[Sincèrement vôtre, Chourik | Ludmila Oulitskaïa, Sophie Benech (Traducteur)]
Présentation de l'éditeur
" Chez lui, la pitié et le désir physique étaient logés au même endroit. " C'est ainsi que Ludmila Oulitskaïa décrit le ressort secret qui fait de son héros Chourik une sorte de saint laïque entièrement dévoué aux femmes. Après avoir grandi entre une grand-mère énergique qui lui a inculqué les bonnes manières autant que le goût des langues étrangères, et une mère fragile au tempérament artistique incertain, il apprend vite à sécher les larmes de toutes les femmes autour de lui. Leur solitude lui inspire de la compassion, et ce sentiment, invariablement et malgré lui, réveille ses mâles instincts... Chourik, qui est de surcroît un jeune homme d'une grande beauté, devient ainsi l'objet de toutes les convoitises, et doit déployer une activité sexuelle débordante pour consoler une impressionnante ronde de femmes : Mathilda, Léna, Valéria, Svetlana, parmi tant d'autres, attendent de lui réconfort, voire plus. Sauf Lilia, son amour de jeunesse, la seule femme qu'il n'a jamais eu à consoler, pendant quelques semaines d'un bonheur insouciant - mais Lilia a émigré en Israël. Avec un bonheur narratif éclatant, ce roman nous emmène sur les traces du parcours amoureux, ou plutôt sexuel, de ce don Juan à l'envers. Chourik est un antihéros profondément original, tragi-comique, une âme tendre et sensible qui rate sa vie par pitié pour les autres. Mais Ludmila Oulitskaïa parvient aussi à entraîner une nouvelle fois son lecteur dans une vaste fresque de la société russe, dont les très nombreux personnages secondaires illustrent toute la complexité.
Biographie de l'auteur
Ludmila Oulitskaïa est aujourd'hui un des auteurs russes les plus lus dans le monde. Sincèrement vôtre, Chourik est son septième livre traduit en français.
Mon commentaire :
Petit extrait :
Alia étudiante sérieuse, tente vainement d’obtenir à nouveau les faveurs de Chourik, le fils à maman, très courtisé par la gente féminine. Ce soir du trente et un décembre, où elle s’est encore invité chez lui, ils finissent de passer le réveillon ensemble. Après la vaisselle, elle attend, désir, espère, souhaite, rêve que Chourik s’intéresse à elle :
-Je t’accompagne jusqu’au métro, proposa Chourik. Il marche encore
Elle le regarda comme une enfant punie et dit avec désespoir :
-C’est tout ?
Chourik avait envie de se débarrasser d’elle au plus vite pour courir chez Guïa.
-Qu’est ce que tu veux d’autre ? Encore du Thé ?
Elle se réfugia alors dans un coin de la cuisine, derrière la porte…
Et elle fait une crise de nerf.
Une partie de ce livre de Ludmila Oulitskaïa, peut être résumé par ces quelques phrases. Chourik, élevé par sa mère et sa grand-mère dans un riche appartement à Moscou, poursuit ses études avec beaucoup de réussite. Sa première histoire d’amour Lilia, s’est terminée le jour ou la jeune fille suivit sa famille en Israël. Dans ses bagages, sa dulcinée emporta aussi ses espérances de réussite, ses besoins de liberté. Réintégré dans son cocon familial, Chourik est un jeune homme exemplaire, réservé, travailleur, poli et serviable, à tel point que pour sortir d’affaire une amie, Léna, enceinte d’un noir cubain, il lui propose jusqu’à se marier avec elle, lui évitant ainsi la répudiation-divorce d’avec sa famille.
Quel grand cœur ce Chourik ! Et le naïf gamin devenant adulte dès la mort de sa grand-mère Elisavéta Ivanovna, prend en charge le reste de sa famille, c’est à dire sa mère Véra.
Il est lisse, il est propre, il est transparent, il est le mâle, être tant convoité par toutes ses femmes jeunes, ou non, désireuses de le posséder, voire d’en profiter délicieusement.
Autre extrait pour cerner l’atmosphère :
Chourik s’est absenté trois jours de trop, de son travail de bibliothécaire et tête basse, il est convoqué dans le bureau de la directrice Valéria. Devant la beauté juvénile, cette dernière craque et lui offre un verre de cognac.
Ce n’était plus du verre qu’il s’agissait, elle était en train d’amorcer une manœuvre d’approche dans sa direction. Le canapé sur lequel elle était assise était une causeuse à deux places.
-Viens t’asseoir ici ! lui ordonna-t-elle en pensée. S’il te plait…
Il ne changea pas de place. Mais ce fut en cet instant précis qu’il comprit ce qu’on attendait de lui. Il comprit également qu’elle était embarrassée et lui demandait de l’aide. Elle était si belle, si féminine… et si adulte si intelligente ! Et ce qu’elle voulait était si peu de chose. Mais bien sûr ! Ce n’était même pas la peine d’en parler ! « Seigneur, songea Chourik en passant, comme elles sont à plaindre, toutes ces femmes… »
Elle avala encore une petite gorgée et se déplaça à l’extrême bord du canapé. Chourik vint s’asseoir auprès d’elle. Elle posa son verre et mit sa paume brûlante sur le dos de sa main à lui. Ensuite, tout fut très simple. Et assez ordinaire. La seule chose qui étonna Chourik, fut la température : elle était très élevée.
Tel le héros de ce roman, fade, insipide, sans relief, l’écrivaine relate un récit plat. Une grande qualité pourtant : Ludmila a l’art et la manière de rendre ses personnages attachant, les auscultant jusqu’au fond d’eux même pour en extraire le meilleur sans toutefois, et c’est regrettable, garder une quelconque part de mystère ou de petit jardin secret. Ses personnages sont transparents ; sitôt le livre fermé ils s’effacent et disparaissent à jamais de mon souvenir.
A lire ce genre de récit, préférez notre talentueuse romancière Gavalda, et si vous voulez retrouver l’ambiance russe, il vous faudra dénicher un autre écrivain.(bertrand-môgendre)
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