Je viens de terminer
Les disparus de Daniel Mendelsohn et ce livre est indéniablement un de mes coups de cœur de cette rentrée littéraire.
Daniel Mendelsohn fait partie de cette ultime génération qui a encore la possibilité de s'informer et de communiquer avec les survivants de l'holocauste (la génération des "petits-fils" de survivants). Je pense également à un autre auteur américain, Jonathan Safran Foer, et à son livre "Tout est illuminé", qui raconte les aventures d'un jeune écrivain juif américain en quête de ses origines.
Plus qu'un témoignage de ce que fût l'holocauste, Daniel Mendelsohn s'interroge surtout sur les pages manquantes de son histoire personnelle, à savoir ce que sont devenus le frère de son grand-père maternel (Shmiel), sa femme (Ester) et leurs quatre filles (Lorka, Frydka, Ruchele et Bronia).
Il sait qu'ils ont été tués quelque part dans l'est de la Pologne mais quand, comment, où… autant de questions qui le hantent jusqu'au jour où il décide de partir à la rencontre de ses disparus, et surtout des personnes qui les ont connus et qui vivent actuellement aux quatre coins du monde.
Afin de prendre une certaine hauteur par rapport à ces évènements personnels et d'atteindre l'universalité des thèmes abordés, l'auteur nous livre les premiers versets de la Torah ainsi que les commentaires de grands rabbins.
Le grand prodigue de l'auteur est de parvenir, à partir de son histoire unique et personnelle, à faire échos à notre propre histoire.
Qui de nous n'a pas regardé avec curiosité et questionnement de vielles photos jaunies de nos aïeux en nous demandant qui ils étaient, comment vivaient-ils, que pensaient-ils ?
Qui a connu l'exil d'un de ses parents ne se pose-t-il pas la question de savoir comment vivait-on là-bas, n'aurait le besoin de retrouver ses racines en rêvant de revenir sur les pas de ses ancêtres ? Comment ne pas se poser des questions sur les luttes fratricides, comment comprendre ce passage d'une bonne cohabitation multiculturelles à l'anéantissement d'une ethnie, d'une culture autrefois amie, ou du moins avec laquelle une bonne entente était possible.
Daniel Mendelsohn est sans conteste un humaniste : il ne juge pas et est convaincu que tous les humains sont semblables. L'ignominie, la cruauté, la lâcheté ne sont en rien une caractéristique nationale : où qu'on soit, il y aura toujours quelqu'un qui essayera de sauver son prochain au péril de sa vie et un autre pour le massacrer sans état d'âme, tout est et sera toujours une question de choix.
Il y aurait encore tellement de choses à dire au sujet de ce livre ! Mais je pense qu'il ne vous reste qu'une seule chose à faire : le lire tout simplement.
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