[Lune comanche : Lonesome Dove : l’affrontement | Larry McMurtry]
La grande fresque de l’Ouest.
Gus et Call, rangers texans, sillonnent les vastes contrées habitées par les Comanches et les Apaches afin de sécuriser les abords du bourg d’Austin. Kicking Wolf, guerrier comanche, excelle à voler les chevaux et son art, quasi chamanique, lui permet de passer les limites quand il décide de subtiliser le cheval renommé du capitaine des rangers Inish Scull. Voulant inscrire son geste dans le mythe, le guerrier comanche souhaite offrir son larcin, au risque de sa vie, au redoutable et insaisissable Ahumado, incarnation du mal, tortionnaire affûté, logé avec des hommes assujettis dans les Yellow Cliffs, au nord du Mexique. Alors qu’Inish Scull décide de partir à pied jusqu’au repaire d’Ahumado accompagné du pisteur kickapoo Famous Shoes, il nomme Call et Gus capitaines et abandonne la troupe de rangers déboussolée en pleine mission. Buffalo Hump, chef comanche, veut entreprendre un raid guerrier d’Austin à la mer et frapper les esprits des colons en détruisant bourgades et ranchs sur une trajectoire de sang.
Il est quasi impossible de résumer la vaste composition de Larry McMurtry tant son ampleur déborde du cadre avec une fluidité et une vitalité exceptionnelles. En exposant des événements situés dans les années 1850-1860 et en imposant des ellipses sur une vingtaine d’années, l’histoire se construit par une succession d’aller-retour, passant d’un monde à l’autre, voyageant dans des contrées ouvertes et sauvages et dans la vie, de l’apogée au déclin. Dans un jeu d’esquives superbement orchestré, les principaux personnages se cherchent et ne se trouvent jamais vraiment. Dans leurs déplacements incessants, ils n’atteignent que rarement le but fixé ou par ricochet, accidentellement, presque à regret. En fait, ils épuisent leur formidable vitalité dans une région des confins sans limite. Les bisons disparaissent. Les Indiens s’éclipsent. La nature est mise en coupe réglée. Avec le retour des militaires sur la frontière, après la guerre de Sécession, Woodrow Call et Augustus McCrae ont peut-être nécessité de quitter Austin pour Lonesome Dove, lieu-dit à construire et base d’un nouveau départ.
Après avoir savouré en engloutissant les 800 pages du roman, il peut être difficile de s’immerger dans une autre œuvre tant l’intensité de l’action, l’incarnation des personnages, la compréhension des mentalités marquent l’esprit. Penser que « Lonesome Dove » puisse se hisser un cran au-dessus de « Lune comanche » laisse espérer une lecture enchantée.
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