Le roman se déroule en Algérie à l'époque où celle-ci est encore française. Meursault, le narrateur, un employé de bureau, va enterrer sa mère, sans larmes. Le lendemain en allant se baigner il rencontre Marie, une ancienne collègue, qui devient sa maîtresse. Puis Meursault devient l'ami de Raymond, son voisin de palier maquereau. Celui-ci l'invite à pique-niquer sur la plage, et tandis que les hommes se promènent, ils sont accostés par deux Arabes qui ont un compte à régler avec Raymond. Bagarre. Meursault regarde. Plus tard, retourné seul vers la source qui coule à une extrémité de la plage, Meursault y rencontre l'un des Arabes. L'Arabe – qui restera anonyme – sort un couteau et Mersault, qui a encore sur lui le revolver de Raymond, tire, tire encore, accablé par la chaleur et aveuglé par la lumière, la sueur et l'air brûlant.
«C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu, et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé.»
«J'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.»
Mersault est ensuite arrêté, jugé, et condamné à mort. Au cours du procès, on lui reprochera son absence d'émotion à la mort de sa mère et sa vie insouciante après le deuil. On comprend alors qu'il est condamné à mort pour ne pas s'être conformé aux normes de sa société.
«Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.»
Mersault, le personnage principal de
L'étranger, reste mystérieux : il ne se conforme pas aux normes de la morale sociale, et semble étranger au monde et à lui-même. Il se borne, dans une narration proche de celle du journal intime, à faire l'inventaire des évènements, de ses actes, ses envies et son ennui de manière froide et distante, sans les analyser. Il se contente de retracer son existence médiocre, limitée au déroulement mécanique de gestes quotidiens et à la quête instinctive de sensations élémentaires. Ses actes semblent être dictés par les éléments naturels extérieurs plutôt que par sa volonté propre. C'est ainsi que l'assassinat de l'Arabe ne répond pas à un instinct meurtrier mais trouve son mobile dans la chaleur suffocante, le soleil éblouissant et la lumière aveuglante. Pour Mersault les événements semblent s'enchaîner de manière purement hasardeuse en une sorte de fatalité. Il vit dans une sorte de torpeur, une étrange indifférence : au moment d'agir, il note d'ordinaire qu'on peut faire l'un ou l'autre et que
«ça lui est égal».
Dans la seconde partie du roman, Meursault est emprisonné et contemple sa mort en sursis. Il est alors obligé de réfléchir sur sa vie et son sens et est plus prolixe dans l'expression de ses sentiments et de sa révolte. On perçoit alors assez clairement la répugnance de Camus face à l'injustice et la peine de mort.
le cri du lézard
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