[Le droit chemin. Edition intégrale | Wilfrid Lupano ; Morgann Tanco]

Les quatre cents coups.
Coups de trique et coups fourrés émaillent le quotidien du lycée agricole de Mérandac, en 1929, durant l’Entre-deux-guerres où quatre jeunes lascars orphelins rêvent leur avenir loin des travaux agricoles qui leur sont assignés. Jules Valard est voleur, Marcel Duquesne romantise, Camille et Félix Blondiau, frères, se complètent et s’épaulent. Le quatuor d’ados cherche à passer les limites géographiques, sociales et affectives sans une once de subversivité délibérée ou de rébellion affichée. Marcel est amoureux de Jeanne Drumont, la fille du comte, belle et délurée, sensuelle et libre. Elle peint comme elle vit, avec fougue et passion. Marcel va braver les interdits pour tenter de la rejoindre. Dans ce tourbillon d’élans et de désirs, bien des pierres achoppent. Les parents de Jeanne cherchent à ensevelir un lourd secret familial. Monsieur Goulard, gueule cassée de la Grande Guerre, surveille l’internat, effraie les pensionnés avec son faciès monstrueux. Rebaptisé La Goule, il n’est pas sans zone d’ombre. Enfin, l’irruption de Violette Morris, championne sportive, homosexuelle assumée et féministe avérée apporte trouble et pagaille dans l’existence des protagonistes de Mérandac.
Wilfrid Lupano orchestre à nouveau une histoire prenante et surprenante, pétrie d’humanité que le rebond final amplifie encore. Aux aventures des personnages s’ajoute une peinture réussie de l’époque. Le dessin semi-réaliste de Morgann Tanco est parfaitement en phase avec l’histoire. Délié et aéré, son trait donne de l’allant et de la visibilité au récit. La mise en couleur de Lorian est lumineuse. Diptyque paru en 2011, l’intégrale de 2021 apporte un coup de projecteur bénéfique sur une œuvre attachante.

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