[Madeleine, Résistante. 1, La rose dégoupillée | Jean-David Morvan ; Dominique Bertail]
Une autre trempe.
De quel métal sont faits certaines personnes, indignées et résistantes, risquant leur vie pour une certaine idée de la justice avec en point de mire l’égalité et la fraternité ? Madeleine Riffaud a cette envergure. Inflexible, cela se lit dans son port de tête et dans son regard. Aujourd’hui âgée de 98 ans, elle reste superbe, droite et libre. Elle a eu la bonne idée de confier ses souvenirs au scénariste Jean-David Morvan. Le 1er volume d’une trilogie annoncée est une magnifique réussite. La bande dessinée est l’œuvre de Dominique Bertail, maître du trait et du lavis. Avec ses gammes de bleu épaulées par le blanc du papier, le récit se nimbe dans une atmosphère délicate et surannée quand le bleu ciel domine ; il devient oppressant quand le bleu nuit s’épand. Visuellement, c’est superbe et le parti-pris plastique du dessinateur apporte une dimension artistique. Madeleine est bien jeune encore qu’elle doit affronter l’adversité, les préjugés sociaux, l’humiliation, la tuberculose et d’autres avanies qui ne cicatriseront probablement jamais tout à fait. Parue initialement en trois cahiers, la bande dessinée est un vrai bonheur. Elle permet de redimensionner une mémoire intacte qu’il s’agit de sauvegarder. Au regard de ce premier volume, il n’y a pas à craindre la suite qui sera certainement de haute tenue.
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