L'on trouve encore à Paris les masques mortuaires de l'Inconnue de la Seine, qui a inspiré de nombreux illustres écrivains du passé. De la vitrine de nombreux libraires, j'apprends que Guillaume Musso s'est aussi récemment approprié ce personnage pour en faire un polar à succès. J'ai repensé donc à ce roman de Didier Blonde que j'avais désiré après la lecture, il y a 5 ans, de Leïlah Mahi 1932, une enquête sur la photo d'une défunte inconnue du Père-Lachaise.
Mais je suis un peu déçu de cette Inconnue de la Seine, peut-être parce qu'il s'agit cette fois d'un roman, peut-être parce que j'ai retrouvé, avec un trait grossi, donc moins fin, le même procédé que Blonde avait déjà utilisé. Ici, le personnage principal est Simon, un libraire dont l'acquisition d'un calque a poussé à entreprendre l'enquête sur l'identité de l'Inconnue. On comprend très vite qu'il compose dans son esprit une identification entre elle et Marie, une femme aimée qui est décédée. Au cours de ses recherches à la Bibliothèque Ntionale, Simon fait la rencontre de Hella B. une chercheuse qui prépare une thèse sans doute sur le thème littéraire des femmes disparues dans la Seine. Et soudain cette rencontre revêt davantage d'intérêt que l'enquête. Hella B., qui représente la détentrice du savoir, lui confie même le manuscrit de sa recherche que Simon ne lira pas, mais qu'il aura une envie criminelle de faire disparaître. L'auteur suggère à ce moment, par la voix de la chercheuse, que l'identité de l'Inconnue est sans importance, qu'il s'agit peut-être d'un canular. Je ne gâcherai pas davantage le plaisir des lecteurs futurs en révélant la chute du roman. Mais je regrette que, si telle devait être la fonction du personnage féminin, il n'ait pas été traité avec davantage de finesse : en particulier, des parallèles plus construits auraient pu/dû être établis entre l'Inconnue, Marie et Hella, que l'oracle sibyllin de cette dernière : « […] Personne ne voudra de vous avec cette morte au fond du cœur... Le jeu est trop inégal. Les morts ont toujours raison. Mais aimer une morte, c'est le contraire d'aimer. » (pp. 112-113).
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