Cette lecture avait passionné chantereine, aussi étais-je impatiente de le lire à mon tour.
En réalité, mes sentiments sont mitigés, et pas forcément pour de bonnes raisons.
Tout d'abord, je me rends compte que je n'ai pas appris grand'chose que je n'aie pas su, d'une façon ou d'une autre, à travers des lectures parfois très anciennes, adolescence, à travers mes études... Désabusée par ces dernières, j'ai commencé par être extrêmement critique devant les deux premiers chapitres, consacrés à Marie-Madeleine et au Féminin sacré, consternants de bêtise, érigeant au rang de vérité scientifique des extrapolations aussi rigoureuses que la longueur et la largeur du bateau révélant l'âge du capitaine (l'évangile apocryphe de Philippe disait que Jésus embrassait Marie-Madeleine sur la bouche,
donc les Mérovingiens sont leurs descendants). Je passe, par charité pure, sur les étymologies fantaisistes.
Puis j'ai compris (avec moi, faut vraiment chauffer le diesel) que l'objectif, pourtant clair, de Burstein avait uniquement été de compiler (avec des redites lassantes parfois) tous les documents que Dan Brown avait utilisés, des plus rigoureux (ah, la sobriété salubre et lumineuse de Laura Miller !) aux plus loufoques. Il se contente de faire une synthèse régulière, puis une mise au point finale.
Au sujet des réactions chrétiennes (bonnes ou mauvaises) au
Da Vinci Code, il se permet de souligner avec pertinence que : "les problèmes d'éducation religieuse sont vraiment aussi graves que ce que prétendent les conservateurs catholiques. Si les éducateurs professionnels faisaient leur travail, tout croyant catholique ayant dépassé l'âge de l'école élémentaire saurait que les affirmations du livre de Dan Brown sont totalement fausses". Autrement dit, s'il est si facile de faire prendre des vessies pour des lanternes aux croyants, c'est qu'ils n'ont pas pris la peine d'asseoir leur foi sur la connaissance.
J'ai bien aimé les chapitres sur les codes (je ne savais pas qu'on trouvait en ligne des générateurs d'anagrammes, rendant la création d'énigmes un vrai jeu d'enfant) et les sociétés secrètes. J'ai été parfois un peu agacée par le chapitre qui relève point par point les invraisemblances narratives ou techniques du roman : bon, si Brown s'est trompé sur un numéro de moteur d'avion sans que cela change l'intrigue, on peut le lui passer, non ?
Je termine avec Laura Miller qui juge une des principales sources de Brown : "Tout l'attirail habituel des histoires paranoïaques se retrouvent dans cette virée d'un bon millier d'années : les hérétiques cathares, les Chevaliers du Temple, les rosicruciens, le Vatican, les francs-maçons, les nazis, les manuscrits de la Mer Morte, les Protocoles des sages de Sion, l'Ordre de l'aube dorée - tout le monde sauf l'Abominable Homme des neiges semble faire partie du jeu. L'
Enigme sacrée est un chef-d'oeuvre d'insinutations et de suppositions qui emploie toutes les techniques de la pseudo-histoire pour créer des effets symphoniques, justifiant ce tour de passe-passe en le présentant comme une "synthèse".
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