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[La solution à 7 % | Nicholas Meyer]
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Posté: Dim 20 Mar 2022 11:15
MessageSujet du message: [La solution à 7 % | Nicholas Meyer]
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Dans la foulée d'une lecture sur le jeune Freud pratiquant l'hypnothérapie, et dans le contexte d'un approfondissement sur les drogues que je suis en train d'ébaucher depuis quelques mois, ce pastiche d'un policier de Conan Doyle par Nicholas Meyer tombait à propos. Il est notoire qu'Arthur Conan Doyle avait une connaissance précise des fumeries d'opium londoniennes de son époque et qu'il était lui-même consommateur de cocaïne, à l'instar de son héros, Sherlock Holmes, qui en fait un usage régulier exaspérant pour son compère le Dr. Watson, comme il apparaît dans plusieurs de leurs aventures. J'apprends de Cécile Guilbert (Écrits stupéfiants, p. 1196 et passim) que Doyle avait fait des études de médecine à Vienne dans les années 1880, et de la postface de remerciements de Meyer que plusieurs « Sherlockiens » avaient imaginé avant lui une possible rencontre entre Holmes et Sigmund Freud autour du thème de cette drogue qu'il a expérimentée lui aussi et sur laquelle il a laissé quelques pages étonnantes. La bibliographie sherlockienne se montant à des centaines de volumes, un auteur de bonne volonté a pu réaliser le récit d'une telle rencontre dans le respect de l'univers littéraire doylien. L'ayant campé à la fin avril 1891, il est cohérent également vis-à-vis de la biographie freudienne d'imaginer que le docteur viennois ait pu soigner le détective britannique de son addiction par l'hypnose. Et Meyer d'y ajouter une aventure d'esthétique cinématographique contemporaine, non dépourvue d'éléments qui font penser à James Bond : péril d'une guerre de grande ampleur, enlèvement d'une jeune femme, poursuite et cascade sur le toit d'un wagon etc.
Les personnages sont très bien caractérisés, de même que l'atmosphère viennoise (avec ses cafés et son antisémitisme) qui n'a pas beaucoup à envier au soin que Doyle a apporté à décrire celle des différents quartiers de Londres victorien. Je n'ai relevé que deux petites incohérences par rapport à Freud : au moment de l'histoire, il n'avait pas encore emménagé au 19 de la Berggasse et a fortiori le papier peint de son bureau ne pouvait pas y être décoloré au point de révéler l'ancienne présence sur les murs de diplômes ensuite retirés ; et la petite fille pour laquelle Holmes joua du violon ne pouvait pas être Anna, mais bien sa sœur aînée Mathilde, âgée alors de quatre ans.
Par contre, je suis conquis par l'hypothèse psychanalytique concernant la cocaïnomanie du détective, par la description de son sevrage, et surtout captivé par la thèse implicite que la dépendance au narcotique ait amplifié sa névrose obsessionnelle concernant le Pr. Moriarty, dont la trame romanesque laisse ouverte l'éventualité d'une profondeur caractérielle (dans la malfaisance) que ni Holmes (sous hypnose) ni même Freud ne saisissent entièrement :
« De toute évidence, le Pr Moriarty avait, dans cette affaire, joué un rôle plus important que celui que lui attribuait Holmes (ce qui expliquait que Mycroft Holmes eût prise sur lui), mais je savais que, dans l'ensemble, le Dr Freud avait raison. » (p. 241)...


Cit. :


« Un homme ne s'adonne pas aux stupéfiants sous prétexte que c'est la mode ou qu'il aime ça, déclara-t-il enfin en plissant les yeux pour me regarder à travers la fumée de son cigare. Souvenez-vous : je vous ai un jour demandé si vous saviez comment il en était venu à user de la cocaïne et, non content d'être incapable de me fournir une réponse, vous n'avez pas compris l'importance de ma question. Pourtant, dès le début, j'ai compris que quelque chose avait provoqué cette dangereuse manie. » (p. 240)

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