Cette plaquette se compose de deux textes : une conférence prononcée au TED en décembre 2012, dont le titre éponyme du livre est une traduction incroyablement trompeuse du titre anglais : « We SHOULD All be Feminist », et une nouvelle, « Les marieuses », qui date à l'origine de 2009.
La conférence m'a déçu, car je l'ai trouvée d'une platitude extrême, inférieure au niveau des allocutions TED qu'il m'arrive souvent de visionner sur Internet, scandant des banalités sur les discriminations de genre, sur l'évidence que les inégalités de genre sont provoquées par l'éducation différenciée, et les exemples de sexisme au Nigeria ne m'ont hélas guère paru emblématiques de l'Afrique.
En revanche j'ai beaucoup apprécié la nouvelle, qui, tout en étant, elle, emblématique de la littérature de migration – y compris dans son usage de la narration de première personne – gagne cependant en originalité, car le thème du mariage arrangé n'est pas souvent traité, surtout pas à destination des États-Unis. Les différences entre l'anglais nigérian et américain, en particulier, sont assez drôles, tout comme l'ouverture d'esprit relative de la néo-migrante et du vétéro-intégré ; de plus, l'image que nous nous faisons du modèle multiculturaliste (alias « communautariste », pour les Français enclins au dénigrement...) anglo-saxon s'avère pour le moins incorrecte.
Cit. (l'une relative à chaque texte, pour la première, elle renferme l'idée à mon sens la plus intéressante) :
"Mais ce que nous faisons de pire aux hommes - en les convainquant que la dureté est une obligation -, c'est de les laisser avec un ego fragile. Plus un homme se sent contraint d'être dur, plus son ego est faible.
Quant aux filles, nos torts envers elles sont encore plus graves, parce que nous les élevons de façon qu'elles ménagent l'ego fragile des hommes. Nous apprenons aux filles à se diminuer, à se sous-estimer." (p. 33)
"Dans le lit les draps étaient doux et je me suis roulée en boule, contractée comme le poing de l'oncle Ike quand il est en colère, en espérant qu'aucun devoir conjugal n'était attendu de moi. Quelques instants plus tard, je me suis détendue en entendant les ronflements cadencées de mon mari tout neuf. Cela commençait par un grondement de gorge grave pour finir sur une note aiguë, pareille à un sifflement obscène. On ne vous prévenait pas de ce genre de choses, quand on arrangeait votre mariage." (p. 55)
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre