu. Je retiendrai surtout de Juliet un vrai talent pour émouvoir l'air de rien, pour écrire avec pudeur mais sensibilité.
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