Partant du célèbre "c'est la beauté qui sauvera le monde" (je ne suis pas sûre de la tournure emphatique) de Dostoïevski, Claire Pélissier-Folcolini décline neuf nouvelles où un personnage se voit sauvé, d'une façon ou d'une autre, de la plus évidente à la plus abstraite, par la vue, la réminiscence d'une œuvre d'art.
Les références à l'oeuvre d'art sont parfois nominatives (l'occasion pour moi de revoir "La Vie" de Chagall, qui m'avait tellement "écrasée" à la Fondation Maeght, que je n'étais plus sûre de bien saisir la nouvelle), elles restent parfois à deviner. Je n'ai hélas pas retrouvé les "airs de musique", à part la chanson de Bashung (mais je ne suis pas sûre que ce soit la cible de Claire Pélissier-Folcolini... Oui, l'autrice a construit certaines nouvelles comme des jeux de pistes où l'on a soudain une fulgurance (je suis sûre d'avoir "vu" soudain au détour d'une page une Vanité, mais impossible de retrouver la bonne) et c'est assez excitant de chercher... et parfois de trouver ! A cet égard, "Beautés", la nouvelle éponyme qui clôt le recueil est un vrai délice ! A noter, un hommage à Baudelaire et au métier d'enseignant, respectivement "Oxygène" et "Terres d'accueil" qui me sont allés au cœur, et qui m'ont donné envie de faire lire le premier à mes propres élèves.
Et, qualités que j'apprécie, de la plénitude stylistique jusqu'à la distance de l'humour qui est parfois risquée, dans "Trompe-l’œil", notamment.
La préface de Bernard Franco m'a détournée d'aller plus avant dans la lecture pendant quelques semaines : amphigourique et autres qualificatifs que je garde pour moi ; bien m'a pris de ne pas la finir avant de reprendre l'ouvrage car elle recélait un certain nombre de divulgâcheries dont je lui aurais voulu bien davantage : je conseille de la lire, comme beaucoup de préfaces, après coup.
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