Relecture lente, où chaque phrase a été savourée, la trame m'étant connue. Et il s'agit réellement du seul moyen de jouir entièrement ce monument de prose introspective, sur fond d'un Orient plein de byzantinismes, de despotisme, de cruauté, de noblesse, de grandeur; car une extrême lenteur de la prose ne fait que souligner les multiples nuances tourmentées d'une âme sans cesse torturée. L'âme d'un pusillanime constamment rongé par l'indécision et le repentir, d'un pur assoiffé de foi et d'amitié, d'un mystique grisé par le pouvoir, tel un Thomas Beckett oriental.
Il s'agit d'une oeuvre qui perdrait peut-être plus qu'elle ne gagne à être située dans le contexte yougoslave des années 60, dans le cadre d'une réflexion sur la psychologie de l'arbitraire politique, ou historique, sur la domination ottomane dans les Balkans, car elle s'inscrit entièrement dans l'universel de l'homme soumis aux forces contradictoires du pouvoir et de sa conscience.
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