Chabadaboum !
En couverture, deux jeunes mariés, posés sur un plat de nouilles telles des vigies, regardent ensemble dans la même direction. Monté sur un tel piédestal, le couple donne le ton et l’auteur le la. Les fadaises vont pleuvoir dans les soixante pages dessinées qui composent le recueil de planches. En six cases par page reprenant un dessin quasi identique qu’un dialogue aux petits oignons module, deux jeunes bcbg discutent et mine de rien, tordent les maux pour en faire goutter un mal-être ontologique. Il est difficile de ne pas rigoler, d’abord moderato puis les punchlines s’enfilant crescendo, de rire à gueule bec, avec la larme au groin. Il ne s’agit pas de fustiger le couple, dysfonctionnel par essence mais de lire derrière le déni, la coolitude, les postures, le quiproquo, l’incompréhension mutuelle, un malaise existentiel universel qui se dissipe mieux avec un nez de clown. Peut-être le sommet du recueil est-il atteint page 39 avec Sven et son épouse ?
Fabrice Caro était un auteur confidentiel, publié chez de petits éditeurs avant d’exploser le compteur des ventes avec plus de 120 000 exemplaires écoulés pour Zaï Zaï Zaï ZaÏ et d’apporter collatéralement un seconde souffle à l’éditeur montpelliérain 6 Pieds sous terre. Bien qu’étiqueté auteur de bandes dessinées, Fabcaro est avant tout un scénariste doué, l’illustration ne venant qu’en contrepoint. Tout un art de la fugue et de la dérobade !

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