Pas tous très catholiques !
Un recueil de nouvelles qui fut une des première œuvres de Joseph O’Connor traduite en français. Une nouvelle comme «Le dernier des iroquois» fut reprise pour faire un roman.
Les amours homosexuels d’un militaire britannique et d’un militant de l’I.R.A dans un Belfast déchiré par «Les troubles», comment s’aimer quand tout vous sépare, surtout que les états-majors de deux camps vous espionnent. L’exil d’Eddie Virago dans «Le dernier des mohicans» ou celui de ce jeune homme naïf, qui rencontrant une jeune fille, Catriona, dans l’avion pour Londres, loue une chambre dans le même hôtel qu’elle. Durant la soirée, elle lui parle de Damien, mais passe la nuit avec lui. Elle partira pour la journée le lendemain, et définitivement le surlendemain. Des nuits très fortement arrosées amèneront en plus de la gueule de bois, des séquelles irréparables. «Le magicien d’Oz», texte plein d’humour, laissera, à un arriviste prétentieux, une facture de téléphone, à la hauteur de la vengeance d’un être humilié.
«Ailsa» est une de mes nouvelles préférées, un homme amoureux de sa voisine du rez-de-chaussée commence par lui voler une lettre, puis une partie de son courrier, payant même certaines de ses factures. Et tout cela sans jamais lui dire un mot, refusant d’accompagner son épouse quand ils sont invités chez cette femme.
Un homme se pose la question, pourquoi sa femme morte dans un accident de train, tient-elle à la main «The Daily Sentinel», journal à ragots plutôt que son «Telegraph» habituel ?
Les deux amoureux de «La colline aux aguets» sont pathétiques, pleins de bonne intentions, mais des volontés supérieures causeront leurs morts. Les exilés partent à la conquête du monde, mais n’arrivent à rien, même pas à tromper leurs proches. Des personnages à la limite d’eux-mêmes, brimés par la vie, baignant dans leur alcool comme dans «La fête chez les bédouins» où un homme absolument normal en Angleterre, Joseph, devient une épave avinée en vacances, au grand désespoir de Marie son épouse. Laquellle Marie pas si sainte que cela couchera avec le meilleur ami de son mari. Alcool encore dans «Le fantôme» où un homme brillant policier finira clochard noyé dans la Tamise.
Les couples ont été brisés, puis recomposés, mais sous un vernis de mœurs libérées, les souvenirs sont encore présents. Un homme quitte sa femme, définitivement pense t-il et après des aventures rocambolesques, revient dans son giron au petit matin.
J’ai toujours pensé que les Irlandais étaient des maîtres dans l’écriture de nouvelles, Joseph O’Connor le prouve encore une fois.
Des textes relativement homogènes à part un ou deux un peu moins bons, mais tous de lecture agréable.
Extraits :
-Les bordures de trottoir étaient peintes, à intervalles réguliers, de motifs verts, blancs et oranges.
-Certains clients recevaient de l’argent de l’Etat, d’autres de l’I.R.A., quelques-uns des deux à la fois.
-«Avec l’Eire des indemnités, ça IRA» La dernière blague irlandaise à la mode.
-Le volontaire Liam O’Nuallain feuilletait un numéro de «Men Only» un magazine pornographique anglais auquel il était abonné sous son nom anglais William Nolan.
-On aurait dit une de ces foutues chansons de Christy Moore qui serait devenue réalité dans notre salon.
-Il se définit comme une bite, un Brillant Irlandais Transplanté à l’Etranger.
-C’est une histoire d’amour, soupire Jimmy. Nous les Irlandais, on a fait un putain de mariage avec l’alcool.
-C’est une fille intelligente Marie, vraiment, enfin pour une Anglaise
-Je ne suis pas comme vous, putains d’Irlandais. Vous n’êtes rien d’autres que des putains de sauvages. On devrait tous vous pendre. Sale race.
-Des ouvriers attaquaient la chaussée au marteau piqueur. Ils devaient être irlandais, se dit-il. Ils en avaient l’air en tout cas.
Titre original : True Believers.
Editions Phébus.
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