Mon Dieu, Andras! Je me permets de penser que c'est le moment de ta rencontre avec ce livre qui était défavorable. Sinon comment un roman si foisonnant d'intelligence, d'imagination, d'humour, de critique sociale, bref de génie a-t-il pu te tomber des mains...?
En fait, je suis un inconditionnel de Bulgakov (je songe à ce petit bijou de nouvelle "Coeur de chien", à sa biographie romanesque de Molière, et bien sûr au Maître...) et je trouve que son écriture et sa fortune relèvent d'un double prodige: son amitié personnelle avec Krushchev, et la circonstance que celui-ci, en 56, ait eu besoin d'un aède de la déstalinisation: ça n'arrive qu'une fois dans l'histoire; sinon Bulgakov aurait été dans la meilleure des chances un Soljenytsine, dans la pire une ombre dans les limbes des auteurs persécutés inconnus. A propos, déjà la simple idée que tout ce qu'écrit un auteur, même non publié, même détruit, demeure quelque part dans l'immortalité de l'au-delà, c'est quand même mignon