[Le dernier livre de la jungle. T. 3, Le Printemps | Stephen Desberg, Henri Reculé]
Bien que le dessin faiblisse sensiblement, s'esquisse presque jusqu'à estomper les visages et les corps (p. 16), Le Printemps, 3e volume du cycle Le Dernier livre de la jungle, prend un nouveau départ et délivre une émotion forte entre deux images : p. 40, le vieux Mowgli obtient la complicité du tout jeune Vijay par un échange de regard ; Bagheera, pudique, se glisse derrière Mowgli et feule, laconique : "Souviens-toi que Bagheera t'aimait". Mowgli a fini par quitter la jungle, abandonner Bagheera et Baloo, pour suivre la jeune et jolie Vedra. En ville, il fait l'apprentissage du mensonge, de la violence, de la trahison. Pour répondre à l'amour qui l'aveugle, pour faire taire la solitude qui le noue, Mowgli quitte : "la chaleur des hautes herbes, le reflet du crépuscule dans les eaux de la Waingunga et les millions d'étoiles au-dessus du rocher du conseil". Bien qu'analphabète, il sait parler aux femmes mais ne comprend rien à la malveillance des hommes. On entre donc de plain-pied dans la civilisation et les tigres sont encore plus nombreux et dangereux que dans la jungle.
Le scénariste Stephen Desberg va-t-il toujours pouvoir accorder tous les chants d'adieu (à la jeunesse, à l'amitié, à l'innocence, à la vie) au tempo lent de la mélancolie ? Le dessin de Henri Reculé s'oriente vers une caricature de manga elle-même sous l'influence de comics américains. Il y manque aussi certainement la patte subtile de Johann de Moor présent comme coloriste sur les deux premiers volumes. L'histoire tient debout mais les fissures courent, les failles s'insinuent et le lecteur est prêt à sombrer dans le gouffre de l'ennui.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre