[Retour à la terre. T. 4, Le Déluge | Manu Larcenet, Jean-Yves Ferri]
Le Déluge, quatrième volume du Retour à la terre, est plutôt une bonne surprise à sauver des eaux. Le scénariste Jean-Yves Ferri se recentre sur les personnages principaux sans s'appesantir et sans lâcher le fil. Les gags s'enchaînent avec fluidité et finissent par se répondre efficacement d'un bout à l'autre de l'album. Le dessin léger et lisible de Manu Larcenet est au diapason des historiettes filées. Nulle lourdeur, nul ennui à la lecture ! Des sourires courent et des rires ponctuent certaines chutes. Le nouveau-né, Capucine, épuise ses parents, met leurs nerfs à vif, éveille leurs angoisses avec vraisemblance. Les Atlantes qui peuplent les rêves en apnée de Manu sont drôles, à leur insu. Pour Monsieur Henri, le proprio, Google est le bruit du cidre versé du tonneau dans sa bonbonne. La réapparition de Cristina Ignacio Tomata de Rosso, ancien amour de Manu, est traitée avec finesse et pertinence. Une petite déprime de la mi-saison avec une petite rechute suivie d'une petite déprime sur une petite rechute, ça arrive. Madame Mortemont prend l'avion avec Manu pour Paris. Du coup, elle abandonne son hiératisme et commence à exister pour le lecteur, notamment grâce à un tonitruant : "Me petcho pas les bürnjes". Les quiproquos n'en sont pas vraiment et font sens. Enfin, quelques remarques ont du poids. La page 38 entre Manu déprimé et l'ermite philosophe, noyée d'ombres et de nuit, vaut son pesant de citations : "Tout certitude sur soi-même est trompeuse... La vérité compte autant de facettes miroitantes que les étoiles dans le ciel... Le monde est tissé d'illusions... La rivière est-elle la rivière ou bien le reflet de la rivière ? Ce que j'entends là-bas... S'agit-il vraiment de grenouilles ?" et Manu répond : "Nickel ! J'ai les jetons maintenant..." (et aussi un ticket pour continuer son tour de manège sous mes yeux moins irrités qu'avant).
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