[Tango. 6, Le fleuve aux trois frontières | Matz ; Philippe Xavier]
Le grand déversoir.
Les cataractes d’Iguazù, à la jonction de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay, drainent les touristes en masse et attirent tous les trafiquants, les truands et les tueurs des environs. Tango et Mario, extirpés de leurs occupations dilettantes, y viennent en aide à Mike, chassé méchamment de son île par un aigrefin au bras armé et aux dents longues, Augusto Hernandez, surnommé Fish car il glisse toujours entre les mailles des filets de la justice. L’île des Bahamas est convoitée car elle dispose d’un mouillage en eau profonde, propice pour recevoir une clientèle huppée dans un complexe balnéaire à bâtir. Fish travaille pour Guillermo Vargas, un puissant caïd cherchant à blanchir son argent sale dans un casino. Mike et ses quelques amis pêcheurs ne peuvent rivaliser face à des forces obscures infiltrées et soutenues par des potentats locaux, des affairistes ou des politiciens véreux. Pour Tango, la situation va encore se corser car la DEA veut mettre la main sur Vargas, commanditaire de l’exécution d’un de ses agents.
La série amène bien, avec le tome 6, à une fin de course pour Tango puisqu’il a la possibilité d’éponger ses dettes mais à quel prix ? Les mafieux mondialisés sont tellement hors-sol que leur satellisation les rend quasi intouchables et les autorisent à donner libre-cours à leur mépris des autres et à leurs bas-instincts. Leur mesquinerie à tirer sur la corde (de la bourse) pour ne pas payer les ouvriers travaillant d’arrache-pied à leur complexe hôtelier est écœurante mais elle paraît pourtant hyperréaliste. Avec de tels pourris sans foi ni loi, le monde a du souci à se faire. Leur stupidité arrogante s’étale éhontément et le lecteur espère qu’ils reçoivent la monnaie de leur pièce. Philippe Xavier réalise toujours un dessin de qualité. Les expressions des visages sont bien rendues, les cadrages sont efficaces et les paysages se déploient en majesté.
Tango donne des coups mais il en prend aussi. Les héros sont friables et la marche du monde ne leur laisse aucun répit. L’hydre du crime a de multiples têtes. La tâche est sans fin mais avec Tango, le plaisir de lecture est constant.
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