[Millénium. T. 3, La reine dans le palais des courants d'air | Stieg Larsson]
Max Jacob avait surnommé la police secrète d’Etat allemande « gétapo ». La dénomination ironique du poète était hélas prémonitoire. En Suède, aujourd’hui, il vaut mieux savoir courir vite si Säpo et la police (peau lisse ?) nous collent aux fesses. La police de sûreté suédoise, la Säpo, tient à couvrir ses arrières. Une course minutée s’engage entre Mikael Blomkvist, le journaliste teigneux cherchant à réhabiliter coûte que coûte Lisbeth Salander, hospitalisée, incarcérée puis jugée et le groupe Zalachenko, policiers hors-la-loi de la Säpo prêts à tout pour se blanchir (écoutes téléphoniques, corruption, assassinats, …). Autant l’avouer d’emblée, le troisième tome de Millénium clôt en beauté la trilogie de Stieg Larsson. Le lecteur entre de plain-pied dans le complot politique, ne perd pas le fil de l’intrigue et ne s’ennuie jamais en dépit d’une procédure complexe et parfois austère mise en place, amenant inexorablement au procès de l’héroïne. Le livre oscille sans cesse entre la morale (le bien et le mal) et l’éthique (les us et les coutumes), les concessions étant parfois inévitables. L’auteur manie avec dextérité la multitude de personnages passant sans heurt de la petite à la grande histoire. La confrérie des hackers patentés volant au secours de Lisbeth est réjouissante. Parallèlement se jouent d’autres drames. Erika Berger, rédactrice en chef nouvellement nommée dans un journal concurrent, se trouve fragilisée à l’extrême. « Plume pourrie » distille son poison dans l’ombre et dans le dos d’Erika. Le pédopsychiatre Teleborian, infatué et pervers, le procureur Ekström, arriviste inconséquent, vont montrer l’ampleur de leur petitesse. Tout s’orchestre magistralement. Stieg Larsson n’oublie rien. L’épilogue est marqué par une scène d’anthologie que l’on pressent dès le départ : « Elle était enfermée dans environ mille mètres carrés avec un robot assassin sorti tout droit de l’enfer ». Le livre se termine par une phrase magnifique et définitive : « Elle ouvrit la porte et l’admit à nouveau dans sa vie. »
Merci Monsieur Larsson de nous avoir conté avec autant de talent les aventures de Lisbeth Salander mais vous nous laissez maintenant orphelins avec tous vos personnages fictifs tellement présents et auxquels on a fini par croire !
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