De l’homo erectus à l’homo détritus.
Des grottes préhistoriques ornées aux sites d’enfouissement des déchets nucléaires, le sapiens défie le temps. Si l’art pariétal, 20 000 ans plus tard, reste hermétique aujourd’hui que représenteront pour l’humanité dans 100 000 ans les résidus radioactifs stockés en profondeur ? Comment leur faire comprendre la dangerosité du cadeau empoisonné ? Le déchet nucléaire est-il la trace ultime laissée à nos descendants ? Fort de ses interrogations basiques et métaphysiques, Etienne Davodeau prend son bâton de pèlerin et part sur les chemins balisés de randonnée afin de relier à pied le Lot à la Meuse, la grotte ornée de Pech Merle au site d’enfouissement de Bure. Chemin faisant, l’auteur convoque des spécialistes ralliés à la cause, agronome, physicien, préhistorien, etc. qui éclairent le propos. Le procédé est artificiel mais il permet de scander un parcours pédestre monotone. Les bulles débordent des cases durant quelques planches puis l’espace et le silence reprennent possession du reportage dessiné. Les vastes paysages aquarellés en camaïeu de gris prennent leur envol. L’entreprise d’Etienne Davodeau est alors remarquable : donner à voir et à ressentir la marche itinérante. Pour un lecteur non-adepte de la randonnée, l’ennui doit poindre. Même si on adhère à la cause défendue, on peut regretter la partialité d’un propos militant. Parfois l’auteur pontifie et devient grandiloquent. C’est dommageable et agaçant. Au bout du chemin, on apprécie toutefois le parcours de huit cents kilomètres effectué en 2019, la ténacité et le courage d’Etienne Davodeau, son abnégation aussi. « Le droit du sol » présente des similitudes, par le fond et la forme, avec « Payer la terre » (2020) de Joe Sacco, bédé documentaire exposant les conséquences de l’extraction minière dans les territoires du nord-ouest canadien.
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