Alain Turgeon est un jeune ingénieur informaticien (ça arrive) québécois qui s'est installé à Lyon comme "jeune écrivain stagiaire du nouveau monde". De sa belle province natale, il a ramené un style unique. Exemple. "Ce jour-là, il a trouvé une pitoune qui est vraiment la plus grosse du monde et que donc elle vaut très cher à cause de cette raison". Vous avez déjà lu un truc comme ça, vous ? Tout Gode blesse est sur ce ton, celui d'un petit gars intelligent qui essaie de nous faire gober qu'il ne sait pas écrire. Quand il dit qu'il est paresseux, en revanche, on ne peut que le croire. On se demande même comment il a pu écrire un roman en entier. Mais ouf ! la quatrième de couverture nous rassure : il a mis trois ans pour pondre 155 pages en livre de poche !
Histoire: La vie d'Alain commence mal: sa mère attentait une fille, ce sera un garçon et son accouchement se déroulera mal, empéchant sa mère d'avoir d'autre enfant. A partir de là, Alain aura toujours l'impression que sa mère lui en veut et préfére son frère. Il n'aura pas le temps de connaitre son père, ce dernier se suicide en se pendant avec une corde à sauter alors qu'il est encore tout enfant. La mère en fera de même après avoir connu plusieurs aventures avec plusieurs hommes qui la battent. Ces deux événements marqueront Alain d'un double point de vue: d'une part, la seule famille qui lui reste, ce sera son pays et d'autre part, à chaque fois qu'un proche ne fera plus signe de vie, il aura toujours l'idée que c'est parcequ'il s'est suicidé.
Doué à l'école, il se lance dans des études pour devenir ingénieur. Malheureusement, l'argent manque et il est obligé de trouver des métiers pour les financer. Il entrera dans l'armée, se prostituera, servira de cobaye pour des études médicales...autant de situatiosnq ui lui permettront de faire des rencontres et "tirer son coup"
Critique: A mourir de rire. Difficile de parler de ce livre, le mieux c'est que vous le lisiez. L'humour est principalement dû à deux choses: d'une part, l'auteur est québecois et quoiqu'on en dise, le français que "parlent" nos cousins canadiens est drôlissime. Il est d'ailleurs difficile de reparler correctement le français made in france tout de suite après avoir lu son livre. Prévoir une période de réadaptation ;o).
D'autre part et surtout, c'est le style d'écriture d'Alain Turgeon qui fait la force de ce livre. Faussement naif, ce style autorise l'auteur à balancer quelques réflexions personnelles bien incisives. Tout le long du livre, le narrateur/héros du livre nous dit qu'il ne sait pas écrire, on a parfois l'impression de lire quelque chose écrit par un gamin de 10 ans tant c'est naif, parfois grossier.. mais c'est plein de vérité et de remarques amusantes. Ainsi, selon lui, si on donne une claque aux bébés dès qu'ils naissent "c'est pour y faire comprendre au plus vite ce qu'il l'attend toute une vie. Faut qu'il pige tout de suite que c'est fini le bon temps". Il aime aussi jouer avec les mots, les décomposer pour trouver leurs sens ("Se tuer, se prostituer, je comprends ce que le premier verbe vient faire dans l'autre" ). Et certaines chutes sont tordantes: par exemple, lorsqu'il sert de cobaye pour une étude médicale, il se fait rapidement éliminé parcequ'il devient violet à cause de ses alergies incompatibles avec le médicament tout comme l'autre cobaye qui lui continue l'étude parceque "comme il est un noir FM, ça se voit beaucoup moins".
Comme le laisse le présumer le titre, on y parle surtout de sexe. Toujours emprunt de naiveté, le narrateur nous raconte sa vie sexuelle, sa découverte de l'autre sexe ( "Le vagin vu d'en haut comme ça, pour moi c'était qu'un troisième dessous de bras") et ses expériences avec les filles sans passer par des détours. C'est parfois cru, les québecois ont plus de liberté pour parler sexe mais ça ne tombe jamais dans la vulgaire du fait du style très enfantin d'écriture de Turgeon.
Et pour finir, je ne résiste pas à l'envie de vous citer quelques phrases tirées du livre:
-"Ils peuvent pas être mécontent de ce que je fais, je fais rien"
-"Les soldats on les met toujours en rang parce qu'il faut sérieusement en aligner pour faire un Q.I. à deux chiffres."
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