De la beauté
traduit de l'anglais par Philippe Aronson
Editions Gallimard
Quels rapports peuvent bien unir la famille Kipps, dont le père, universitaire afro-antillais, ultra-conservateur anglais martèle que les droits se méritent , à la famille Belsey dont la mère ,descendante d'esclave , américaine et mariée à un anglais blanc , décrète que Condoleeza Rice et Colin Powell lui donnent la nausée par "leur besoin enragé de se séparer de nous autres, genre: on a saisi notre occasion, et maintenant les quotas sont remplis, merci beaucoup, adios.".
Et bien pas grand chose...si ce n'est que les deux hommes sont tous deux des universitaires historiens de l'art , spécialistes de Rembrandt ( mais même sur Rembrandt, leurs avis divergent..) , que par un malheureux hasard le fils aîné d'une famille tombe amoureux de la fille de l'autre, et surtout qu'une romancière prend prétexte des conflits féroces entre les éléments mâles adultes de ces deux familles pour nous conter une histoire très compliquée...
C'est un livre que l'on ne peut raconter, car très touffu , très ambitieux, brassant beaucoup d'idées , beaucoup de références également, notamment bien sûr à tout ce qui a été écrit sur les querelles de clocher dans les milieux universitaires . Tout le monde en prend pour son grade,et on retrouve souvent avec plaisir le petit ton sarcastique de Zadie Smith, qui n'épargne personne! Ni les noirs ni les blancs, ni les vieux ni les jeunes, ni les intellectuels ni les non-intellectuels . Avec quand même une certaine indulgence pour le personnage féminin principal, cette fameuse Kiki ,qui va faire comprendre à son Howard de mari, représentant du politiquement correct, sympathique mais humain, ce que va lui coûter d'avoir "épousé une putain de grosse noire" et de se "tirer avec la fée Clochette".
Quant à la Beauté...bien malin qui saura la définir! Et chacun a sa propre vision, comme toujours.
Je laisse la parole à Howard et à sa vision personnelle:
" Howard demanda à ses étudiants d'imaginer que la beauté n'était que le masque du pouvoir. De se figurer l'esthétisme comme langage raffiné de l'exclusion. Il leur promit un cours défiant leurs propres croyances en l'humanité rédemptrice de ce que l'on s'accorde à appeler "Art"." L'art est le mythe occidental , annonça Howard pour la sixième année consécutive, qui nous permet à la fois de nous "consoler" et de nous "construire".
J'avais beaucoup aimé Sourires de loup, pas du tout L'homme à l'autographe. . Celui-ci me semble un bon roman, pétillant et souvent drôle, réfléchi, mais qui s'enlise toutefois de temps en temps tant interviennent de personnages qui ont chacun une personnalité bien définie servant le propos, mais peut être un peu trop, justement, avec trop de goût pour la démonstration, bref un peu lourdement.
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