[Dans le scriptorium | Paul Auster, Christine Le Boeuf (Traducteur)]

Dans le scriptorium
traduit de l'américain par Christine Le Boeuf
Editions Actes Sud

Ouf, je suis soulagée..Je comprends pourquoi j'oublie les romans de Paul Auster aussitôt reposés. Lui aussi!!!
Il me semble toutefois que c'est celui là dont je vais me souvenir le plus longtemps , car cela m'a semblé être une fable-noire- sur l'écriture, et l'angoisse d'un écrivain qui ne sait plus trop ce qu'il a fait de ses personnages antérieurs , et qui ne se retrouve dans son élément que quand on lui donne le début d'une histoire, alors là le pilote automatique est réenclenché..Et donc la vie. Là, il a des repères, ailleurs, il n'en a plus. Qu'une chambre close ( mais l'est-elle?), que des étiquettes qui retranscrivent ce que sont les objets qui l'entourent,( mais c'est facile de les déplacer) que des personnages qu'il peine à reconnaître, et pourtant c'est lui qui les a créés..
Et le livre se referme sur lui-même...

" Quand cette absurdité prendra-t-elle fin?
Elle ne prendra jamais fin. Car Mr Blank est l'un d'entre nous désormais, et si désespérément qu'il s'efforce de comprendre ce qui lui arrive, il sera toujours perdu. Je crois parler pour tous ces pupilles quand j'affirme qu'il n'a que ce qu'il mérite- ni plus, ni moins. Non point comme une sorte de châtiment, mais comme un geste de justice et de compassion suprêmes. sans lui, nous ne sommes rien, et le paradoxe ,c'est que nous, les chimères du cerveau d'un autre nous survivons au cerveau qui nous a fabriqués, car une fois lancés dans le monde, nous continuons à exister à jamais et on continue à raconter nos histoires, même après notre mort.
Il se peut que Mr Blank ait agi avec cruauté envers certains de ses pupilles au cours des années, mais pas un seul d'entre nous ne pense qu'il n'a pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour bien nous servir. C'est pourquoi j'ai l'intention de le laisser où il est. La chambre est son univers, désormais, et plus le traitement durera, plus il finira par reconnaître la générosité de ce que l'on a fait pour lui. Mr Blank est vieux et affaibli mais, aussi longtemps qu'il reste dans la chambre avec la fenêtre aveuglée et la porte verrouillée, il ne peut ni mourir, ni disparaître, ni être jamais autre chose que les mots que j'écris sur cette page.. "

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