Peut etre aurais-je du commençer par un roman de Orhan Pamuk plutot que par les souvenirs d enfance et d adolescence du prix Nobel; en fait c est le mot "Istanbul" qui m a décidé à lire ce livre. J ai connu cette ville lorsque Orhan Pamuk y était étudiant, et peut ètre nous sommes nous croisés dans la foule stanbouliote ?! (fantasmes, fantasmes...).
C est un très beau livre qui mele la vie de O. Pamuk a la description minutieuse et érudite de sa ville natale ; car Istanbul pour Pamuk c est comme New-York pour Paul Auster, Ferrare pour Giorgio Bassani ou Newark pour Philippe Roth...On imagine le déchirement lorsqu il du la quitter suite aux menaces de mort des nationalistes turcs.
Né dans une famille de la bourgeoisie aisée,cultivée et occidentalisée, Orhan découvrira trés tot dans ses promenades à travers Istanbul le charme nostalgique et décadent de l ancienne capitale ; ses souvenirs de l Istanbul de sa jeunesse sont a l opposé de ce que les touristes rapportent d une cité portuaire ensoileillée et méditerranéenne ; c est avant tout le noir et blanc, la neige, la décrépitude,la saleté,l abandon des chefs d oeuvre ottomans aux incendies et aux saccages,le flot incessant des navires sur le Bosphore.... et puis comme le dit Pamuk, ce sentiment irrépréssible de perte, de manque... et aussi cet exercice périlleux d équilibre entre l Orient et l Occident continuellement menacé par les prises de pouvoir des militaires ou par le développement conjoint du nationalisme et de l islam intégriste.
C est dans cet Istanbul triste et douloureux,au sein d une famille en faillite-au propre comme au figuré- que Orhan décidera d abandonner sa vocation de peintre pour devenir écrivain .
Ce livre est parsemé de belles photos noir et blanc d Istanbul dans les années 50-60 faites par Ara Guller, grand photographe stanbouliote.
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